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Et Dieu créa la femme... De la condamnation de la compagnie israelienne ELAL

 

Et Dieu créa la femme... De la condamnation de la compagnie israelienne ELAL

 

L’affaire fait grand bruit. Toutes la presse en parle, tant en France qu’à l’étranger. Ayant personnellement vécu une telle situation, un religieux ayant refusé de s’asseoir près d’une dame, sous mes yeux, je vis l’employée d’EL AL conduire le récalcitrant vers un autre siège afin de ne pas le contrarier. D’autres fois, je vis des dames compatissantes se lever sans bruit et aller ailleurs dans l’avion parce qu’un barbu refusait de s’asseoir à côté d’elle.

 

Pour un philosophe spécialiste à la fois d’études juives et germaniques, cette attitude à l’égard du genre féminin pose un bon nombre de questions. Nulle part, dans les textes révélés, il n‘est question d’une diabolisation de la femme. Certes, il y eut Eve et le mythe de la femme tentatrice qui induit son propre mari en tentation à la suite d’une ruse du serpent, et qui, par ce fait même, provoque la ruine du genre humain, plus spécifiquement celle de son sexe à tout jamais. Mais nous sommes au XXIe siècle de l’ère usuelle.

 

Cela relève de l’interprétation littérale du texte, voire du littéralisme biblique le plus étroit. Dans d’autres passages du Pentateuque, l’image de la femme n’est plus la même. N’oublions pas que selon les premiers chapitres du livre de l’Exode, c’est Sephora, une madianite non juive qui procéda à la circoncision de son mari, qui n’était autre que Moïse notre Maître. Excusez du peu…

 

N’oublions pas Myriam dont le puits légendaire suivait le peuple de Dieu dans tous ses déplacements. Souvenons nous aussi de Yaël qui donna ses ordres au général Shamgar ben Anat pour vaincre les ennemis du peuple d’Israël. Bref, on pourrait trouver d’interminables exemples tant dans le Pentateuque que dans les sources juives anciennes (Talmud et Midrash). Certes, une certaine phallocratie, pour ne pas dire un certain machisme, persistent ; voire prospèrent, dus au fait que ce furent des hommes et non des femmes qui étaient à la manœuvre. Et avec le temps, de tels préjugés se sont ancrés dans la conscience des gens.

 

J’en veux pour preuve la supériorité donnée à la naissance d’un garçon par rapport  à celle d’une fille. On nous rétorque que le garçon apporte avec lui quantité de mitswot et de bénédictions de la mila alors que zévéd ha bat se fait dans la discrétion. Mais je pense qu’il y a d’autres choses en ligne de compte. Les hommes religieux, ou prétendus tels, se méfient plus d’eux-mêmes que de la femme qu’ils tiennent pour l’essence de la tentation, et même du péché. Si on réfléchit bien, c’est la ligne de défense choisie par Adam lui-même qui impute à sa femme la faute : c’est la femme que tu m’as donnée qui m’a tenté et j’ai fini par manger (le fruit défendu)… Conclusion pour les simples d’esprit, la femme, c’est le diable.

 

Le problème avec les barbus, c’est qu’ils donnent à la religion les inflexions qu’ils veulent bien lui donner, tout en ostracisant ceux qui ne vivent ni ne pensent comme eux. Pourtant, comment concevoir qu’un Dieu d’amour et de bonté puisse bannir de son empirée la moitié de l’humanité ? L’homme et la femme, le mâle et la femelle, sont absolument compatibles et représentent deux modes d’être au sein d’une même et unique humanité. La femme, c’est aussi être, mais autrement (Levinas)

 

Comment font les religieux pour avoir autant d’enfants tout en déconsidérant les femmes ? Evidemment, ils visent les autres femmes, pas la leur en propre. En soi, de telles défigurations du système religieux ne seraient pas aussi graves si elles ne débouchaient pas sur des applications pratiques de la vie quotidienne. Déjà, certains religieux n’avaient pas hésité à terroriser des petites filles de leur voisinage, coupables (pauvres petites) de porter des jupes trop courtes ou d’avoir les bras nus. On a l’impression d’être en plein Moyen Age.

Le vrai judaïsme, celui qui se nomme ke-dat Moshé we israël est il vraiment incarné par ces hommes en noir, coiffés de chapeaux à larges bords, le visage mangé par une barbe non taillée et enveloppés d’une grande redingote noire, même si la température extérieure avoisine les 40° ? Cela me fait penser aux Dunkelmännerbriefe de la Renaissance lorsque l’humanisme naissant devait combattre les obscurantistes d’Europe… Johannes Reuchlin a fini par triompher de J. Pfefferkorn, le renégat.

 

Il faut tout faire pour que notre judaïsme ne subisse pas ce type de régression, il ne faut pas que le judaïsme, par l’ignorance et l’impéritie de quelques uns, revienne à l’âge de pierre. Quand je pense que lorsque j’étais le secrétaire rapporteur du Consistoire de Paris, certains rabbins, même jeunes, refusaient de serrer la main d’une dame. Je l’ai fait un nombre incalculable de fois et je n’ai pas été envahi par des pensées impures.

 

Je veux bien admettre que le chant d’une femme (Kol ba isha erwa) constitue une nudité, si son mari fait sa prière dans pièce d’â côté, mais tout de même !!

 

C et épisode peu glorieux nous rappelle que toute bonne religion doit être une religion éclairée et humaniste : comment, dès lors, contraindre une femme octogénaire à changer place ? Est-on encore une bombe sexuelle à cet âge là ?

 

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