La charge de Vladimir Poutine contre l’Occident
Dans son discours, sorte d’allocution annuelle sur l’état de la nation, M. Poutine a donné de la situation actuelle de la Russie dans le monde une image très personnelle et très subjective. L’affaire n’est pas simple : ce qui s’est passé en Ukraine ne pouvait pas ne pas provoquer ce type de réaction de la part d’un homme comme Poutine qui considère que le jour le plus triste de l’histoire récente fut celui de la dissolution de l’URSS. Enfin, tous les anciens pays satellites ont rejoint l’OTAN, donnant à Moscou l’impression réelle ou supposée d’être encerclée. Et Poutine a réagi comme il a réagi en voyant que les accords destinés à sauver Janoukovitch n’avaient pas été respectés et que la CIA et l’OTAN ont orchestré cette fameuse nuit d’émeutes au cours de laquelle l’ancien président corrompu a dû prendre la fuite, laissant la voie derrière lui. Moscou n’a pas apprécié. Il ne faut pas oublier ce que Kiev a toujours représenté pour Moscou : en plus du grenier à blé de la métropole, c’est le berceau même du peuple russe, de sa religion orthodoxe et de sa culture. Dire que l’Ukraine allait tourner le dos à la Russie, adhérer à l’OTAN et rejoindre l’Europe était inacceptable pour la Russie et surtout pour un homme comme Poutine qui ne croit qu’aux rapports de force. Et la réaction ne s’est pas fait attendre : il a suscité des menées séparatistes dans l’est de l’Ukraine, a armé et recruté des combattants venus de son pays, a financé la rébellion, monté des opérations de bombardement et de fausses avancées humanitaires pour introduire séparatistes et armement en Ukraine, bref un véritable travail de sape, digne de la politique de l’ancienne URSS. Il suffit de voir la peur panique des républiques baltes et même de la Pologne qui a sérieusement renforcé son budget militaire pour comprendre la peur des anciens pays satellites de l’ex URSS. Le coup de force en Crimée sonne comme un rappel, voire un terrible avertissement. Les Finlandais en savent quelque chose, eux qui ont perdu la Carélie, sans aucun espoir de retour. Depuis, tant d’eau a coulé sous les ponts de la Volga. Les sanctions occidentales commencent à faire mal. Poutine l’a admis a demi mot, arguant que l’Occident aurait de toute façon agi ainsi, même sans le problème ukrainien. A ce rythme, le rouble ne pourra pas tenir et il faudra sortir encore des milliards de devises étrangères fortes pour qu’il ne perde plus de sa valeur. Poutine croit peut être qu’en prenant des mesures de rétorsion, il va mettre à mal la résolution des Occidentaux. Il se trompe. Il a commis un acte inqualifiable, modifier par les armes les frontières héritées de la seconde guerre mondiale. C’est inouï et je me demande pourquoi l’OTAN N’a pas réagi autrement. C’est donc un relent de guerre froide auquel on assiste. Le calcul des Occidentaux est clair : la meilleure manière de faire partir Vladimir Poutine est de ruiner l’économie russe, faire chuter le rouble, faire baisser le prix du pétrole, renforcer les sanctions en tout genre, etc… Les oligarques, se voyant menacés dans leur juteuse activité feront le nécessaire pour déposer Poutine en douceur mais très efficacement.