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Israël, à la croisée des chemins?

Israël, à la croisée des chemins ?

Les situations les plus inattendues et les plus perplexes se nouent au moment où l’on s’y attend le moins. C’est le cas aujourd’hui en Israël. Mais je ne résiste pas à la tentation de produire une citation tirée du Faust de Goethe. A un moment précis, Faust s’écrie : Ainsi toutes les énigmes se dénouent enfin ! A quoi Méphisto répond avec la diablerie qui le caractérise tant : Certes, oui, mais tant d’autres se nouent…

Je ne sous entends nullement que le gouvernement de Benjamin Netanyahou est dépassé par les événements mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne les maîtrise plus vraiment.

Reprenons les choses depuis le début : il y a aujourd’hui trois semaines, trois adolescents israéliens furent kidnappés par des membres du Hamas qui les exécutèrent peu après l’enlèvement dans les environs de Hébron. L’armée israélienne lança une vaste entreprise de ratissage qui ne put que découvrir trois corps inanimés alors que les assassins courent toujours. Tout le pays se plaça derrières les familles des trois victimes juives. Peu de temps après leur enterrement, des extrémistes juifs, on le sait depuis avant-hier, kidnappèrent un jeune arabe israélien de dix-sept ans qu’ils immolèrent par le feu, signant le crime le plus abominable qui ait jamais été commis dans pays… La communauté arabe d’Israël, l’Autorité palestinienne ainsi que l’opinion publique internationale ont exprimé leur juste indignation. Et aujourd’hui, tout en condamnant ce crime odieux, le Premier Ministre donne l’impression de courir après les autres puisque c’est seulement hier qu’il a enfin officiellement adressé ses condoléances à la famille de la victime.

Je n’entrerai pas, comme d’autres, dans une macabre comptabilité, opposant trois victimes juives à une victime arabe ; je n’établirai pas non plus de rapport de cause à effet. Les tortionnaires de cet Israélien de religion musulmane ont commis un crime abominable qui déshonore la cause qu’ils prétendent défendre. En hébreu aussi on dit que la fin ne justifie pas les moyens.

Le résultat concret de cet acte barbare et abject est qu’on parle plus de la victime palestinienne alors que plus personne n’évoque publiquement le triple meurtre de ces adolescents juifs, commis de sang froid, avec pour seul objectif cette culture de mort qui caractérise tant les terroristes.

Dans la foulée de ces événements, notamment l’arrestation de nombreux militants du Hamas en Cisjordanie, le Hamas de Gaza et les multiples  groupuscules terroristes sur lesquels il prétend n’exercer aucun contrôle, saisissent la balle au bond, si j’ose dire, et tirent de nombreux missiles contre le sud d’Israël. D’une manière assez incompréhensible et contrairement à ses habitudes et à sa nature même, le Premier Ministre actuel d’Israël temporise, charge les services égyptiens d’une tentative de médiation avec le Hamas dans le but évident d’éviter une confrontation armée de grande ampleur. Apparemment, les pourparlers secrets ont échoué et le Hamas qui semble être en chute libre sur place, joue son va tout de crainte d’être débordé par plus extrémiste que lui…

Benjamin Netanyahou n’est pas un poltron, il a fait partie des unités d’élite de l’armée et son propre frère avait commandé l’attaque d’Entebbe au cours de laquelle il mourut en héros. Alors pourquoi cette retenue alors que des ministres de son gouvernement rêvent d’en finir avec l’enclave terroriste de Gaza ? Même Avigdor Liebermann, son allié de toujours, a tenu à dénoncer son alliance avec le likoud, le parti du Premier Ministre… Ou bien n’est ce qu’une posture ? Il est vrai que le ministre des affaires étrangères est connu pour ses positions extrêmes : il n’est pas loin de penser que Tsahal tarde à mettre de l’ordre à Gaza en neutralisant l’appareil politico-militaire du Hamas sur place. Et aujourd’hui, le situation est favorable grâce aux bouleversements  intervenus en Egypte…

Eh bien, même ainsi, le Premier Ministre s’est contenté d’envoyer l’armée de l’air au lieu de lancer une vaste offensive des trois armes contre Gaza. Comment s’explique donc son attitude ? Les USA qui se détournent du Proche Orient depuis qu’Obama est là, n’ont pas exercé de pression. Il ne semble pas que le maréchal-président égyptien ait une quelconque volonté de sauver le Hamas, allié de ses ennemis jurés, les Frères musulmans ……

Reste une seule hypothèse : la crainte que le Hamas ne restaure son autorité en appelant à l’union nationale autour de lui, en cas d’attaque majeure israélienne. Netanyahou aurait donc opté pour la politique des petits pas, permettant à Mahmoud Abbas de se préparer à cueillir Gaza comme un fruit mûr… Je ne vois pas d’autre explication, sauf si Tsahal a jugé que l’opération était trop risquée. Mais cette hypothèse ne tien pas puisque l’armée avait lancé plomb durci dans des conditions encore plus difficiles.

En tout état de cause, il faut agir vite et efficacement car la saison touristique a déjà commencé et certains s’interrogent sur l’opportunité de voler vers Tel Aviv, surtout si le Hamas n’est pas définitivement neutralisé d’ici là.

Nous n’en avons pas encore fini avec les énigmes…

Maurice-Ruben HAYOUN

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