Cela évoque tant de choses! Célébrer la sortie d'Egypte en Israël, on se trouve à la fois tout près de départ et aussi déjà au point d'arrivée. C'est assez magique. Pas facile à exprimer dans tomber dans le pathos ni des considérations confinant à la piété naïve.
Est ce que les Israéliens moyens ont la mêmeconscience que les juifs vivant depuis des lustres en diaspora? Ce n'est pas certain. Pour les gens de l'extérieur, célébrer Pessah est encore nimbé de merveilleux et miraculeux.
Pour les Israéliens, cette manière de faire le récit de la sortie d'Egypte ferait plutôt sourire. Tout le monde la fine ironie de cette bonne histoire où des parents modernes demandent à leur fils de leur raconter ce que leur maître d'école dit au sujet de Pessah. Le jeune écolier se lance dans une description stupéfiante: le colonel pharaon persécute les juifs d'Egypte qui en appellent à Tsahal lequel mène une opération aéroportée et rapatrie les juifsen terre d'Israël... Les parents se reardent, supéfaits... Ils demandent: c'est vraiment ce qu'il a dit? Non, répond l'écolier, mais si je vous racontais ce qu'il a vraiment dit, vous n'en croiriez pas un seul mot
Tout est dit:la haggada fait dans le merveilleux, le mythe. Mais c'est un mythe fondateur et nous y tenons de toutes fibres de notre être juif. Après tout, ce n'est pas moins bien que Romulus et Rémus, ou la fondation de la ville d'Oran ou d'autres récits qui défient la raison.
La haggada est le premier midrash du livre de l'Exode. Il faut la prendre comme telle. Ce qui va nous manquer en Israël, c'est le second soir où la famille, puisant dans ses souvenirs ancestraux, récite la haggada en judéo-arabe.
Ce sont hélas des traditions qui se perdent, la jeune génération ne sait pas l'arabe et ne veut pas l'apprendre. C'est bien dommage.