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Vincent Bernard, La guerre de Sécession. La grande guerre américaine (1861-1865). Passés / Composés

Vincent Bernard, La guerre de Sécession. La grande guerre américaine (1861-1865). Passés / Composés

 

Voici une étude impressionnante, comme aime à en produire cette belle maison d’édition sur des sujets historiques traités en profondeur. En outre, un tel sujet qui a marqué le futur des États-Unis durablement ne peut pas être considéré comme réglé. Il s’agit évidemment de la question raciale qui se rappelle à notre bon souvenir, parfois de manière assez douloureuse. Il suffit de se reporter à de récents faits divers pour s’en convaincre.

 

Le présent ouvrage, issu de la plume de l’un des meilleurs historiens de la question, ne se contente pas d’une récusée d’éléments déjà bien connus, du genre un Sud esclavagiste et cotonnier et un Nord abolitionniste, richement doté par la nature et l’esprit d’entreprise de ses habitants ; les analyses de l’auteur vont bien plus loin. J’ai pu mieux comprendre l’aspect lancinant de cette affaire dans l’histoire mouvementée des États-Unis. On peut faire défiler sous le regard du lecteur les noms des lieux où se déroulèrent de grandes batailles, le nombre de victimes, les discours d’esclaves libérés qui entreprennent de défendre leur cause auprès de leurs propriétaires blancs etc… Et j’avoue avoir été ému par les témoignages d’hommes et de femmes qui soulignent le drame de leur existence, car comme ils le disaient, être libres ne signifiait pas encore être égaux.  

Vincent Bernard, La guerre de Sécession. La grande guerre américaine (1861-1865). Passés / Composés

   

 

Mais dès la lecture des premières pages, j’en suis venu à tout autre chose : comment des hommes qui se disent libres et égaux, une nation soumise à Dieu, ont-ils pu s’accrocher à une pratique aussi dégradante, aussi humiliante, aussi affreuse que l’esclavage ? Ces WASP qui faisaient de la foi en Dieu et donc de la fraternité entre les hommes, leur idéologie fondatrice sur le nouveau continent, ont-ils pu asservir des millions d’hommes et de femmes du seul fait de leur couleur de peau ?

 

Ces hommes et ces femmes vivaient intensément les citations bibliques chaque jour que Dieu fait. Ils avaient donc lu les premiers chapitres du livre de l’Exode que leurs pasteurs leur commentaient dans les églises. Ils savaient donc que la Bible interdit d’asservir une population à perpétuité-. Dans la Bible, l’esclave est une variable d’ajustement qui doit sept ans de travail à son maître ; parvenu à ce terme, il est libéré et même muni d’une petit bas laine censé l’aider à entamer une nouvelle vie d’homme libre. Et cela fait partie de la législation biblique, censée être d’inspiration divine. Donc qui a force de loi…

 

Or, quand on voit que pour conserver cette main d’œuvre taillable et corvéable à merci, on pouvait se livrer à tous les excès – et le cas de certains esclavages qui tuent des maîtres cruels le prouve amplement- on ne comprend pas que cet asservissement de populations entières n’ait pas questionné plus de consciences, au point de former un mouvement d’opinion flétrissant une telle pratique honteuse.

 

Mais les États Unis ont fini par payer très cher cette attitude puisque la guerre civile (The American Civil War) a ravagé le pays, divisé en deux camps ennemis, entrainant un bain de sang dans une guerre fratricide. Les morts se comptent par centaines de milliers, pas loin de huit cents mille, sans parler des destructions matérielles, nécessitant toute cette longue période dite de la Reconstruction. Et il y a aussi l’amertume de la défaite, , la volonté de se dégager de l’emprise des vainqueurs, bref de panser les plaies… Les vaincus devaient appliquer et respecter les lois imposées par leurs vainqueurs : l’esclavage n’était plus autorisé. Il fallait donc restructurer un Sud dont l’économie dépendait tant d’une main d’œuvre bon marché.

 

L’élection d’Abraham Lincoln est considérée par les sécessionnistes comme un acte d’hostilité déclarée. C’est la Caroline du sud qui prend la tête de la sécession, suivie par un nombre considérable d’autres états voulant déclarer l’union dissoute. Pourtant Lincoln fait profil bas, par purdence et volonté de compromis avec le Sud ; c’est de nuit qu’il rallie la capitale, par crainte d’un attentat. Mais comme l’écrit l’auteur un geste apparemment sans importance majeure va déclencher le drame :  La sécession n’était pas encore la guerre. avec ce coup de canon (contre Sumter) elle le devenait.

 

Pouvait-on encore éviter la guerre ouverte ? Les positions des uns et des autres étaient trop tranchées et ceux qui étaient pour la confrontation armée s’attendaient à une guerre courte ; or elle a duré de 1861 à 1865… Il m’est impossible et même inutile d’entrer dans les détails des batailles, des offensives ou contre-offensives. Ce qu’il faut retenir, c’est que les hommes de deux clans sont entrés n guerre sans y corroie vraiment : était-ce une simple confrontation armée de peu de temps ou une vraie guerre où le sang allait couler abondamment ?

 

On lira ici que les dieux de la guerre étaient alternativement favorables aux uns et aux autres. Ce que l’auteur nomme l’heure du Nord et l’heure du Sud ; mais cela fait partie de l’histoire militaire qui joue ici un rôle primordial. On nous dit  que si les partisans de l’union avaient disposé d’une armée régulière forte d’environ cent cinquante mille hommes, la rébellion n’aurait  pas duré plus de six mois. Mais l’expérience montre qu’il faut se méfier de ce type de prévision ou de projection. Ce qui finit par arriver, c’est ce que nul homme n’a pu prévoir… L’imprévu est imprévisible et incontournable.

 

Quelles traces a laissé cette guerre dans les esprits des frères ennemis ? Certes, les états sécessionnistes ont tous progressivement intégré les rangs de l’union, le dernier à le faire fut la Caroline du sud. Ce qui veut dore que l’irréparable n’a pas été commis. Le plus important, c’est qu’aucun chef sudiste n’a été jugé ni condamné à une incarcération de longue durée. L’esprit de conciliation a facilité la réconciliation qui a nécessité de longues années. Au fond, ce qui a opposé les Américains les uns aux autres, c’est le choix du type de société dans laquelle ils voulaient vivre. Et l’esclavage y jouait un rôle primordial. Et Le peuple des États Unis a fait le bon choix, en enclenchant un processus juridique qui menait progressivement vers la suppression de l’esclavage. Ainsi fut sauvée l’égalité entre les hommes, tout ce qui porte sur son visage les traits de l’humain.

 

 

 

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