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France-Portugal; lendemains de défaite. Quelle exagération !

France-Portugal; lendemains de défaite.

Quittant les Yvelines où la famille organisait une belle soirée télé pour la finale de l’Euro, j’ai eu du mal à rentrer à la maison après minuit. Et enfin arrivés au cœur du XVIe arrondissement, les Portugais ont décidé de faire la fête jusqu’à trois heures du matin.. Je les comprends,, mais cela montre que nos sociétés ont totalement changé, il y a un déplacement, une mutation des valeurs que seuls les aveugles ne verraient point. Aujourd’hui, le vrai pouvoir médiatique, la vraie, la seule irradiation médiatique touche les tennismen et-women, les footballeurs et les rugbymen. Sans oublier les nageurs, bref toutes les branches de l’activité sportive, même si l’argent décide désormais du succès et non plus les seules performances.

On le voit chaque fois qu’une manifestation sportive se profile à l’horizon, les hommes politiques, du plus grand au plus petit, veulent se faire photographier avec les nouvelles vedettes de notre monde, leur trouvent toutes les qualités de la terre, les parent de toutes les vertus et se découvrent d’insoupçonnées affinités avec les joueras. Peu importe que ces gens soient primaires, incultes ou comme le disait après l’Afrique du sud, la ministre des sports, des caïds immatures, rien ne les arrête : ils trouvent aux joueurs médiatisés des qualités et se font photographier avec eux ou les reçoivent dans les palais nationaux, même quand ils ont échoué lors des compétitions. Ce ne sont plus les industriels, les savants, les professeurs, les avocats, les penseurs, etc… qui ont la cote.

Les politiques sont cyniques mais ils ne sont pas bêtes. On ne sait pas ce qu’ils pensent au fond d’eux-mêmes mais leur analyse colle au réel : puisque les élites ne peuvent plus enchanter les foules et que ces mêmes foules déplacent leur affection des politiques vers les joueurs, eh bien ils suivent le mouvement, ils ne sont pas fous, ils ne vont pas nager à contre courant ! Il faut dire aussi que les télévisions consacrent dix fois de temps à un événement sportif de portée nationale qu’à un discours du président ou de son premier ministre

Voyez la soirée d’hier : près de tente millions de téléspectateurs, je crois, ont suivi le match et ce qui me frappe, c’est leur déception, comme si c’était un membre de leur famille ou eux-mêmes qui avaient perdu quelque chose. C’est absolument incroyable !

Il faut mener une vie vraiment vide pour verser des larmes amères quand une équipe de je ne sais quoi perd une compétition. J’ai été sidéré de voir que ce ne sont pas seulement les jeunes déshérités des banlieues qui se pressaient dans els fan-zones ou qui achetaient les maillots de telle ou telle équipe. Ce sont des gens de toutes classes sociales qui ont acheté des billets pour le stade de France, parfois à plusieurs centaines d’euros.

Ne prenez pas en mauvaise part ce que j’écris, je respecte tous les gens, et surtout ceux qui ne pensent pas comme moi, mais tout de même ! Il y a des limites… On peut lire un bon livre, rencontrer des amis, faire du sport, regarder un bon film, aller au restaurant (si on en a les moyens), dormir, faire l’amour. Et cela n’implique pas cet état de profonde tristesse que j’ai pu constater hier soir en revenant des Yvelines.

Comme il y avait des centaines de voitures arborant des drapeaux portugais, j’ai été ému par un tout jeune parisien, pliant tristement son petit drapeau tricolore en rasant les murs rue d e Presbourg…… Je pense encore à ce jeune homme, seul, triste et résigné : son équipe a perdu ! Rendez vous compte !!

Nous vivons une longue période de désenchantement au sein de notre vie. Les politiques et les économistes ne nous font plus rêver. Les attentats sanglants nous ont meurtris, nous pensions nous retrouver autour d’une belle victoire. Ce ne fut pas le cas, mais nous avons d’autres qualités et nous ne manquons pas de ressources.

Et je ne parle pas des grèves et des manifestations qui ont duré plus de deux semaines…

Aujourd’hui, le triple ballon d’or a plus d’influence qu’un élu d’une grande puissance. Henry Kissinger avait dit il y plus de trente cinq ans, que depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les gouvernements du monde libre étaient occupés par des hommes aux qualités moyennes, ce qui signifie médiocres. Avait il raison ?

En guise de réponse, je poserai la question suivante : combien de millions d’hommes, de femmes et d’enfants, ont regardé avec compassion la civière évacuant Ronaldo du terrain, Ronaldo auquel je souhaite du fond du cœur un prompt et définitif rétablissement. Auraient ils été aussi touchés si cela était arrivé à une élite, politique ou intellectuelle ?

Je pense que vous devinez ma réponse…

MRH in Tribune de Genève du 11 juillet 2016

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