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Les élection européennes en France, l'impasse

Les élections européennes en France : l’impasse…

Ce matin, aux premières lueurs de l’aube, la France se réveille sans y croire vraiment, elle a vécu hier soir un tsunami politique. Il était prévisible, il était attendu, mais une certaine incurie politique a tout fait pour endormir l’opinion au lieu de l’alerter sur l’imminence du danger. Avant d’aller plus loin, précisons certaines choses : il n’est pas question d’incriminer les électeurs qui ont exprimé librement leurs opinions, classant le parti actuellement au pouvoir aux marges extérieures de la vie politique : un parti qui a à l’assemblée nationale un peu moins de 300 députés mais qui ne pèse plus guère que 13,80 % dans la dernière élection en date. Peut on continuer ainsi ? Certes, non. Il faut réagir rapidement.

Mais revenons aux leçons de l’élection d’hier : ceux qui taxent le Front National de parti fasciste, extrémiste, xénophobe et autres délicatesses se trompent et sont en retard dans l’évolution de la société française. Il ne faut plus cultiver le leurre de soi-même : les gens qui ont ainsi voté viennent de tous les milieux, ils ont tous les âges, même la jeunesse a voté pour Marine Le Pen, même les ouvriers et les employés, jusques y compris le corps enseignant qui a les yeux fixés sur sa feuille d’impôts, sa fiche de paie et son pouvoir d’achat. Imaginez toutes ces familles françaises qui ne se sentent plus chez elles en France (61%), dont les fils et les filles cherchent désespérément un premier emploi, voire un simple stage, qui n’arrivent pas à se loger, qui s’expatrient, etc… Peut on traiter ces gens de fascistes, d’extrémistes ? Hélas, non ! D’ailleurs, même les personnalités officielles qui ont pris la parole hier soir ne l’ont pas fait. De vrai, la politique menée depuis 2 ans ne convient pas, tandis que le coup de barre du 14 janvier tarde à donner des résultats. Or, les gens ne croient plus, n’écoutent plus et doutent de tout.

On ne peut plus expliquer le succès du FN en arguant qu’il trompe les électeurs, on pourrait vous rétorquer que la droite et la gauche en font autant. On ne peut plus dire que le FN est xénophobe, cela signifierait qu’un Français sur quatre l’est aussi.. Alors que faire ? Le président actuel n’a pas été suffisamment à l’écoute de son peuple. Il a perdu un temps précieux. Il a nommé un nouveau Premier Ministre qui commence, lui aussi, malgré son allant et son énergie, à être atteint par la même impopularité. Certes, on promet de faire sortir de l’impôt, près de deux millions de gens, c’est bien, c’est une bonne mesure, mais les Français ont du mal à y croire, tant on leur a menti.

En fait, c’est un changement d’époque. Je relève que trois thèmes ont guidé les Français dans leur choix hier soir : l’immigration, l’insécurité, et le pouvoir d’achat (le chômage, les impôts, les retraites). Or, ces trois thèmes ont été l’épine dorsale de l’argumentaire du Front National. Il est indéniable que Marine Le Pen a entièrement rénové le parti fondé par son père il y a plus de 40 ans. Elle réalise, que cela plais ou non, un score très honorable dans sa circonscription. Quant à son père il en fait tout autant dans un lieu qu’il laboure et sillonne depuis des décennies…… Alors, qui a raison, et qui a tort ?

Aurions nous pu éviter ce désastre pour les partis traditionnels ? J’avoue que cela me paraît très difficile tant les politiques ont pris l’habitude ne pas répondre aux questions posées. Est il raisonnable de ne rien faire lorsqu’une majorité de Français ne veut plus d’immigration, notamment non européenne ? Est il raisonnable que les rues des grandes villes européennes soient envahies de mendiants professionnels venus d’un même pays de l’est ? Est il raisonnable de poursuivre un matraquage fiscal qui étouffe la consommation et conduit au désespoir ? Est il raisonnable  d’ignorer à ce point les demandes des gens ?

Ce qui est frappant et n’a pas manqué d’être relevé à juste titre, ce n’est que ce n’est pas l’opposition qui profite du cinglant désaveu infligé au pouvoir en place, mais bien le FN ; or, les Français sont un vieux peuple paysan, travailleur et sage et il faudra bien plus qu’un demi quinquennat pour les convaincre ou les regagner à sa cause. A cela s’ajoutent les risques d’implosion du PS dont certains députés n’hésitent plus à brocarder le président de la République. Certains ont même dit que François Hollande était out (verbatim) et qu’il était désormais le vrai problème (je ne fais que citer).

On est dans une impasse. Pour en sortir, il faudrait renverser l’assiette sur son bord . Aura t on le courage de la faire ?

La seule solution qui reste est la dissolution, comme le clament les adhérents du FN. Je ne parle pas de départ de François Hollande car cela provoquerait une crise institutionnelle. Je suis contre et cela n’arrangerait pas les choses. Mais si le président usait de la prérogative de la dissolution, ce seront 500 députés de droite qui iraient à l’assemblée nationale…

Au plan européen, le président n’aura pas plus d’échappatoire. Il ne pourra pas faire pression sur Angela Merkel qui sort renforcée de cette consultation  avec près de 36,5% de suffrages. Et la SPD, qui gère le pays avec elle, a dépassé les 27% : on ne peut donc pas demander au voisin allemand d’infléchir sa politique, d’oublier les 3%, le redressement des comptes publics, etc…

Il y a quelques années, les responsables français avaient tenté de jouer sur le chiffre 3%, disant que ce pouvait être 3,5, 3, 75 ou autre…… L’homologue allemand avait sèchement rétorqué : Drei Komma, Null N

ull : trois pour cent c’est trois, virgule zéro, zéro..

Cela veut tout dire.

Le FN est désormais bien installé dans la vie politique française. Je ne dirai pas qu’il est le premier parti de France, mais le premier parti de France pour le parlement de Strasbourg et de Bruxelles. Ce n’est pas exactement la même, mais c’est largement significatif.

On peut tout faire contre un peuple, sauf le dissoudre quand il vote contre vous…

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