Le cas Dieudonné et Pierre Joxe
Certains d’entre vous, à Genève comme en Israël, se sont étonnés de mon silence concernant l’affaire Dieudonné. J’ai eu la chance d’écouter ce matin un homme que je connais et admire beaucoup, Pierre Joxe, qui était interrogé sur I-Télé. J’ai trouvé son intervention remarquable. Cet homme a été ministre de l’intérieur sous François Mitterrand et maintenant il est devenu avocat pour défendre une clientèle spécifique, celle de mineurs, français ou étrangers : un long article du Monde lui avait été consacré il y a quelques années. Il y rappelait ses origines judéo-protestantes dont il est fier et expliquait qu’ajoutées à ses convictions républicaines, elles lui commandaient de faire ce qu’il fait.
Concernant l’humoriste en question, il trouve que le personnage est absolument inintéressant et qu’on lui a donné une surface médiatique qu’il ne méritait point. Je pense comme lui mais il a eu la sagesse d’ajouter que l’on ne pouvait pas en rester là et qu’il fallait agir. Il a raison. Il a aussi expliqué que cette affaire est devenue un sujet gouvernemental puisque le président de la République et le premier ministre se sont manifestés publiquement sur ce point.
Alors que faire ? Les amis de ce personnage si controversé arguent de la liberté d’opinion et de l’autonomie des artistes et des humoristes qui ont le droit de dire tout ce qu’ils veulent. Soit, mais pas en se moquant des victimes de la Shoah.
Par ailleurs, les préfets vont prendre dès cette semaine des arrêtés d’interdiction de ces spectacles en raison de troubles à l’ordre public. Il est regrettable qu’en 2014 on soit encore confronté à ce genre de choses.
Mais je pense, pour ma part, que les choses seraient mortes de leur propre venin si l’on avait évité cette boursouflure médiatique d’un spectacle et d’un individu qui n’en valaient vraiment pas la peine.