La déchéanbce de nationalité, les binationaux et les naturalisations
Depuis quelques semaines, on ne parle en France que de cette déchéance si disputée de nationalité. Pourtant un minimum de clarification s’impose. Selon nous, il faut revenir à la première mouture de la loi, celle que François Hollande avait exposée dans son discours solennel devant le congrès à Versailles. Il ne faut viser que les binationaux et non tous les Français. Cela soulève un problème, celui de l’égalité des Français entre eux. Mais chacun sait que dans l’esprit de son concepteur, cette loi vise une certaine catégorie de gens qui, tout en étant nés ici ou en ayant bénéficié d’une naturalisation inconsidérée, ont porté leurs armes contre la France, censée être leur pays. Donc, il fallait laisser en place la première mouture. Mais les réticences furent si vives que, comme d’habitude, le pouvoir en place a battu en retraite, reculant chaque fois qu’il y aune réaction négative. Et aussi parce qu’il n’osait pas appeler un chat un chat : chacun sait que ce ne sont pas des Européens, des Finlandais ou des Norvégiens qui ont fait cent-trente morts le 13 novembre, mais une certaine catégorie de gens qui ne se sentent absolument français au point d’abattre sauvagement des Français authentiques et innocents.
Cette thèse peut surprendre et ses défenseurs savent qu’elle peut heurter les belles âmes. Mais voilà, le pouvoir actuel se rend compte que depuis près d’un demi siècle, les gouvernants ont laissé entrer dans ce pays un certain nombre de gens qui n’avaient pas vocation à y faire souche. Et pourtant, ce fut le cas. Et ces gens avaient une autre nationalité qu’ils ont conservée, ce qui est leur droit, mais à laquelle s’est ajoutée la nationalité française, ce qui fit dire à l’ancien président du FN que ce sont des Français de papier. Il y a aussi la législation très attractive mais bêtement généreuse du droit du sol (jus soli) qui vous rend français automatiquement, même si vous ne sentez guère français. Un récent sondage effectué de l’autre côté du périphérique, notamment en Seine-Saint-Denis, a montré qu’une écrasante majorité de fils et de filles d’émigrés, d’Afrique du Nord et d’Afrique noire, ont répondu qu’ils ne se sentaient pas français alors qu’ils disposent d’une carte d’identité française. C’est là un grave problème et qu’il faudra bien résoudre un jour, dans un sens ou dans un autre.
Lorsque l’alternance arrivera il faudra prendre à bras le corps ces questions des binationaux, des apatrides et des naturalisés. On ne peut plus traiter à la légère le cas de gens qui tuent leurs compatriotes ou alors il ne faudrait plus les considérer comme des Français. Mais dans ce cas, il y aura un grave problème pour l’Etat d e droit ; or, la France est heureusement un Etat de droit. Toute la subtilité de la démarche consiste à protéger les nationaux sans enfreindre les règles juridiques. Mais comment combattre le terrorisme ?
D’où cette question de la déchéance de nationalité qui a relégué à l’arrière-plan toutes les autres, la crise, le chômage, le pouvoir d’achat, l’insécurité, l’immigration, etc…
L’Assemblée Nationale a voté dans le sens voulu par le gouvernement, mais le Sénat va tout faire pour ramener le texte de loi dans son sens premier, visant les binationaux. Sans vouloir les discriminer, c’est de là que vient le problème. Mais le pire serait que le congrès soit un échec.