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En ce jour, Israël rend hommage à ceux qui sont morts pour la patrie. Yom Ha zikkaron

 

Yom ha-Zikkaron en Israël : l’hommage rendu aux soldats tombés pour la patrie

Israël est le pays du souvenir, le judaïsme est la religion de la mémoire. L’histoire de ce peuple n’est comparable à celle d’aucun autre peuple. Par moments, elle fait figure de martyrologie. On n’y peut rien, c’est l’histoire du peuple juif, depuis les origines. Je rappelle une fois encore cette phrase du grand spécialiste allemand de la Rome antique, Théodore Mommsen, qui disait ceci : Israël n’est pas apparu tout seul sur la scène de l’histoire mondiale. Il était accompagné d’un frère jumeau, l’antisémitisme ! Cela se passe de commentaire…

Israël va dans moins d’une heure se recueillir pour rendre hommage aux victimes des différentes guerres qu’il dut mener et gagner contre d’implacables voisins, qui se sont juré de mettre fin à son existence. Dans moins d’une heure, les sirènes vont retentir dans tout le pays, tous les restaurants seront fermés, tous les magasins baisseront leurs rideaux de fer. L’activité cessera dans tout le pays, un pays qui n’oublie jamais ceux qui ont donné leur vie pour lui, pour qu’il vive, que le peuple d’Israël ne soit pas effacé de la surface du globe. Dans la Bible hébraïque déjà, on utilise cette expression hébraïque très littéraire : shé lo ikkahéd shem Israël mi-goy : pour que le nom d’Israël  ne soit pas rayé de la liste des nations..

Comme pour la veille du yom ha_Shoah, les sirènes vont retentir et le pays va communier dans la bravoure et le recueillement avec l’âme des morts au combat. Tous les combats d’Israël. Les radios vont adapter leurs programmes aux circonstances et les télévisions diffuseront des images d’archives et des interviews des soldats rendant hommage à leurs officiers et compagnons d’armes tombés au champ d’honneur. Il y a trois jours, j’ai entendu à la radio une annonce destinée à d’anciens soldats qui ont servi dans une brigade commandée par un gradé mort au champ d’honneur. On leur demandait de se manifester pour organiser en commun une cérémonie du souvenir.

Le peuple juif a une vocation naturelle qui le mène au recueillement, à la méditation et au culte des disparus. Cette journée qui s’annonce puisque les Juifs débutent toujours leurs commémorations la veille au soir va inciter les  citoyens juifs de ce pays à s’interroger sur leur avenir et sur le sens de leur vie. J’ai été, au début, un peu surpris, du caractère légal de ces fermetures de magasins et de restaurants, chose qui n’est pas applicable pour les fêtes religieuses. Dans ces deux cas, la Shoah et le Zikkaron, c’est normal.

En temps normal, le calendrier liturgique nomme le Nouvel An, Rosh ha-Shana, le jour du souvenir, Yom ha-Zikkaron. Comment avoir repris ce terme si important pour cette commémoration ? C’est qu’au Nouvel An, l’Eternel est censé se souvenir de nous et de nous inscrire dans le livre des vivants. Or, voila qu’on nomme ce jour selon les morts.. La contradiction n’est qu’apparente : ceux qui sont morts pour la défense de la patrie vivront éternellement dans le cœur de ceux qui les ont aimés.

Après tout, c’est la définition que donnait Ernest Renan de la résurrection : continuer de vivre éternellement dans le cœur de ceux qui les ont aimés.

Et l’Etat d’Israël aime ses soldats. Il a passé un contrat moral avec ses citoyens, les parents de ces soldats : dans toute la mesure du possible, leur rendre leurs enfants après leur service militaire, en vie.

Malheureusement, il y a des guerres et des morts.

Le caractère paradoxal de l’histoire moderne d’Israël apparaît dans la proximité de ce recueillement et de l’allégresse qui va s’emparer du peuple tout entier demain vers 17 heures, car la fête de l’indépendance, yom ha-Amtsma’out, battra son plein.  Déjà tout le monde pavoise. Toutes les voitures ont accroché à leurs portières de petits drapeaux frappés de l’étoile de David qui flottent au vent. Ce peuple ne laisse jamais le deuil, la tristesse, l’abattement le gagner ou s’installer durablement.

Le jour de la Shoah et aussi appelé jour de la bravoure. Et aujourd’hui le yom ha-Zikkaron est immédiatement suivi de la fête de l’indépendance : mi-yagon le simha u mé évél le yom tov : du deuil à l’allégresse, du deuil, à un jour de fête…

En hébreu, on a trouvé un bel exemple qui symbolise ce changement du tout, grâce à une simple métathèse : mé-éfér la-péér : on passe des cendres à la gloire.

Il faut prier pour que ce peuple qui a tant souffert puisse enfin goûter la douceur d’une paisible existence. J’aime bien cette chanson que tout le monde chante ici et dont j’extrais deux phrases :

Mi shé maamin lo méfahéd et ha émouna le’abbéd… Am Israël, lo yewatter : Celui qui a la foi chevillée au corps ne craint pas de la perdre… Le peuple d’Israël jamais ne renoncera.

Longue vie à Israël 

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