De nombreux commentateurs de la politique étrangère de la France se posent la question des deux côtés de l’Atlantique : mais pourquoi donc l’actuel président français fait-il des pieds et des mains (c’est le cas de le dire) pour sauver un accord mort-né sur le nucléaire iranien alors que le régime des Mollahs est aux abois et que personne ne peut garantir qu’il respecte les clauses du contrat ?
Les Américains s’en sont émus et l’ont fait savoir publiquement quoique indirectement : l’homme qui s’occupe de l’Iran à la Maison Blanche a répondu aux manœuvres de la diplomatie française en en prenant le contre-pied : il est hors de quoi d’assouplir les sanctions, il convient, tout au contraire, de les maintenir et de les aggraver… C’est une fin de non recevoir à peine diplomatique. Et même l’épisode de Biarritz n’a pas été oublié : les Français ont cru réalisé un scoop, on connaît la suite.
Résumons toutes ces initiatives intempestives et que la France continue de mettre en avant pour, dit-on, faire baisser la tension : le Quai d’Orsay s’est autoproclamé porte-parole de l’Union Européenne et le président français ne répugne pas à conférer des heures durant avec la partie iranienne, laquelle, comme chacun sait, ne parle pas d’une seule voix : e, Iran, c’est la dyarchie au sommet et Rouhani ainsi que son ministre des affaires étrangères Zarif sont régulièrement mis en minorité par les durs du régime, sous la férule du Guide suprême Ali KHaménéi qui n’entend pas modérer ses ardeurs et souhaite adopter une position de force alors qu’il n’en a plus les moyens. Ce saint homme semble ignorer que les sanctions ont un effet dévastateur sur l’économie de son pays et que la monnaie nationale a perdu presque 75% de sa valeur…
Quel peuple accepterait, sans bouger, une telle dégringolade ? Quel peuple peut durablement accepter une crise économique qui perdure, au motif que son gouvernement a décidé de défier la communauté internationale en se lançant dans l’aventure nucléaire. Et ce n’est pas tout : le gouvernement actuel de l’Iran sème la discorde et la zizanie un peu partout dans la région. Même l’actuel Premier ministre libanais, Saad Hariri s’en est offusqué puisqu’il demande l’intervention diplomatique de la France et des USA pour voler à son secours et empêcher que la milice illégale chiite du Hezbollah d’entraîner son pays dans une terrible confrontation avec Israël.
En effet, pour la première fois depuis des lustres, l’état-major de Tsahal a décidé qu’il n’était plus concevable de vivre avec un voisin qui menace chaque jour que Dieu fait de bombarder le pays, d’envahir la Galilée, etc… Il a donc été décidé de procéder au désarmement de cette milice. Et comme elle ne se laissera pas faire, on devine ce qui va arriver. Il semble d’ailleurs que le Hezbollah ait compris qu’il fallait se modérer s’il ne voulait pas subir une grave attaque : Tsahal a prévenu que même en cas de petite provocation du Hezbollah, sa réaction serait des plus terribles. Du coup, l’homme qui se terre dans son bunker nuit et jour a fait passer le message : il ne veut pas de confrontation avec son puissant voisin…
Certaines chancelleries européennes ne semblent pas comprendre le grand projet politique de l’Iran : convertir tout l’islam au chiisme, unissant ainsi toute la religion islamique sous son sceptre. D’où les troubles qui secouent le petit royaume de Bahreïn, la guerre civile qui ravage le Yémen , allié de l’Arabie saoudite, ennemie jurée de l’Iran, sans oublier la Syrie et même l’Irak où les Gardiens de la révolution (Pasdarans) tentent depuis des années d’implanter des bases militaires d’où partiraient des attaques contre l’Etat juif… Et c’est en faveur d’un tel régime que des gouvernements européens plaident !
Je m’en tiendrai simplement à cette folle idée de mettre à la disposition des Iraniens une ligne de crédit de 15 milliards pour desserrer l’étau des sanctions. Vous devinez d’ici la réaction courroucée des USA qui sont à la tête de la croisade anti-Ayatollahs… Et comme le régime est divisé sur la conduite à suivre, on apprend que Rouhani a accepté cette offre, sans vraiment l’accepter, puisque le lendemain, les mêmes rejetaient ce qu’ils avaient accepté la veille. Les Européens étaient accusés de ne pas en faire assez pour briser les sanctions…
Certains en Europe se gaussent du rôle joué par Emmanuel Macron dans toute cette affaire ; profitant du Brexit et de l’effacement de l’Allemagne, le président français a cru pouvoir jouer les premiers rôles, ein Vorreiterrolle… La presse allemande se demande comment on peut faire confiance à un gouvernement qui ne respecte pas ses engagements. Et ils visent notamment les Français puisque Boris Johnson a déjà accepté de faire partie de la coalition internationale pour sécuriser le commerce maritime au large des côtes iraniennes. L’US Navy poursuit la traque du pétrolier, soupçonné d’aller livrer du pétrole à la Syrie, en dépit des sanctions européennes.
La paix est quelque chose qui n’a pas de prix. Mais on ne peut pas confondre paix et soumission. Or, les Iraniens qui furent un grand peuple ont le droit d’être mieux gouvernés par un gouvernement qui ne constitue pas un danger pour tous ses voisins, en raison de ses visées expansionnistes. Or, tous les pays alentour, à quelques rares exceptions près, se méfient de l’Iran et cherchent à se prémunir d’une agression. C’est ce qui explique même le rapprochement de certains pays arabes avec … Israël ! C’est dire, si la menace iranienne est prise au sérieux.
Les choses doivent changer : si l’Iran est neutralisé, c’est tout le Moyen Orient qui entrevoit alors une période paix et de tranquillité. C’est la fin du Hezbollah au Liban, du Hamas à Gaza, de la guerre au Yémen, en Libye et en Irak et en Syrie. C’est un aspect que le président français devrait prendre en considération. Un jour ou l’autre, l’Iran, un Iran pacifié et en paix avec ses voisins, verra le jour. Un nouvel Iran doit éclore. Ne contrarions pas, ne retardons pas son éclosion.