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Alep: la pax romana selon la variante russe...

 

Alep: la pax romana selon la variante russe...

 

A l’évidence, plus rien ne sera jamais comme avant. La culture occidentale, les valeurs judéo-chrétiennes de l’Occident, ont perdu toute valeur aux yeux de la population martyrisée d’une ville du Moyen Orient qui eut la faiblesse de croire que l’on volerait à son secours, sans tenir compte de la froide raison d’Etat. Je ne sous entends pas que l’Occident, l’ONU et toutes les organisations internationales ont une responsabilité directe dans cette affaire mais tout de même il existe dans nos législations l’obligation, plus que simplement morale, de se porter au secours d’une personne ou d’un peuple en danger de mort. Non-assistance à personne en danger, cela signifie quelque chose.

 

Mais puisque les choses sont ce qu’elles sont, et que les déplorations, les lamentations ne servent pas à grand chose, il faut se livrer à une analyse froide et objective, sans être influencé par quelque émotivité que ce soit.

 

La première leçon porte sur la nature du conflit. Au fond, ce sont les Russes qui en eurent la meilleure lecture, eux qui, contrairement à nous, ne distinguent pas entre un islamiste pur et dur et un islamiste modéré… Après tout, on s’en souvient, c’est une ancienne ministre soviétique de la culture qui avait produit l’immortelle perle suivante : une femme n’est pas UN PEU enceinte, elle est enceinte ou ne l’est pas.

 

Au fond, c’est un peu ce principe qui a guidé l’action, plus que la réaction, de la Russie en Syrie : là où les Occidentaux clamaient que seul Bachar était coupable, qu’il n’était pas digne de jouir sur cette terre de la lumière du soleil (sic. Laurent Fabius qui nous avait pourtant à bien mieux), l’aviation russe a pris les mesures qu’elle jugeait bonnes pour faire place nette : tapis de bombes, destruction d’institutions protégées par les lois internationales, viols de trêves (mais les rebelles l’ont fait, eux aussi), bref, alors que le ministre des affaires étrangères faisait mine de négocier à Genève ou à Paris, les troupes sur place s’en prenaient aux rebelles et ont fini par en avoir raison.

 

Rendez vous compte : le secrétaire d’Etat John Kerry en appelant à la compassion, lui, le ministre de la super puissance dont les forces armées sont présentes partout. Madame l’ambassadeur US à l’ONU en appelant à la honte que devrait susciter l’attitude des Russes et son homologue qui lui répond : Mais elle se prend pour mère Theresa !! Voilà où nous en sommes.

 

Mais j’avoue que les Russes ont mieux analysé la situation, bien même que les ministres français et US des affaires étrangères ; pour eux, pas de rebelles fréquentables, les islamistes en tant que tels ne sont pas fiables. On ne peut pas nier que nul ne pouvait être assuré de faire confiance à la bonne personne. On se souvient des millions de dollars engloutis dans la formation de certaines troupes à la solde des USA et qui ont, la frontière franchie, aussi rejoint, avec armes et bagages,  les rebelles… Une telle déconvenue ne serait jamais arrivée aux Russes.

 

Que va-t-il se produire aujourd’hui, ou plutôt demain ? Il y a fort à parier que Bachar ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Il se sent pousser des ailes  et il a la conviction désormais que l’Occident, USA en tête, est un tigre en papier. Depuis que les Russes et les Iraniens encadrent son armée, plus un officier supérieur n’a osé déserté ni rejoindre l’autre camp. Mais il y a eu pire :  Nul n’oubliera le faux bond de Barack Obama qui laisse Bachar utiliser impunément  des armes chimiques. François Hollande, lui, était prêt à y aller, les cibles gouvernementales étaient déjà désignées, mais pouvait-il y aller sans l’allié US ? Impossible ! Une comparaison : les Français avaient  in situ au maximum 36 aéronefs, les Américains disposent de 400 avions sur place et d’environ 1000 pilotes. Et le porte-avions était retourné à Toulon pour réparations…

 

Avec de tels chiffres, tout est dit. Cela me rappelle le jugement sans appel de Michel Jobert au sujet de la France quand il dénonçait le condominium des Russes et des USA : nous pesons peu.

 

Cela n’a pas changé depuis, mais Bachar va sûrement étoffer sa conquête. Il n’ a rien à craindre, personne ne bougera et Vladimir Poutine sait que son ami D. Trump lui dira qu’il a les mains libres.

 

Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 15 12 16

 

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