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AHMED BENBELLA ET LA FRANCE

AHMED BENBELLA ET LA FRANCE

 

Il est des hommes que la mort canonise en quelque sorte alors que leur vie, si riche en événements et en tribulations ne leur a pas permis de jouer concrètement le rôle auquel ils semblaient être destinés. C’est le cas d’Ahmed Benbella que les Algériens considèrent, aujourd’hui, après sa mort et après 50 ans d’indépendance, un peu comme le père du peuple algérien. C’est assez étrange car le fondateur du FLN et l’âme de la révolution algérienne n’a exercé le pouvoir que durant trois petites années et a passé plus de temps en prison et en exil qu’au pouvoir.

 

Tout simplement, la France n’oublie pas que c’est sous sa présidence, en fait eu égard à une vacance du pouvoir que tant de Français et de harkis furent massacrés sans merci, donnant libre cours à des vengeances sans nom. Certes, au cours de l’été de 1962, l’armée française s’est retirée dans ses casernes et l’ordre public était assuré, si l’on peut dire, par l’ALN, c’est à-dire par d’anciens maquisards qui n’avaient aucune idée de ce qu’est un régime démocratique. Ils laissèrent faire et parfois même se livrèrent à des exactions contre leurs ennemis d’hier.

 

Qu’aurait fait Benbella s’il avait su conservé le pouvoir et s’il avait préalablement réussi à neutraliser le boulonnant colonel Boumedienne, son ministre de la défense ? Nul ne le saura jamais car l’homme était imprévisible, prônant un socialisme et un tiers-mondisme qui n’existaient nulle part ailleurs que dans son imagination. Tout le monde se souvient de ces discours fleuves où l’improvisation était reine et où la logique et l’esprit de suite ne jouaient aucun rôle. Rappelez vous ce savoureux lapsus : hier, l’Algérie était au bord du gouffre mais demain nous ferons un grand en avant… Les observateurs s’étaient gaussés de l’impétueux président mais on comprend bien ce qu’il voulait dire : l’Algérie allait surmonter ce gouffre en se propulsant par dessus pour renouer avec le progrès et le développement.

 

Cet homme, considéré hier comme le véritable père de l’indépendance a tout de même eu de la chance ; mourir à plus de 95 ans, survivre à tous ses ennemis et ses détracteurs, et savourer sa victoire en jouissant d’une vieillesse heureuse. Au fond, à l’époque de sa chute, ses adversaires auraient bien pu le faire disparaître, ils ne l’ont pas fait. Jadis, il n’y avait ni téléphone portable ni tribunal pénal international.

 

La question que je me pose est la suivante : Benbella au pouvoir aurait-il pu mettre un terme à ce débat passionnel entre les deux pays, le sien et la France ? Aurait-il pu, lui qui parlait un arabe hésitant mais qui avait une bonne culture française, mettre l’Algérie sur la voie du progrès et tourner le dos, une fois pour toutes, au ressentiment et au passéisme.

 

On ne le saura jamais. Ou pour parler comme les Arabes : Allah sait (Allah ya’lem)

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