L’avenir de toute une nation tient il à sa victoire lors d’un match de Football ?
C’est la question que nous sommes en droit de nous poser quand nous constatons que depuis 48 heures tous les problèmes de la France – et ils sont légion- sont mis de côté ou en veilleuse, pour se concentrer sur le sort de quelques joueurs de football, grassement payés et pourtant incapables de ramener une victoire à la maison…. Comment en sommes nous arrivés là ? Il faudrait faire une étude de sociologie dont je suis incapable, il faudrait voir comment le football et le rugby ont progressivement pris la place de tant d’autres choses dans notre vie, puisque la majorité de la population y a trouvé une évasion du réel, une bouffée d’air frais dans une ambiance entièrement viciée.. En d’autres termes, les frustrations de tous ordres sont devenues si grandes que tout est fait pour susciter des paradis artificiels, faire oublier la triste et maussade réalité de la vie quotidienne, renvoyer toujours à demain les problèmes qui se posent aujourd’hui…
Mais il faut être équitable : imaginez les maux qui s’abattent sur l’homme moyen du pays : chômage, matraquage fiscal, désespérance sociale, délectation morose, insécurité, baisse du pouvoir d’achat, difficulté pour se loger, immigration et délinquance, et tant d’autres choses plus spécifiquement individuelles : des pans entiers de l’économie s’effondrent chaque jour, j’éi été stupéfait d’apprendre récemment sur Canal +, dont Harlem Désir qui en était l’invité, n’a pas soufflé mot, que chaque jour que Dieu fait plus de 100 petites et moyennes entreprises ferment : cela peut aller de la petite boulangerie, du petit commerce à la Redoute à Roubaix ou à Doux, le célèbre volailler… Comment s’étonner alors que les gens détournent leur regard d’une actualité aussi attristante pour rêver, s’évader, un peu comme si l’on prenait des hallucinogènes, des drogues dures pour se réfugier dans des paradis artificiels…
Les media ont bien compris qu’ils avaient un rôle à jouer, une place à tenir, du coup on ne parle plus que des bleus et du match contre l’Ukraine dont vous connaissez le triste résultat. Cela ne va arranger nos affaires, d’autant que la revanche se jouera la semaine prochaine et sans imiter les Cassandre, il faut bien savoir que le défi est impossible à relever… La France dans son ensemble sera donc suspendue aux bouts des chaussures d’une équipe de footballeurs.
Cette attitude fait aussi le jeu de tous les gouvernements qui savant qu’on peut tout retirer au peuple, à boire et à manger, le travail et tout le reste, sauf l’occasion et la possibilité de se distraire, de penser à autre chose. En outre, cela occupe les plumes des journalistes qui ne parleront ni de chômage, ni de fermeture d’usine ni même de manifestations en Bretagne ou ailleurs…
Tout ceci n’aurait pas grande importance si le réveil ne risquait pas d’être terrifiant : les fêtes de fin d’année arrivent et avec elles ce cortège d’achats frénétiques, de départ pour des destinations plus ou moins lointaines, mais qu’il faudra bien financer d’une manière ou d’une autre. Comment ? En s’endettant toujours un peu plus !
Face à ce danger, la machine gouvernementale semble grippée, on a l’impression que tout est en roue libre, le pouvoir se tait et quand il se décide à parler il parte d’autre chose ou devient inaudible.
Je sais qu’on est au cœur du mois de novembre, le mois le plus triste de l’année… Mais tout de même il faut se ressaisir car si l’on attend trop, on pourra plus rien faire. Le pouvoir doit donner une impulsion nouvelle et puissante afin que le pays reparte : la qualité la plus éminente du politique, c’est de reconnaître qu’on s’est trompé. Et de changer de trajectoire.
Le pouvoir actuel n’est pas responsable de la situation actuelle. Mais son devoir est pourtant de la redresser. C’est pour cela qu’il a été élu.