De la situation politique en France
Si l’on s’abstient de regrouper les différentes secousses qui agitent la situation politique en France, on n’obtient pas d’image reflétant la réalité. On se contente de signaler, de ci de là, des manifestations, des troubles, des vols à main armée, des lycéens en colère, un président qui semble absent, un gouvernement plutôt inexpérimenté et l’impression d’un vide général… Tous ces éléments disparates doivent s’emboîter les uns dans les autres. Et une fois l’assemblage achevé se dégagé alors une image plutôt inquiétante de la situation intérieure dans l’hexagone.
Comment analyse tout ceci de manière froide et objective sans le moindre parti pris ? Il y a d’abord la grave situation économique, le chômage qui grimpe de manière presque inexorable, les fermetures d’entreprise, les dépôts de bilan d’innombrables PME, le matraquage fiscal (puisque c’est le mot qui est retenu par tous les contribuables, de droite comme de gauche) et enfin un problème global de leadership.
Après son élection, le président François Hollande a cédé à la tentation de diriger le pays comme il avait dirigé le PS durant toute une décennie : pas de risque, pas de confrontation directe, beaucoup de souplesse, d’agilité, pas de tentative de résoudre les contradictions mais une politique de contournement, d’évitement, bref pas de choc. En fait une présidence tranquille, normale.
La spécificité de la France, la nature du peuple français et la vraie situation économique ont déjoué de tels plans. Le président est resté sur l’idée que les choses allaient s’améliorer et que les mesures prises finiraient par produire leurs fruits. Combien nous eussions aimé qu’il eût raison et que ses prévisions fussent avérées. Il semble que le président soit le seul à croire en une inversion de la courbe du chômage d’ici à la fin de l’année. Je ne vois vraiment pas, avec tout le respect dû au président de la République, comment ses prévisions pourraient s’avérer. Sauf miracle, la situation ne changera pas car des mesures sérieuses n’ont pas été prises. Certes, il faut aussi rendre compte de la situation du point de vue du pouvoir : la majorité actuelle avait le choix entre la réduction des dépenses sociales et la hausse des impôts. On ne peut exiger du président Hollande qu’il opte pour la première solution car ce serait se renier et trahir les espoirs de ceux qui l’ont élu…
Alors que faut-il faire ? Il serait présomptueux de prétendre donner des conseils à chef de l’Etat. Mais une chose est sûre : on ne pourra pas continuer comme cela. Plusieurs options s’offrent à lui, sauf une : laisser les choses en l’état car ce pays prend chaud rapidement et les bonnets rouges de notre chère Bretagne en donne un léger avant-goût. Personne ne le dit mais la situation dans la presqu’île est pratiquement pré insurrectionnelle : avez vous vu les portiques de l’écotaxe s’écrouler ? Avez vous vu les grilles de la sous préfecture de Morlaix enfoncées par un engin de terrassement ? Et plus calmement, avez vous écouté ces hommes et des femmes demander qu’on leur laisse leur gagne-pain ? Ce ne sont ni de dangereux gauchistes ni d’insupportables extrémistes… Alors, quoi ?
Le budget 2014 a, si je ne m’abuse, été voté et le volet recettes est encore plus lourd fiscalement que celui de 2013. Je rappelle que même Bruxelles a mis en garde le gouvernement contre l’ alourdissement des taxes qui va bloquer la reprise et la croissance..
Quelles solutions s’offrent au chef de l’Etat ?
a) Changer de gouvernement mais un changement qui ne soit pas cosmétique. Avoir un gouvernement plus soudé, écarter les écologistes qui n’apportent rien d’essenyiel et rendre au Premier Ministre, quel qu’il soit, une autorité véritable.
b) Changer de politique et évoluer doucement vers le centre droit et non plus le centre gauche afin de ne pas faire fuir les chefs d’entreprise, artisans et créateurs de la richesse nationale.
c) Dissoudre l’assemblée au motif que la majorité parlementaire ne correspond plus à la majorité sociologique…
Cette dernière solution est à exclure car le PS sait bien que si les élections législatives se tenaient demain, le FN et l’UMP seraient en tête. Or François Hollande ne peut pas vouloir d’une cohabitation . Et même s’il y était contraint, les députés socialistes ne le suivraient pas.
Dans un précédent papier de la TDG, je parlais de la baraka ou de son absence. Aujourd’hui, hélas, on en ressent cruellement l’absence.