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Hommage posthume au Président Roger Pinto  

Hommage posthume au Président Roger Pinto

 

Hommage posthume au Président Roger Pinto

 

Bien chère Mireille,

Je t’écris seulement aujourd’hui mais j’ai beaucoup pensé à toi depuis que Marc Bensimhon m’a appris tardivement la disparition de notre inoubliable ami Roger, que D- l’accueille dans sa miséricorde.

 

Je t’écris à la machine car mon écriture à la main est de plus en plus indéchiffrable. Veuille bien m’en excuser.

 

Tu dois savoir que Roger vivra dans nos cœurs aussi longtemps que nous serons sur cette terre. Roger a fait preuve d’un insurpassable dévouement à la cause juive et à la cause sioniste. Il a mis toute son énergie au service de cette double cause. Avec lui, et sous sa conduite, nous avons mené de grands combats, émus par son intransigeance et aussi sa lucidité. Je n’ai jamais connu homme plus fidèle à ses principes éthiques, même dans les situations les plus compliquées.

 

Un jour, je l’ai interrogé sur une situation précise concernant une institution que la communauté nous avait confiée ; il me répondit en parlant de ses exigences morales. Depuis, depuis sa réponse s’est gravée dans ma mémoire. Je peux dire qu’il haïssait les compromissions. Il appelait cela, vendre son âme au diable. Certes, aucun militant d’une grande cause n’est à l’abri d’une exaltation ou d’un excès, mais, parallèlement à cela, on savait que notre Roger bien aimé ne nous trahirait pas ni ne abandonnerait  au milieu du gué.

 

Ma chère Mireille, je sais que ces pauvres paroles ne te consolerons pas et que ton chagrin est grand. Mais je prie pour que D- te donne à toi et à tes fils la force et la résilience pour surmonter cette terrible épreuve. Lors de nos fréquentes rencontres, toujours tissées d’une amitié profonde et d’une affection réciproque, nous avons échangé sur bien des sujets. Et j’ai toujours trouvé chez Roger une fine connaissance de l’âme humaine. Il avait compris le lien secret qui unissait les êtres les uns aux autres. Même pour ceux qui avaient quelques réserves le concernant, cette vérité était incontestable ; ses analyses des situations et des hommes étaient remarquables.

 

Je peux te dire, bien chère Mireille, qu’il me manque déjà. Et il continuera d’être présent, de vivre dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu et aimé.  Et je suis du nombre.

 

Je t’embrasse, bien chère Mireille et prie pour que la Providence ne te réserve à l’avenir que de bonnes choses, une bonne santé et l’apaisement.

 

Affectueusement, Maurice-Ruben

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