Faut-il armer la résistance syrienne ?
C’est la question que l’Europe se pose depuis un certain temps déjà. Il y a de gros risques à agir et il y en a d’aussi gros à ne pas agir. Lors d’une discussion avec l’attaché militaire d’une importante légation européenne à Paris, le général en question m’a dit que même les insurgés syriens n’étaient pas tous des gens très fréquentables et que certains parmi ne feraient pas nécessairement la distinction entre les avions de combat et les avions de ligne commerciale… Il a même ajouté que dans certains cas, certains groupes d’insurgés, armés par le Qatar et l’Arabie Saoudite avaient vendu leurs équipements à l’armée de Bachar…
Le problème est le suivant : l’armée de Bachar ne recule devant rien, elle pilonne à l’artillerie lourdes des zones habitées, lorsqu’elle n’ose pas envoyer l’infanterie, elle recourt à l’aviation et quand elle ne peut pas faire autrement elle envoie de véritables scuds sur les populations. Résultat : on a dépassé les 70000 morts… L’Europe, et même les USA, ne peuvent rester les bras croisés face à une telle effusion de sang. La question de la fourniture d’armes plus ou moins sophistiquées se pose et on ne peut plus se dérober.
L’Europe dans son ensemble n’est pas unanime, notamment l’Allemagne qui hésite, instruite par ce qui se passe en Libye où règne le chaos et dans une moindre mesure par ce qui arrive en Tunisie où les islamistes ont pris le pouvoir avec les répercussions que l’on sait.
Peut-être devrait-on envisager une sorte d’intervention réduite mais déguisée, certaines forces épaulant les résistants syriens en maniant elles mêmes ces fameuses fournitures létales (comme on dit) afin qu’elles ne tombent pas en de mauvaises mains.
Le président François Hollande vient de dire à Bruxelles que faute d’un accord sur la question, la France, elle, ne se déroberait pas à ses responsabilités. C’est courageux mais risqué car le pays est déjà engagé au Mali où les forces africaines sont l’arlésienne et se retrouve bien seul face à une guérilla qui s’organise. Si de l’Afrique au Moyen Orient, la France s’enlise, ce n’est peut-être pas très bien. Il reste la Grande Bretagne qui est sur la même ligne que la France… C’est déjà ça.