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Que l’ombre de Thanatos quitte enfin notre chère France…

 

 

Que l’ombre de Thanatos quitte enfin notre chère France…

Cela devient insupportable, le climat de peine, de désolation et de recueillement plombe toutes nos activités : pas un jour sans l’annonce d’une mort, d’une inculpation de terroristes en Belgique, de découverte d’un appartement conspiratif (sic) ou de traces d’ADN d’un fugitif, d’une commémoration, du dévoilement d’une plaque à la mémoire de victimes du terrorisme. Je me demande comment le président de la République peut supporter tout cela. Et en plus, il y a la commémoration du vingtième anniversaire de la mort de François Mitterrand.

En quelques mois, ce pays est devenu l’arrière-cour ou plutôt la caisse de résonance des horreurs qui se passent en Syrie et en Irak. Hier, dans les embouteillages du vendredi soir, j’écoutais les confessions d’une femme française convertie à l’islam et qui avait rejoint Daesh… Elle parlait avec dégoût de l’endoctrinement et de l’embrigadement des enfants, passant leur temps à visionner des vidéos de décapitation ou à jouer au foot balle avec… des têtes de soldats syriens ! Comment voulez vous vivre normalement, savourer un délicieux repas, penser à un séjour reposant en Normandie, lorsque les radios diffusent de telles nouvelles…

En somme, des lieux situés à presque cinq mille km d’ici exercent leur effet nocif et destructeur sur toute la population française.

On a l’impression que l’ombre de la mort, Thanatos, plane sur le pays. Alors que la période des fêtes ne remonte pas même à deux semaines, il semble que cette atmosphère de deuil se soit emparée du pays, menaçant de ne plus le quitter.

Dans la mythologie grecque le poète Hésiode nous parle de Thanatos comme de la personnification de la mort. C’est pire que l’épée de Damoclès brandie au-dessus de la tête de chacun d’entre nous puisque nous partageons la condition de tous les mortels. Thanatos a un cœur de fer, des entrailles d’airain et une âme de bronze : tous métaux qui tournent le dos à la tendresse et à l’amour de l’humanité. Aux antipodes de cette pensée grecque, nous trouvons dans la littérature prophétique des paroles de consolation et d’encouragement qui incitent l’homme à favoriser les forces de la vie et à se détourner de la culture de la mort. Les textes parlent de remplacer notre cœur de pierre (lev évén) par un cœur de chair (lev basar) (Ezéchiel 36 ;26). C’est donc l’appel aux forces vives du bien, de la vertu et de la vie.

Depuis ce terrible mois de novembre 2015, c’est-à-dire il y a moins de deux mois, le pays passe d’un deuil à l’autre, d’une commémoration à l’autre, d’une aggravation des règles pénales à l’autre… Et cette succession, pour ne pas dire cette avalanche, de morts d’hommes célèbres ne contribue pas à assainir l’ambiance ni à favoriser une changement tant souhaité, tant attendu, de situation. On dit bien : un malheur n’arrive jamais seul…

Je pense en qualité de philosophe que l’avenir n’est écrit nulle part, que l’homme, en proportion de ses moyens, est apte à façonner son avenir. C’est l’affirmation du principe du libre arbitre humain. Ceux qui pensent que Dieu est capable de donner une loi à l’homme tout en lui liant les mains, se trompent et comment une contradiction.. Sans liberté pas de responsabilité.

Un passage talmudique célèbre stipule : Tout est entre les mains du Ciel, hormis la crainte du Ciel

Est-il en notre pouvoir d’éloigner de notre pays cette ombre persistante de Thanatos ? Oui, en tout cas nous devons essayer autant de fois qu’il le faudra jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif.

C’est vital.

MRH in Tribune de Genève du 9 janvier 2016.

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