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Mais pourquoi donc l’image D’Israël s’est elle tant dégradée?

  

Mais pourquoi donc l’image D’Israël s’est elle tant dégradée?

Oui, pour quelles raisons l’opinion publique mondiale s’est-elle rangée aux côtés des détracteurs de l’Etat juif ? Je voudrais dire d’emblée que je ne vais pas adopter le style journalistique habituel qui sautille sur les problèmes au lieu de tenter de les traiter en profondeur ; j’adopte, comme à mon habitude l’approche du philosophe-historien qui cherche à comprendre, qui réfléchit et ne distribue ni blâme ni satisfecit…

La dégradation de cette image d’Israël ne date pas d’hier ni d’avant-hier. Elle remonte à beaucoup plus loin, en raison d’une multitude de facteurs qui touchent tant la nature ou l’essence du judaïsme qu’au rôle généralement attribué aux juifs dans la marche de notre monde. En d’autres termes, il faut creuser profond pour comprendre et remonter pratiquement aux premiers siècles de l’ère chrétienne lorsque les Judéens furent défaits par les légions romaines, déportés aux quatre coins de l’univers et leur capitale, résidence de leur Temple, Jérusalem, mise à sac et n’a plus connu de souveraineté juive que près de deux millénaires plus tard. Autant que la durée totale de cet interminable exil… De l’an 70 de notre ère à 1947/48, voire à juin 1967, deux millénaires se sont écoulés.

  

Mais pourquoi donc l’image D’Israël s’est elle tant dégradée?

Jusqu’à la révolution française qui a brisé la redoutable férule de l’Eglise chrétienne sous laquelle les juifs, réduits à l’état de sujets, dépendaient du bon vouloir des princes ou des potentats locaux, les enfants d’Israël étaient de véritables parias, dépourvus du moindre droit de l’homme, sans même parler de ceux du citoyen. L’antisémitisme théologique de l’Eglise, bloquant toute amélioration ou tout changement du statut personnel des juifs, a irrigué la représentation que les peuples d’Europe et d’ailleurs s’en faisaient. Car il s’agit bien de représentations, de la manière dont on concevait l’essence juive, largement façonnée par le magistère de l’Eglise qui ne recula même pas devant l’accusation de déicide…

On associait les juifs aux maléfices du diable ; songez que dans des villes comme Francfort, Strasbourg et autre, il y avait un petit pont nommé pont des juifs et que ces derniers devaient traverser au crépuscule afin qu’ils ne puissent pas profiter de l’obscurité pour commettre leurs prétendus crimes… N’oublions pas les sinistres accusations de meurtre rituel reposant sur des contradictions qui crevaient les yeux : comment accuser les juifs d’utiliser du sang humain pour fabriquer leurs galettes azymes consommées durant la Pâque lorsque l’on sait qu’il leur est strictement interdit de manger du sang animal !!!

On avait donc fabriqué une fausse image des juifs et du judaïsme car ils avaient refusé d’admettre en leur créance le message chrétien faisant de Jésus le Messie-envoyé-sauveur, chargé de rédimer une humanité pécheresse par son seul sang. Cette opposition frontale entre juifs et chrétiens sur le plan théologique a, certes, pratiquement disparu mais c’est bien elle qui a fait le lit de l’antisémitisme qui a fini par s’étendre à d’autres domaines comme l’économie, la vie sociale, etc… Comme on le signalait plus haut, les choses n’ont commencé de changer qu’à la fin du XVIIIe siècle avec le nouveau statut des Juifs, octroyé par les idéaux révolutionnaires. Le processus d’acceptation fut très long et ne fut pas épargné par des rechutes très graves, comme certains épisodes de conversions forcées et de rapts d’enfants, arrachés à leurs parents afin d’en faire de bons chrétiens.

Et puis, il y eut la Shoah avec ses interminables cortèges de morts qui décimèrent les rangs de toutes les communautés juives d’Europe et d’ailleurs.

Au lendemain de la guerre, l’image que l’Europe déchristianisée se faisait du juif admettait un zeste de compassion, de commisération car même les plus endurcis parmi les antisémites avaient fini par comprendre que le survivants de ce génocide méritaient un autre traitement et une autre approche. Mais cette Europe soudain compatissante avait emmagasiné un portrait du juif victime, marchant le cou enfoncé dans les épaules, rasant les murs pour ne plus attirer l’attention, bref le juif ployant sous les accusations de toutes sortes. Dans la presse, dans la littérature et dans les arts et les lettres, une sorte de sympathie commença de se frayer un chemin, offrant aux esprits des élites la possibilité de générer une autre image du juif.

L’avènement du sionisme politique, couronné par la création de l’Etat d’Israël, se poursuivit sur la même lancée : ce petit Etat juif, menacé de toutes parts par ses puissants voisins, supérieurs en nombre et en armements, lui gagna quelques sympathies par ci par là. Et ce sentiment de quasi solidarité qui s’expliquait aussi par le manque de considération des pays d’Europe pour des peuples encore colonisés, se mua en réelle admiration lorsque le jeune Etat parvint à se consolider et à s’affirmer contre tous ses ennemis.

