L’humiliation méritée du Brésil au mondial
Certains trouveront peut-être ce titre et l’ensemble de ce papier d’une excessive sévérité. C’est possible mais le but poursuivi n’est pas d’accabler toute une nation mais de la sortir de l’ornière où elle s’est elle-même enfoncée depuis plus d’un demi-siècle. Songez que pour galvaniser les foules et surtout leur sélection, des Brésiliens, et non des moindres, ont dit qu’ils avaient le choix entre la victoire et la mort… Mais quelle imprudence ! Et j’espère qu’aucun esprit faible ou malade ne mettra cette menace à exécution… Comment oser dire de telles choses ? Il faut vraiment avoir une vie vide, peuplée de fantômes et d’illusions, pour s’exprimer ainsi.
Mais revenons au fond du débat. Le Brésil est une grande nation de 200 millions d’habitants, un géant d’Amérique latine. Une des meilleures nations émergentes. Cette nation n’a réalisé son unité, elle ne s’est soudée que par le football. Jusque là rien à redire. Mais lorsqu’une certaine classe politique de droite comme de gauche, a exploité cette veine inépuisable pour faire ses petites affaires et transformer le football en un nouvel opium du peuple (Luc Ferry dans Le Figaro). Revoyez les émeutes au Brésil où les pauvres gens contestaient des dépenses pharaoniques alors que les secteurs de la sécurité, de la santé et de l’éducation sont cruellement délaissés. Mais pourquoi donc cette immense gabegie alors que les économiquement faibles manquent de tout ?
Que vont devenir tous ces stades, toutes ces installations flambant neuves, surtout qu’elles rappelleront aux Brésiliens leur humiliante défaite face aux Allemands, si supérieurs en qualité et méthode ? Car le score est irréel, quand je l’ai découvert ce matin sur l’écran de mon téléphone portable, je n’en crus pas mes yeux.
Quelles leçons tirer de cette défaite ? Voir la vie avec réalisme, chasser les illusions, même vitales, et affronter les situations sans chercher refuge dans des paradis artificiels. Le Brésil est encore un pays en voie de développement et ce ne sont pas des footballeurs (même de très grand talent) qui y réaliseront un miracle économique. Je me suis toujours demandé comment certains intérêts bien précis avaient pu exploiter avec tant de détermination cet engouement pour le football… Par exemple, qu’est ce qui change dans la vie d’un Brésilien moyen lorsque des joueurs, grassement payés, gagnent une coupe mondiale de football ? Oui, qu’est ce qui change dans sa vie ? Gagne t il plus, assure t il un meilleur avenir à ses enfants, son couple s’en porte t il mieux ? Franchement, j’en doute, j’en doute très fortement. Je crois plutôt que tous ces gens sont victimes d’un conditionnement médiatique : songez à ce que représentent les droits de retransmissions télévisuels, les publicités et les réclames ! Les rues de Genèse et de Paris sont vides en prévision des matchs…
Tout le monde sait ce que je pense de l’Allemagne et de la culture germanique. J’ai passé ma vie à l’étudier, à la mettre en valeur et à l’encenser, sans jamais confondre nazisme et germanité. C’est un symbole qu’une telle nation ait vaincu une nation comme le Brésil. Quelle détermination, quelle efficacité, quelle discipline. C’est aussi un peu la même chose qui se déroule en Europe, face à la crise économique et à celle de l’Euro… L’Allemagne se distingue aussi bien dans le sport que dans l’économie et la finance… Et à elle au moins on ne fait pas passer des vessies pour des lanternes. Evidemment, on va m’opposer le bonheur, la musique, la joie de vivre…