Que va devenir Nicolas Sarkozy ?
La question peut se poser. Le président qui n’a pas été reconduit dans ses fonctions avait prévenu : en cas de défaite, il quittera la vie politique. Mais au soir du second tour, lorsqu’il reconnut sa défaite, il fut plus évasif, évitant d’être trop catégorique, laissant planer un petit doute sur son avenir politique. Du coup, les commentateurs s’en sont servis pour élaborer des théories qui ne sont pas toutes fausses, loin de là…
Les hommes politiques ont besoin d’être au pouvoir comme nous, hommes normaux, avons besoin d’air pour respirer. Donc, Nicolas Sarkozy va probablement régler sa nouvelle vie, assez loin, mais jamais trop de la politique, et observer avec l’intelligence du grand fauve la scène. Si aucune personnalité ne s’imposer par son charisme et son intelligence politique, il se montrera et affichera sa disponibilité.
Mais il serait vraiment naïf d’imaginer que ses amis d’hier vont sagement attendre qu’il se remette en selle avant d’agir : connaissant un peu l’engeance politique il ne m’étonnerait guère de découvrir que certains fourbissent déjà leurs armes pour occuper les premières loges. En soi, c’est naturel, mais le modus operandi des hommes politiques m’a toujours semblé répugnant. Je demande pardon pour la dureté du terme. Car au fond, qu’est ce qui distingue l’univers des humains du monde animal ? C’est la civilisation, c’est la culture. Or, dans le monde politique, il n y a ni amitié ni pitié. Ne prévaut que la volonté de vaincre, laquelle présuppose une véritable mise à mort (spiritualiter, s’entend) du rival ou du concurrent…
Je prendrai deux cas d’une gravité variable : vous vous souvenez de Jean Tibéri, maire de Paris, dénoncé, vilipendé par les siens, accusé de tous les maux et voyant que son épouse était, elle aussi, la cible de ses adversaires. L’affaire avait été conduite par des amis politiques qui rêvaient de prendre sa place. Le résultat est connu, c’est Bertrand Delanoë qui a été élu.
Le second exemple est plus récent et n’a pas du tout la même gravité. Certains membres influents du PS ont tenté de remettre sur la table une vieille affaire autour de Jean-Marc Ayrault, une affaire qui remonte à très longtemps et qui n’a pas remis en cause la probité de l’homme…
Vous voyez, les hommes politiques entre eux n’hésitent pas à s’entredéchirer. Je voudrais conclure cet article par une note amusante où j’opposerai l’homme politique, de tout bord, prêt à tout, ne reculant devant rien, pour accéder au pouvoir, au philosophe, au penseur, dévoué à sa spéculation qui n’est ni boursière ni immobilière. C’est un éminent collègue arabisant d’Aix en Provence, le professeur Claude Gilliot qui a attiré mon attention sur cette citation que voici :
Abu Nasr al-Farabi,, grand philosophe du Xe siècle, appelé le second maître par les Arabes (le premier étant Aristote) a écrit ceci :
Deux bouteilles m’ont accompagné, ma vie durant. Et c’est grâce à elles que j’ai pu tenir. L’une, remplie d’encre et l’autre, de vin. Grâce à la première j’ai enseigné la sagesse et diffusé le savoir, et avec la seconde, de mon cœur, j’ai éloigné tous les chagrins de la vie…
Je pense vraiment qu’aussi bien l’entrant que le sortant devraient méditer cette perle de la sagesse.