Il ne fallait pas diffuser à la télévision les conversation de Mohammed Mera avec le Raid
Un violent débat secoue le monde audiovisuel français à la suite de la diffusion des paroles de l’assassin M. Méra. Les familles des victimes ont été, à juste titre, révulsées, par cet avantage post mortem donné à un assassin multirécidiviste (sept victimes), alors que les victimes ne pourront plus, à tout jamais, faire entendre leur voix. On comprend l’émoi, voire l’indignation de leurs familles.
Les journalistes, ou bien ceux qui se font passer pour tels, reprennent le vieil argument usé jusqu’à la corde du devoir d’informer. Mais en réalité, ce qui les motive ‘est autre que la recherche du scoop et de l’audimat en hausse. Que l’on me comprenne bien : je ne cherche pas à dévaloriser le métier de journaliste (que je ne suis pas mais que j’exerce indirectement ici même depuis des années), je veux simplement montrer que l’on ne saurait permettre à quelques personnes de décider de plonger tout un pays, voire le monde entier, dans la stupeur et la consternation.
Et je laisse de côté les délits qui accompagnent cette grave transgression. Ces enregistrements étaient sous scellés, les juges avaient promis que ce secret de l’instruction ne serait jamais violée et voilà qu’une grand chaine de télévision passe outre et diffuse une sorte de résumé qu’elle s’est elle-même arrogée de confectionner… Depuis quand des journalistes se transforment-ils en juges, en greffiers ou en maîtres de l’éthique ?
Ceux qui me lisent régulièrement savent bien que je n’ai pas l’indignation facile. Je voudrais simplement dire que l’information n’est pas un droit qui surclasserait tous les autres. En fait, cette abstraction ne veut rien dire. Ce n’est pas l’information qu’on voit circuler ou défiler sur les écrans de télévision, mais des hommes et des femmes qui se veulent des journalistes mais qui, pour certains, devraient se soumettre au jugement de la conscience.
Est ce à de simples journalistes de décider si les services spéciaux ont été bernés ? Est-ce à eux de régler le tempo de cette horrible affaire ? Non point. Mais ils ont gagné, sont parvenus à leur but puisqu’on parle tous d’eux. Difficile dans ces conditions de réagir comme il convient car on fait alors de la publicité à ce que l’on veut combattre…