La mimouna en Israël
Nul ne sait vraiment avec exactitude d’où vient ce terme et cette fête, si courue au Maroc, à la fin de Pessah où les gens se précipitent sur de la farine et surtout sur des grains de semoule ou de couscous, du petit lait, des dattes et des fruits. C’est une vieille tradition, une manière bien judéo-orientale de saluer le départ d’une belle fête familiale. Chose curieuse : nos frères ashkénazes n’ont jamais eu vent de cette célébration. Or, comme chacun sait, le peuple juif est resté uni à travers les siècles et sa liturgie a transcendé autant les distances spatiales que temporelles.
Un certain nombre de folkloristes ont proposé des explications qui ne résistent pas à la critique ni même à l’examen. Pour part, je suppose que c’est une séquelle d’un syncrétisme pagano-arabe que les Juifs du cru ont adapté à leur environnement car la saison s’y prêtait. La nature revit, les beaux jours reviennent, la lumière dure plus longtemps, bref on oublie les rigueurs hivernales, même dans des pays chauds.
Et à propos d’intempéries, je regrette même d’être ici, tant le froid est terrible pour un mois d’avril, les pluies tombent en abondance, même dans Néguev oj j’ai passé le sabbat.
Mais revenons à la mimouna. Hier soir, les mamans, dont c’est la tradition, ont fébrilement préparé leur couscous au beurre ; moi, je dois avouer que ce n’est pas ma tasse de thé et j’apprécie modérément ce plat, qu’il soit au beurre ou au contraire avec de la viande.
En revanche, ce qui m’intéresse au plan philosophique c’est l’attachement aux traditions, même simplement culinaires car elle sont aussi fondatrices d’identité. Quand j’étais jeune, je me souviens de certains amis d’origine ashkénaze pour lesquels le dîner du vendredi soir chez l’une des deux deux grands-mères (gefillte Fisch etc…) était l’unique lien résiduel rattachant au judaïsme. Et pour les Tunisiens, c’était le couscous ou un autre plat encore plus indigeste.
Est-ce que l’art culinaire, même dénuée de finesse et de qualité, peut conserver de êtres humains dans une tradition ? C’est indéniable. C’est peut-être une défaite pour l’intellect mais une victoire pour la tradition qui s’adresse à l’homme dans son intégralité.
Et après tout si vous demandez à nos frères chrétiens ce que sont les Pâques pour eux, les plus jeunes répondront les œufs de Pâques…