Nicolas Sarkozy, désavoué par les siens?
Décidément, le Front National est un véritable petit couteau suisse, il sert à tant de choses, notamment à bien diviser la droite, depuis l’époque où François Mitterrand avait eu cette idée incroyablement dévastatrice de le faire prospérer pour neutraliser la droite parlementaire et se maintenir ainsi au pouvoir. Aujourd’hui, le FN grimpe dans les sondages, mais, seul, il ne pourra jamais conquérir le pouvoir mais il privera la droite parlementaire d’y accéder car c’est sur ses marges qu’il mord. Et comme cette dernière ne saurait s’allier à lui sans perdre son âme, on assiste à un blocage, un blocage qui vient de faire une victime collatérale, Nicolas Sarkozy lequel semble ne pas avoir été suivi par les membres de son Bureau politique. La question est d’importance : quelle voie suivre dans le Doubs ? Apporter ses suffrages au PS qui poursuivrait ainsi une politique que l’UMP juge néfaste ou apporter son soutien, clair ou in petto, au FN ? Au début, Sarkozy a essayé de marquer subtilement la différence qu’il statue entre le PS et le FN, mais ses amis ne l’ont pas suivi : c’est le retour du NI-NI : pas d’alliance avec le FN et pas de soutien au PS. Mais cela n’est vrai que sur le papier : car on sait bien qu’une large frange de l’UMP va se reporter sur la candidate du FN, même si les moins droitistes de l’UMP n’iront pas vers le FN en préférant s’abstenir ou voter pour le PS. Le problème est que ce petit jeu stérile ne fait pas avancer la France qui a besoin de se rassembler comme s’échine à le répéter inlassablement le président de la République. Comme on sait que le FN ne peut pas conquérir le pouvoir faute d’alliés, on est condamné à jouer au jeu de la charnière : les uns et les autres prennent des postures tout en sachant que rien ne changera. Ce qui est à craindre à la longue, c’est un blocage : on ne peut pas indéfiniment priver des millions de Français de sièges à l’Assemblée Nationale. Le seul remède est d’instiller une dose de proportionnelle, avec le risque de voir 150 députés FN à l’Assemblée. Aucun gouvernement ne pendra ce risque. La seule alternative est de faire revenir la croissance, combattre victorieusement le chômage et mettre un terme à la désespérance sociale. Autant dire provoquer l’avènement de l’ère messianique.