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Titre de la noteLes chômeurs sont ils trop indemnisés et trop longtemps ?

Les chômeurs sont ils trop indemnisés et trop longtemps ?

C’est la question que les gazetiers se posent avec insistance depuis que le Premier Ministre français a fait une déclaration approximativement dans ce sens à Londres, lors d’un déjeuner en présence de journalistes britanniques. Plusieurs questions se posent : d’abord, la chose ne sera pas d’actualité avant 2016 et relève en fait des négociations antre les partenaires sociaux, comme on dit dans ce pays. Ensuite, il semble que cette déclaration, si elle s’avérait, pourrait bien n’être qu’un ballon d’essai, envoyé pour tester les uns et les autres, voir si l’on peut aborder la question, une question si sensible, ou simplement passer à autre chose. Certains observateurs s’attardent sur d’éventuelles arrière-pensées politiques de l’auteur de la petite phrase, un peu comme s’il posait les jalons d’une candidature pour 2017, au motif que le ciel électoral de l’actuel chef de l’Etat s’assombrit de plus en plus. On relève que Martine Aubry rencontre l’ancien premier ministre et, fait plus grave, la parution du livre de Delphine Bateau au titre évocateur : Hollande, c’est fini ! Telle était la une du Parisien de ce matin… Certes, ce journal n’est pas la lecture obligée des élites françaises mais il est lu par l’électorat populaire dont il constitue parfois l’unique relation à la lecture. C’est dire…

Sans revenir sur le sort qui semble s’acharner sur l’actuel chef de l’Etat, on doit scruter le  drame du chômage de plus près. Perdre son emploi est un drame, l’écrasante majorité des chômeurs souffre le martyre, sont déclassés, méprisés par les membres de leurs familles, bref le ciel leur tombe sur la tête. J’ajoute que c’est un drame au niveau du couple : maintes familles se disloquent parce que le père a perdu son emploi. Certes, ce n’est pas le sida ni un cancer généralisé, mais cela y ressemble.

Alors pourquoi cette phrase de Manuel Valls ? Probablement, parce qu’une opération vérité vient d’être enclenchée et que l’exécutif vient enfin de s’apercevoir que les finances publiques ne pouvaient plus correspondre aux exigences de ce que l’on nomme un peu pompeusement le modèle social français… On ne peut plus vivre avec un déficit abyssal de l’assurance chômage et de l’assurance maladie. Sans stigmatiser les chômeurs qui, je le répète, sont d’abord des victimes, le système doit changer. Dans les pays voisins, l’indemnisation couvre au maximum six mois, ce qui est hautement angoissant et a, pour seul avantage, d’accélérer la reprise d’un emploi. Mais aujourd’hui, c’est très dur, en France on est indemnisé quatre fois plus longtemps, 24 mois !

Certains abus ont été commis avec la complicité de tous les gouvernements précédents, indépendamment de leur tendance politique : par exemple, on plaçait en arrêt-maladie tant de salariés qui étaient en fait en pré-retraite. Fatalement, à la longue, les comptes ont fini par exploser. Aucun pays n’a pu continuer à agir de la sorte.

Alors que faire ? Certes, on peut assainir les comptes, introduire plus de rigueur et de contrôle, mais sans jamais stigmatiser les chômeurs. Tous les professionnels vous le diront : ceux qui ont perdu leur emploi se privent de voiture, d’assurance, d’internet, de vacances, de loisirs, bref se serrent considérablement la  ceinture. Fallait, de surcroit, leur causer des soucis ?

Je viens d’écouter un diplomate turc parler de ce que font les USA en Syrie ; il a usé d’une métaphore bien suggestive que je répète ici : ne vous contentez pas de tuer les moustiques, asséchez plutôt le marécage. En clair : attaquez vous à la base, prenez le taureau par les cornes, éradiquez le mal à la racine.

C’est plus facile à dire qu’à faire. Il faut, qu’au sommet de l’Etat, on prenne conscience que la situation est grave et qu’on doit faire preuve d’inventivité. Est ce que le pays pourra vivre encore deux ans dans cette situation ?

Les chômeurs, notamment de longue durée, n’ont pas demandé à perdre leur emploi. Ils ne souhaitent qu’une chose : en retrouver un.

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