La chancelière Angela Merkel, superwoman en France
A en croire des sondages divulgués ce matin sur I-TELE, la chancelière fédérale, Angela Merkel, serait une personnalité politique étrangère plébiscitée par les Français. C’est un résultat doublement étonnant quoique réjouissant car j’avoue que la montée insidieuse d’un sentiment anti-allemand dans ce pays commençait à me préoccuper. Les Français, c’est-à-dire l’opinion publique se sépare donc des scandaleux points de vues de gens comme Jean-Luc Mélenchon, ou pire encore, comme Arnaud Montebourg qui traitaient la chancelière de façon fort irrespectueuse, dénonçant sa main mise trop lourde sur les affaires de l’Union Européenne. Même des courants dits souverainistes n’ont pas fait dans la nuance, accusant nommément la chancelière de chercher à «s’emparer économiquement de l’Europe.» Mais ces sondages, bien que réjouissants à mes yeux, ne laissent pas d’étonner : comment l’image de la chancelière fédérale a t elle pu évoluer à ce point ? Est ce le pessimisme ambiant qui caractérise la situation sur les bords de la Seine qui explique un tel revirement ? Les gens tiennent-ils désormais le raisonnement suivant : la France est empêtrée dans des difficultés économiques, sociales et financières sans fin. Cette situation menace de virer à la crise morale. Mais en face, il y a un pays qui sut prendre, il y a plus de dix ans, les mesures nécessaires. Et ces mesures produisent aujourd’hui leurs fruits, leurs bienfaits. Pourquoi ne pas en faire autant ? Surtout, si au bout de nos années d’effort et d’économies, il y a le ciel bleu de la reprise économique, la baisse du chômage, la progression du pouvoir d’achat, etc… C’est probablement le raisonnement que se tient au fond de lui-même l’homme de la rue qui réalise que la situation empire si on ne fait rien. Et qui constate que toutes les élections partielles ont été perdues par le pouvoir : celle qui se passe aujourd’hui dans l’Aube, à la suite du passage au Sénat de Monsieur Baroin, a même vu l’élimination du candidat PS dès le premier tour. Quant au siège à pourvoir de M. Moscovici, il est à craindre que le scénario soit le même. Je vous laisse deviner ce qui se passerait si François Hollande se voyait contraint de dissoudre : plus de 100 députés FN arriveraient à l’Assemblée Nationale et le groupe socialiste, fort de plus de trois cents députés, ne serait plus que l’ombre de lui-même… C’est probablement cette projection angoissée dans un avenir incertain qui motive et explique le changement de perception de Madame Merkel par les Français. Mais une question demeure : peut-on appliquer en France avec des Français ce que Angela Merkel fait en Allemagne avec des Allemands ? C’est là toute la question. Que nos concitoyens plébiscitent la dirigeante d’un pays voisin qui vient d’être triomphalement réélue à la tête de son parti la CDU, c’est bien, mais cela ne garantit pas que ce modèle soit exportable en France. La recette n’est pas du tout la même. Il faudra des années et des années d’effort pour redresser ce pays. Un exemple devrait suffire : le gouvernement ne parvient pas, malgré une bonne volonté touchante, à économiser 21 milliards, alors que la dette publique excède les deux mille milliards… Il faudra bien un jour ou l’autre se mettre à l’école allemande, man wird endlich bei den Deutschen in die Schule gehen müssen… Je ne l’écris pas de gaieté de cœur (frohen Herzens). Mais c’est ainsi.