Mais voilà qu’après le 5 juin 1967, la vaillance des armées israéliennes contribua à changer la situation du tout au tout : cette Europe chrétienne qui avait soumis les juifs avant de les émanciper en 1792, se rendit compte que les Israéliens n’étaient plus ces petits juifs, ces véritables parias du monde, mais une engeance fière qui avait ceint ses reins de bravoure, au point de battre à plate couture toutes les armées arabes coalisées contre elle. C’est alors que la conscience malheureuse du monde se mua en hostilité et en refus : des juifs victorieux, c’était inacceptable !! On ne retrouvait plus ces petits juifs, nés pour être des victimes. Désormais, ces juifs étaient des vainqueurs –et quels vainqueurs- dont l’Europe ne voulait pas. A leur tour les Israéliens devenaient des oppresseurs, aux yeux de cette même Europe, qui avait dans l’intervalle conduit la décolonisation à son terme et désireuse de normaliser ses relations avec des monarchies pétrolières et gazières, lesquelles n’hésitèrent pas à faire de leurs richesses énergétiques une arme économique…

L’Etat juif devenait soudain très gênant. Arrivèrent les opérations d’embargo, tandis qu’à l’ONU les condamnations pleuvaient chaque fois que l’Etat juif engageait des opérations militaires pour se défendre et parfois même pour assurer sa survie : 1956, 1967, 1973, 1982, sans même parler des guerres contre le Hezbollah et le Hamas de Gaza. On assista alors à une véritable guerre d’usure dans toutes les arènes internationales, visant à délégitimer Israël, accusé d’occuper un territoire qui n’était pas le sien…

Il est inutile de donner la liste de toutes ses accusations, les unes plus infondées que les autres, pour précariser l’Etat d’Israël qui n’est pas resté inerte. Mais voilà, chaque fois qu’il se défendait, son image se dégradait dans l’opinion internationale qui ne comprenait que ce conflit s’éternise, qu’il y ait des crises internationales à cause d’un petit Etat qui compliquait tant les choses… On se souvient de cet ambassadeur à Londres qui lâcha lors d’un dîner dans l’oreille de ses commensaux juifs, la phrase suivante, Israël, ce petit Etat de m…

La dégradation de l’image se poursuivit sans relâche, les motions succédaient aux motions, et les condamnations aux condamnations. On se souvient de la motion votée par l’ONU assimilant le sionisme au racisme, oubliant qu’Israël est et reste la seule démocratie de la région et que sa minorité arabe ne quitterait pour rien au monde, tant les libertés individuelles y sont garanties. On oublie parfois qu’un juge arabe de la Cour suprême a fait partie des magistrats qui envoyèrent en prison pour plusieurs années un ancien Premier Ministre juif d’Israël… Quel symbole !

Faut-il en dire plus ? On ne peut pas passer sous silence les agissements du Hamas à Gaza, lequel lance des civils contre une frontière internationalement reconnue et défendue par des forces armées. Personne ne songe à reprocher à ce Hamas de faire peu de cas de la vie de ses concitoyens pour se draper ensuite dans le costume des victimes. Certaines manchettes de la presse européenne, notamment française, sont éblouissantes de mauvaise foi. Fallait-il laisser des foules armées de couteaux et autres violer une frontière, pénétrer dans le territoire et y commettre toutes sortes d’atrocités ? Les membres du Hamas ne venaient sûrement pas y distribuer des friandises…

Pourtant, Israël tente de faire entendre raison à ses ennemis, mais personne ne veut écouter, au point que les hommes politiques ne cherchent plus à s’expliquer car c’est peine perdue. Et l’image de leur pays est si dégradée qu’il ne sert plus à rien de chercher à la redresser ni à la corriger.

Je crois que dans i’impensé des peuples survit une haine de l’action juive au sein de l’Histoire. Israël a conduit la révolution monothéiste qui a changé bien des choses, il a aussi offert à l’humanité croyante et pensante l’apostolat du messianisme. Il a aussi souligné l’existence d’un ordre éthique universel. En somme, il s’est mué en conscience malheureuse de l’humanité. C’est un rôle peu enviable et absolument peu envié…

Mais c’est pourtant le rôle que l’histoire a imposé à Israël faisant de lui ce soi-disant peuple élu ; et moi je dis élu pour souffrir éternellement, élu pour être discriminé quoiqu’il arrive, bref ayant toujours tort.

Je pense que l’époque messianique se caractérisera par un radical changement d’attitude à l’égard de ce peuple qui a tant fait pour le devenir humain et auquel on conteste même la légitimité de vivre sur la terre de ses ancêtres

Est ce un traitement digne d’un peuple prétendument élu ? J’en doute fortement. Mais j’espère qu’un jour prochain les choses changeront. Un verset de la tradition prétend que lorsque Dieu aime un peuple ou un individu, il transforme ses ennemis en amis…

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