Le temps des Italies. XIIe-XXe siècle. Dirigé par Jean Boutier, Sandro Ladi et Jean-Claude Waquet. Passés / Composés. 2023.
Le temps des Italies. XIIe-XXe siècle. Dirigé par Jean Boutier, Sandro Ladi et Jean-Claude Waquet. Passés / Composés. 2023.
C’est un monument auquel nous avons affaire avec cette tentative d’écrire l’histoire de l’Italie avant sa réunification. Près de huit cents pages avec plus de trente thèmes traités et d’auteurs spécialisâtes de la question, mobilisés. Comme le dit l’éditeur du livre, l’Italie pose un problème historiographique. Par quoi commencer et quelle méthodologie adapter à un ensemble si protéiforme ? Faut-il commencer par la période antique et se concentrer sur Rome et ses conquêtes ? Faut-il commence avec l’époque de la Renaissance ou opter pour les grandes manœuvres qui prient date à partir du XVIIIe siècle ave toute une série de réformes censées mener ver une unité, celle qui vit l’Italie succéder aux Italies ?
Dans la citation que j’ia insérée dans mon compte-rendu, on voit que les auteurs n’ont pas cherché à s’appuyer exclusivement sur la chronologie. Dans un tel contexte, cela risquait d’être réducteur. Le revers de la médaille, c’est que cela peut donner l’impression qu’on va dans tous les sens. En fait, le point positif, c’est la richesse qui éclate dans tous les articles que j’ai parcourus rapidement pour me faire une idée de l’ensemble. Ce ne fut pas facile de passer des italies à l’Italie de la réunification. Pratiquement plusieurs siècles pour introduire une mentalité nouvelle, une solidarité nouvelle et de nouveaux horizons. Et un nouveau sentiment d’appartenance, sans oublier l’intégration dans l’Union Européenne. Après tout, le texte fondateur, le Traité de Rome, a été signé dans la capitale de la Péninsule et nulle part ailleurs
Ce questionnement est loin d’obéir à des scrupules purement académiques. La question se pose et s’est effectivement posée aux auteurs puisque dès l’introduction, on passe en revue les différentes tentatives entreprises par des travaux pionniers. La Péninsule offre différentes tentatives d’approche pour réaliser l’œuvre en question. On peut aussi isoler les régions, s’intéresser à quelques métropoles qui ont conquis les rivages de la Méditerranée, étendu la puissance de tel cité-État ou tel autre... Des villes aussi puissantes que Venise, Florence Gêne, ou même Rome ont développé des caractéristiques spécifiques qui dépassent , et de très loin, le statut d’une simple province. Tant de facteurs entrent en ligne de compte, qu’ils soient d’ordre culturel politique, militaire que maritime., sans oublier ‘aspect linguistique.
On lit, au milieu de la petite introduction l’explication du projet et la méthodologie adoptée pour le mener à bien :
Notre intention n’est pas d’ajouter à ces récits une nouvelle trame narrative. En effet, le parcours que ce livre propose n’est pas chronologique. Est écartée d‘’emblée toute idée de mettre en œuvre un récit reliant différentes époques selon le fil d’une intrigue qui se voudrait cohérente : de fondre la pluralité des histoires survenues en Italie en une histoire unique. ; ou encore de penser l’Italie pour répondre aux attentes et aux questions suscitées qui sont, à l’heure actuelle, suscitées par l’Italie d’aujourd’hui. Faisant justice à des attentes qui sont à’ l’heure actuelle, fréquemment exposées, le point de départ, est, en fait, la diversité des échelles entre lesquelles, l’Italie ne cessa, du XIIe au XXe siècle, d’être écartelée. L’architecture de l’ouvrage correspond à cette prémices..
C’est un objectif ambitieux et original puisqu’il ne se contente pas de reprendre l’état de la question tel que transmis par les précédents historiens. Il ne s’agit pas de fondre, de fusionner divers matériaux de provenance diverse pour en faire un tout cohérent , mais de respecter la diversité et l’authenticité de ce qui existe. Si je comprends bien, il s’agit de restituer les choses telles qu’elles nous apparaissent et non de les inféoder à un parti pris ou à un schéma préconçu. Discerner dans cette massa d’éléments tout ce qui pourrait aller vers un objectif préconçu, à savoir l’unification de la Péninsule.
D’autres états d’Europe ont été confrontés à la même situation : dépasser l’émiettement en petits états comme ce fut le cas dans les provinces germaniques avant qu’un certain Bismarck ne vienne ramener tout ce petit monde à la raison. Mais ce ne fut pas chosée aisée puisque le leitmotiv du chancelier de fer (qui portait bien son nom) a imposé l’unité du Reich par le fer et le sang (Blut und Eisen)... Il parlait avec mépris de la Kleinstaaterei...
Ce livre, véritable somme, sera aussi un bon instrument de travail ; tant de cartes originales, tant de reproductions d’objets d’art rendent sa consultation aisée et très agréable. J’aurais aimé y trouver aussi une vue d’ensemble, servant de conclusion. Mais nonobstant cette absence, ce livre cumule tant d’avantages...