Les otages français et le Niger : les dessous d’une libération étonnante…
Nous n’avions encore jamais vécu une joie de si courte durée ! On se demande vraiment s’il n’existe pas une sorte de malédiction pesant sur l’action du gouvernement actuel. Les Arabes diraient qu’il n’a pas la baraka, ce qui signifie la bénédiction divine qui accompagnerait les actes de l’homme et leur assureraient un certain succès…
Et en effet, les anciens otages viennent tout juste de passer leur première nuit de liberté dans leur pays que déjà la rumeur enfle sur les conditions réelles d’une telle libération. Mais le pire, c’est probablement le refus des otages de parler, voire tout simplement de faire bonne figure devant le chef de l’Etat. On a même appris qu’ils auraient poliment décliné une invitation à déjeuner au palais de l’Elysée..
Pourquoi une telle déconvenue, pourquoi une telle crise, pourquoi une telle suspicion ? Nul ne connaît vraiment les dessous de l’affaire, mais il y a au moins un détail sur lequel on saura gré au chef de l’Etat : cette fois ci, il est venu tout seul et il a bien fait.. Restent les circonstances de cette libération dont le service après vente, en quelque sorte, n’a pas été bien préparé.
Reprenons certains points parmi les plus curieux et que le pouvoir aurait dû mieux expliquer : il est inconcevable que des geôliers, des trafiquants, des bandits sans foi ni loi, libèrent soudain des otages détenus chez eux depuis plus de trois ans sans obtenir la moindre contrepartie, un peu comme s’ils avaient été touchés par la Grâce ou influencés par une opération du Saint-Esprit… Avec ces gens là il n y a pas de miracle. Partant, une contre partie a bien existé et le tout est de savoir laquelle..
Chacun a pris connaissance de l’article du journal Le Monde, et il semble que tous les cercles du pouvoir, je veux dire les milieux du renseignement, n’ont pas été d’accord avec la décision de laisser l’entourage du président nigérien négocier et verser une contre partie aux ravisseurs. Ces mêmes milieux s’interrogent sérieusement sur le désintéressement des parties engagées dans la négociation. De plus en plus, l’équipe nigériane et notamment son homme fort, tombent dans le creuset de la critique. Sans rien pouvoir prouver ni chercher à mettre en cause l’honnêteté d’un honnête courtier (pour reprendre l’expression de Bismarck : ehrlicher Makler) la décision de payer fut prise sous la pression de quelques intermédiaires qui eurent sûrement une part dans les actifs de la négociation. Mais il faut reconnaître que tout gouvernement démocratique doit naviguer adroitement entre différents écueils .
Mais on ne comprend pas bien comment une puissance comme la France disposant de redoutables moyens militaires n’ait pas tenté un coup de force et tirer les otages de leur lieu de détention. On s’interroge aussi beaucoup sur la personnalité et les motivations de l’homme qui, dans l’entourage du chef de l’Etat nigérien a joué un rôle clef dans la libération des otages.. Evidemment, il y a l’arrière-plan économique avec Areva qui est un peu la France comme General Motors était jadis les USA… Or, les Nigériens voulaient aussi, et depuis un certain temps déjà, renégocier les contrats portant sur l’exploitation de l’uranium sur place..
Comme le gouvernement a choisi de s’en tenir à une explication plutôt courte, la presse se déchaîne et ce matin, tous les journaux, je dis bien tous les journaux français, s’interrogent… Au lieu de se réjouir du retour des détenus… Ce n’est pas juste, même si chacun est ici dans son rôle..
Moi aussi je me demande ce qui se passe ! Alors qu’en d’autres temps, toute la nation aurait salué unanimement cet événement, les gens, depuis hier, demandent des comptes..
Je ne crois pas aux maléfices ni aux malédictions qu’une implacable hiérarchie de forces démoniaques auraient ourdi ou fulminé contre le pouvoir actuel qui traverse une incroyable zone de turbulence. Je le répète : il y encore peu d’années, une telle libération aurait fait bondir d’une dizaine de points la côte de popularité du chef de l’Etat, quel qu’il fût… Mais aujourd’hui…
Vous savez, dans la prière juive du matin, il y a des bénédictions ou des béatitudes qui servent de préliminaire à l’oraison principale et statutaire, et on y trouve notamment une qui s’énonce ainsi : Béni sois tu Eternel, notre Dieu, maître de l’univers, toi qui désentraves les entravés. C’est-à-dire qui libère les prisonniers.
Dans un tel charivari, où plus personne ne fait confiance à ni ne croit personne, une simple prière s’impose.