R.T. Erdogan en Pologne : vers un front anti Merkel ?
Il arrive parfois que l’on se pose des questions sur l’équilibre mental de certains hommes politiques, tant leurs actes semblent s’éloigner de la logique la plus simple et la plus aisée à saisir. Et j’y inclus la réception digne d’un grand chef d’Etat que la Pologne, pays le plus catholique d’Europe et qui s’est montré très réticent à accueillir des réfugiés, vient de réserver au président turc, bien connu pour son islamisme (modéré ?) et ses foucades anti-européennes… Mais pas seulement.
La Pologne dont les démêlés avec l’Allemagne mais aussi la France sont bien connus, cette Pologne qui rechigne à appliquer les traités européens qu’elle a pourtant signés, oui cette même Pologne reçoit le président turc en grande pompe et déclare souhaiter son entrée au sein de l’Union Européenne. On se frotte les yeux pour être sûr d’avoir bien compris : les Polonais qui ne faisaient pas mystère de leur crainte de voir le nombre de musulmans présents en Europe compromettre l’équilibre confessionnel de ce continent, disent souhaiter une entrée de plus de 80 millions de Turcs dans l’UE. Or, chacun sait que si on les autorisait, comme le demande Erdogan, à entrer dans le territoire sans visa, il sera impossible de leur demander de repartir et de rentrer chez eux. Et les Polonais furent les premiers à avoir formulé cette exigence…
En réalité, les Polonais ont voulu indisposer Angela Merkel et régler leurs comptes avec elle. Gravement atteinte par des accusations incroyables et inacceptables du nouveau sultan d’Ankara, la chancelière a demandé clairement que l’on cesse toutes négociations avec la Turquie et ne s’est pas gênée pour le dire publiquement.
En fait, les Polonais ne courent aucun risque de voir les Turcs envahir le continent, en savant très bien que les règles d’admission dans l’UE ne seront pas respectées par Ankara. Donc, d’une pierre plusieurs coups : ils énervent Angela Merkel, ils se placent au mieux sur le marché turc et n’ont aucun souci à se faire.
Mais que dire d’une telle conduite et du cynisme qui la sous-tend ? Eh bien que de telles attitudes rendent la politique détestable aux yeux des simples citoyens que nous sommes.
Au fond, l’UE est victime de sa propre insouciance, elle a admis tout et n’importe qui en son sein. Par exemple, il y a deux choses radicalement différentes : l’appartenance à l’UE d’une part, et l’appartenance à la zone euro d’autre part. Du coup, on se demande : comment avoir admis dans cette dernière la Grèce et le Portugal ? Et même, est ce que la France va avoir les moyens de rester dans cette même zone euro ? Comment avoir la même monnaie sans avoir une politique fiscale ou économique commune ?
Israël a, par exemple une santé économique et financière plus rassurante que celle de certains membres de l’UE et de la zone euro. Et en ce qui concerne la politique étrangère, c’est encore pire.
Dans les prochaines semaines, les Européens répondront en ordre dispersé aux demandes de Donald Trump au sujet de l’Iran… Signe que cette UE est tout sauf unie…