En France, il est très risqué de toucher aux allocations familiales
C’est l’un des paradoxes de ce pays : les réformes se doivent de commencer chez l’autre, le voisin, et jamais chez soi même. Tout en voulant que cela change. Quel changement ? Tout changement, à condition que cela touche l’autre et jamais soi-même. En somme, une France rétive au changement. Celui qui avait le mieux compris cette nature profonde de ce pays et qui n’a presque jamais osé prendre la moindre initiative dans ce sens n’est autre que Jacques Chirac qui se contentait d’enterrer toute velléité de réforme dès qu’un manifestant, porteur d’affiche, pointait le bout de son nez..
Dans son essence, l’idée du gouvernement qui se rend compte que le modèle social français n’a plus de très beaux jours devant lui, n’est pas mauvaise. Il n’est pas insensé de dire qu’un foyer fiscal aisé n’a guère besoin d’aide aux allocations familiales tandis que des milieux économiquement faibles où réduits au chômage devraient bénéficier plus largement de ces transferts de l’Etat.. Pourtant, c’est à une véritable levée de boucliers que l’on assiste, à droite comme à gauche. La même chose vaut de la proposition de revoir les indemnités d’assurance-chômage. Il en a été question hier ici même : les réactions vont toutes dans le même sens : la condition du chômeur n’est guère enviable.
Pour ce qui est des allocations familiales, la chose est nettement plus complexe car cela touche la famille, toutes les familles dans leur diversité. Et le Conseil constitutionnel retoquera sûrement toute réforme qui paraîtra pécher contre ce principe sacro-saint de l’universalité. En effet, si l’on disait que telle famille gagne suffisamment d’argent et ne devrait pas recevoir d’aide, on pourrait rétorquer que cette même famille aisée contribue, par l’impôt direct et indirect, tout aussi largement au budget global de la communauté nationale. Ce serait alors un traitement discriminatoire de certaines catégories de Français ou d’étrangers selon des motifs financiers ou simplement économiques. Or, dans ce pays, c’est un principe intangible : tous les hommes naissent libres et égaux en droit…
Conclusion, le gouvernement va devoir battre en retraite plus vite que prévu. L’étrange déclaration du président de la République à Milan milite dans ce sens. Certes il parlait du chômage, mais on propos semblait viser des déclaration quelque peu inopportunes de son Premier Ministre. Assistons nous à une différence, à une divergence de vues entre les deux têtes de l’exécutif ou s’git il de quelque chose de plus grave ? Par exemple, des jalons pour 2017 ?
L’avenir nous le dira.