HOMMAGE A TOUS LES JOURNALISTES TUES OU BLESSES EN SYRIE
La scène a retenu l’attention émue des télévisions du monde entier : le retour des deux journalistes français blessés dans la ville martyre de Homs, le photographe, resté valide mais refusant d’abandonner sa collègue journ aliste, blessée, mais aussi le rapatriement, hélas, des dépouilles de deux autres reporters ce matin même.
Les correspondants de guerre exercent un métier très dangereux et nous en avons la preuve en Syrie, une nouvelle fois. Si vous suivez les émissions en arabe des télévisions satellitaires, vous écouterez des messages qui rappellent, photographies à l’appui, le cas d’au moins six journalistes portés disparus en Irak et dont on est, depuis des années, sans nouvelles.
Mais ce qui s’est passé et se passe encore en Syrie est unique. Hier, dans l’émission de Thierry Ardisson, Salut les terriens, j’ai suivi l’interview de la compagne du journaliste tué à Homs.
D’après le récit de cette jeune femme très digne, mère de deux petits enfants, les autorités syyriennes auraient véritablement organisé un authentique guet-apens pour neutraliser les reporters. Je ne suis pas en mesure de vérifier les dires de la jeune femme, mais son récit glaçait le sang. Il semble bien que les tirs de mortier aient été ajustés afin de toucher le lieu où l’on avait conduit les reporters : au lieu d’aller dans la direction souhaitée, on les a conduits dans un sens opposé où ils assistèrent à des cènes faussement idylliques où des foules de gens riaient, parlaient, dansaient, s’embrassaient même, ce qui est fort étonnant et absolument inhabituel dans des villes arabes…
Le résultat fut, hélas, que la jeune femme allait rejoindre le corps de son compagnon mortellement touché par un obus.
Je soulignais dans un précédent article que le régime syrien ne partirait pas sans difficulté et je rappelais les actes du père et de l’oncle de l’actuel président. Hafez et Rifa’at El Assad ont ordonné et mené l’attaque de la ville de Hama il y a trente ans, attaque perpétrée après l’assassinat d’une centaine de jeunes cadets de l’armée syrienne par la section locale des Frères Musulmans… Mais même cela ne pouvait pas justifier un tel massacre : environ trente mille et d’horribles tortures imposées aux survivants.
Ne pas oublier le meurtre de l’ambassadeur de France au Liban, M. Delamare, assassiné à moins de cent mètres d’un barrage syrien… Ne pas oublier, non plus, l’attentat suicide contre les troupes occidentales stationnées jadis au Liban pour faire cesser la guerre civile. Attentat commis avec l’appui et le relais technique du Hezbollah. Et le meurtre de l’ancien Premier Ministre Rafic Hariri…
Voici un régime qui ne recule devant rien, ne respecte aucune règle inter nationale (cf. les attaques d’ambassades à Damas), bref un régime hors la loi…
Cela va sûrement hâter l’armement de l’opposition syrienne qui devrait s’unir et s’adosser à l’armée syrienne libre. Cela fera encore des victimes. Mais comment faire chuter ce régime ? Le Qatar a peut-être raison, il faut envoyer des troupes arabes. Ou faire manœuvrer des brigades blindées israélienne sur les hauteurs du Golan…
Nous n’oublierons pas celles et ceux qui ont fait don de leur vie pour informer le reste du monde des atrocités commises contre des populations civiles.