La Grèce ou le tonneau des Danaïdes…
Relisez vos classiques sur la mythologie grecque. Appelez ce qui se passe aujourd’hui en Grèce le mythe de Sisyphe ou le tonneau des Danaïdes, comme il vous plaira, mais reconnaissez que ce pays de l’Iliade et de l’Odyssée nous donne des verges pour le battre.
Deux cent trente-neuf milliards en une nuit ! Rendez vous compte ! 139 octroyés par l’Euro-groupe et 100 milliards sous forme d’abandon de créances de la part des banques privées. C’est une prime donnée à la malhonnêteté, au laisser-aller économique et à l’incurie.
Ce matin encore, j’entendais les meilleurs commentateurs souligner que la seule solution viable était l’abandon de la Grèce, son départ de la zone Euro et sa divagation aux quatre vents.
Il n’y a pas d’Etat en Grèce, on ne sait pas ce que gagnent les différentes catégories de fonctionnaires, on peut acquérir des biens immobiliers en payant en liquide, etc… La liste serait longue, ce qui est dit ici est loin d’être exhaustif. Mais comment un homme aussi sérieux que M. Juncker a-t-il pu se laisser berner par les Grecs qui votent des plans d’austérité sans songer à les appliquer ? Qui maquillent les chiffres et se préparent à voter aux législatives pour des partis politiques qui nous diront, au lendemain des élections, qu’ils ne reconnaissent nullement les engagements souscrits par d’autres…
Le jeune ministre hollandais des finances a raison lorsqu’il préconise une présence permanente sur place à Athènes des contrôleurs : après tout, quand on octroie de telles sommes, on a le droit d’en vérifier l’affectation réelle… Or, la plupart des observateurs, et les plus sérieux, reconnaissent que ces sommes pharaoniques sont tout juste des rustines ou un emplâtre sur une jambe de bois.
Au fond, l’Europe est coupée en deux : ceux du nord sont sérieux et compétents, voire fiables, tandis que ceux du sud le sont beaucoup moins, et je m’exprime avec retenue. J’ai lu dans Le Figaro l’interview d’un ancien parlementaire européen chevronné qui reconnaissait qu’on n’aurait jamais dû admettre la Grèce dans la zone Euro.
Aujourd’hui, on en paye le prix. Et ce n’est toujours pas la dernière barre de l’addition. C’est bien le tonneau des Danaïdes : ces meurtrières de leurs maris, condamnés à verser éternellement de l’eau dans des barriques sans fond ou, si vous préférez Sisyphe, ce rocher qu’il traîne jusqu’au sommet et qui retombe en bas, exigeant qu’on le remonte.
Au fond, la Grèce d’hier est de retour aujourd’hui, sauf que celle d’aujourd’hui ne nous donne plus les joyaux de la culture mais les affres du surendettement.