A la synagogue Mac Donald de Natanya,
Depuis jeudi 1er janvier, mais 10 tévét du calendrier hébraïque, j'avais ce qu'on appelle dans la tradition juive le Jahrzeit, l'anniversaire de décès de mon cher père Isaac Hayoun (Zal) Quelques jours auparavant, je m'étais rendu sur la tombe de mes parents (Zal) à Ashdod afin de m'y recueillir à cette occasion. Mais le séjour à Natanya pendant le chabbat m'a largement permis de réciter le qaddish (prière pour le repos des âmes des défunts) dans une très belle synagogue, très originale, très sympathique, bien ordonnée et calme. Une synagogue très british où le rabbin fait son sermon dans la langue de Shakespeare et où les prières sont récitées avec un accent so british. Bref, le rêve.
Sans nos amis, les Benhamou, le Docteur Eugène et sa chère épouse, son frère Robert et sa chère épouse, je n'aurais probablement jamais connu ce bel édifice où les gens du comité sont si accueillants et si bien élevés. Songez donc: déjà hier soir, à l'entrée du chabbat, lorsque je fus présenté au rabbin d'origine sud africaine, il me proposa de faire une conférence un prochain jour sur un sujet de mon choix. Et ce matin on me fit le grand honneur (immérité selon moi) d'ouvrir l'arche sainte et de remettre le rouleau de la Tora au ministre officiant chargé de donner lecture de la péricope hebdomadaire qui portait sur la fin du livre de la Genèse, er donc l'histoire ou le roman de Joseph. J'ai pu porter le rouleau de la tora à travers les travées de la synagogue. Et surtout, l'occasion me fut donnée d'avoir un minyane, un quorum religieux de dix adultes.
La veille, nous avions été D. et moi invités par Eugène et son épouse dans un bon hôtel où le repas de chabbat était préparé. Il fut excellente. A midi nous eûmes l'honneur de déjeuner sur place où le repas fut tout aussi bon.
Je pense que ce fut un peu providentiel car sans ces amis, je serais allé dans une synagogue anonyme.
Par ailleurs, Robert Benhamou et son épouse connaissaient bien Annie Abihssira et avaient fait un voyage ensemble au Maroc pour un pèlerinage des saints Abouhatsera. Aujourd'hui, jai aussi appris que Robert avait été présent à MArly le Roi en 1986 lorsque j'avais présenté le livre que j'avais traduit de l'allemand Les dix-neuf épîtres sur le judaïsme de Samson-Raphaël Hirsch (Altona, 1836; Paris, 1987) Presque trente années sans s'être revus et enfin rencontre fortuite à Natanya en Israël.
Je ne crois pas au miracle mais à la Providence dont les voies nous resteront à jamais closes et comme un livre scellé
Le poète Aragon a dit que la vie est un éternel divorce; peut-être, je dis, pour ma part, que c'est une nostalgie permanente. Hier soir, à la fin de l'office rue Mac Donald, j'ai vu q'un petit graçon déclamait depuis l'estrade les treize articles de foi de Maimonide. Cela m'a évidemment rappelé ma ville natale Agadir où l'on me faisait faire la même chose. Lorsque je vis cet enfant et entendis sa voix, je ne pus m'empêcher d' penser.