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Le scepticisme grandit après la conférence de presse du président français..

Le scepticisme grandit après la conférence de presse de François Hollande Bien que seul un tiers des Français jugent positivement la conférence de presse de leur président, celui-ci a au moins marqué un point : il a largement perturbé l’opposition de la droite républicaine qui part au combat en ordre dispersé : certains se disent prêts à soutenir les efforts du président Hollande, d’autres entendent le juger sur ses actes, et d’autres enfin relèvent qu’il s’oriente enfin vers la bonne direction. Que peut-on dire, en gros, sans prendre de position partisane marquée ? Deux choses : a) d’abord que le président a reconnu publiquement le rôle indispensable des entreprises dans la vie économique du pays et son apport crucial dans un éventuel redressement. Notamment lorsqu’il a parlé de l’offre qui doit précéder la redistribution, ce qui est un schéma préconisé par Dominique Strauss-Kahn b) ensuite la nécessaire réforme de l’Etat et la compression des dépenses publiques. Et même s’il a affirmé vouloir préserver le modèle social français, il a reconnu entre les lignes que de nombreuses prestations, devenues insoutenables, allaient progressivement disparaitre. Ce qui signifie, en clair, que la fiscalité a atteint des sommets et qu’elle apparaît déjà comme une mesure confiscatoire aux yeux des citoyens. Ces deux principes sont vertueux mais depuis hier leur mise en pratique apparaît très aléatoire. Il y a d’abord le financement des allègements de charges consentis aux entreprises, à charge pour ces dernières d’embaucher le maximum de chômeurs. Le président a enfin admis que ce n’est pas à l’Etat de se substituer aux forces vives de l’économie nationale ou mondiale. Les entreprises doivent jouer leur rôle, mais voilà il y a la tradition colbertiste du pays et la main mise de l’Etat sur l’économie et les rapports sociaux : chaque fois qu’un conflit social éclate, et l’on comprend la légitime colère des salariés, ces derniers bloquent les routes, retiennent les cadres en otage ou occupent leur usine. Et immédiatement après ils en appellent à l’Etat qui se voit contraint de s’occuper de sujets qui, en principe, ne le concernent pas. C’est la ligne de démarcation entre le social-démocrate (dont la matrice est bien l’Allemagne de Bismarck et de Guillaume II) et le social-libéral qui réduit, autant que faire se peut, le rôle de l’Etat. On se souvient encore de la cuisante remarque de Lionel Jospin qui eut le malheur de dire aux gens de se prendre en main ; eh bien, avant le coucher du soleil il dut revenir sur ses propos tant l’indignation était grande dans son propre camp. Or, c’est là le point nodal du problème : le président Hollande a, assez habilement, il faut le reconnaître, affirmé qu’il comblerait ou compenserait la disparition des rentrées fiscales consenties aux entreprises par des économies réalisées sur les dépenses de l’Etat : réduire le mille-feuille administratif dans les régions, les départements et les communes, concentrer et mutualiser les échelons administratifs ( ce qui était déjà dans le rapport de la commission Attali), bref faire ensemble ce que tant d’autres font séparément. L’idée est brillante, géniale même, mais quelque peu aléatoire car tous les gouvernements s’y sont risqués sans succès. Un exemple criant, qui saute aux yeux : il y a trop de députés, trop de régions, en gros, trop d’élus. Mais voilà, aucune assemblée, aucun groupe ne voudra se faire hara-kiri, réduire le nombre de ses membres, alors qu’il faudrait le faire. Il suffisait, ce matin même, de regarder la revue de presse des quotidiens régionaux pour s’en convaincre. Il y a enfin cette batterie de comités ou d’observatoires que le président appelle de ses vœux qui vont venir se surajouter à ce qui existe déjà. Et je n’évoque même pas le divorce entre les Français et leurs élites dont les citoyens pensent (à tort ou à raison ?) qu’ils ne vivent pas sur la même planète.. Tout en souhaitant, pour la France, que le président Hollande rallie à sa cause la majorité des Français, on ne peut méconnaître le caractère risqué de son pari. C’est particulièrement vrai ce matin, un peu comme si il a fallu attendre que les choses se décantent et que les commentateurs puissent enfin affiner leurs analyses, pour y voir clair. Le seul pari gagné, je me répète, c’est la division de l’opposition qui, une fois le calme revenu, ne tardera pas à reconstituer son unité. C’est habile, c’est astucieux, c’est un exercice réussi, mais est-ce ainsi que l’on doit diriger un grand pays comme la France ? J’ai lu dans Le Monde daté du 9 janvier que le secrétaire général adjoint de l’Elysée, M. Emmanuel Macron, avait déployé de gros efforts pour rallier le chef de l’Etat à ses thèses. Si c’est le cas, c’est bien. Il faut l’en féliciter. Mais un immense chantier attend le chef de l’Etat s’il tente vraiment de réformer cet ingouvernable mille feuille qu’est devenue la France : il faudra réduire de manière drastique les dépenses sociales et reconsidérer largement le modèle social français… Et c’est une mesure urgente qui n’attendra pas 2017, une année dont les observateurs ont relevé qu’elle était souvent évoquée par le discours dans son propos liminaire. Et que fait-on en 2014, 2015 et 2016 ? Le pays attendra – t-il ?

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