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Jean-MArie Guenois, Le pape François, la révolution.

Jean-MArie Guenois, Le pape François, la révolution.

Jean-Marie Guénois, Pape François. La révolution. Gallimard.

 

En effet, c’est une véritable révolution qui a été initiée par le pape argentin, et non pas de timides mesures réformatrices, appliquées à ce grand corps (malade ?) de la curie romaine. Un paquebot imposant qu’aucun pape n’a vraiment pu réformer en profondeur, en partie à cause des poids morts, et en partie, aussi, à cause de deux mille ans d’histoire. Face à de telles proportions, il faut, pour réussir et parvenir à ses fins, ruser, battre en retraite et revenir en force, lorsque l’équilibre des forces est en votre faveur. C’est ce que fait ce pape qui vient d’ailleurs et qui a dû tenir compte des pesanteurs de son institution.

 

J’ai lu très attentivement ce livre car l’auteur, responsable du secteur  religieux au Figaro, revendique le droit d’écrire sur ce sujet comme un journaliste et un homme libre. Ce n’est pas un ouvrage de type universitaire ni de recherche au sens strict du terme... Mais c’est un livre très bien documenté, on en oublierait même un peu la passion..  J’apprécie grandement cette profession de foi, d’autant que le texte est bien charpenté et ne vise à établir aucune thèse  préconçue. Je tenais à le spécifier avant d’aller plus loin.

 

Voici un passage qui plante le décor de cette église catholique dont le cœur battant se concentre dans un min-état appelé le Vatican. Ces quelques lignes de JMG donnent une idée juste de l’immensité de la tâche à laquelle le pape François s’est  trouvé confronté :

 

(...)Le temps long repose sur deux millénaires d’histoire... Le tout avec un appareillage juridique et religieux sans pareil, , un potentiel issu de toute la planète où la foi  mais  aussi  le vœu  d’obéissance  au supérieur règnent en maîtres : plus de cinq mille évêques, quatre cent vingt mille prêtres, sept cent trente mille religieuses pour un milliard trois cent trente mille de fidèles...

 

Le ton est donné, c’est un travail titanesque qui attendait le religieux argentin devenu après son élection souverain pontife de l’institution. Mais son exemple n’est pas isolé dans la volonté de réformer, même un petit  peu, la curie  romaine qui était là avec toutes ses prérogatives, avant les papes et parfois même leur survit. Je laisse de côté la particularité d’un pape latino-américain et qui, de surcroit, succède à un pape germanique. Mais l’enjeu dépasse de très loin toutes les autres considérations. C’est un nouvel esprit que l’actuel successeur de saint Pierre essaie d’imposer. Il combat les habitudes, les mécanismes routiniers, conjure les prélats   de renoncer  à  leurs avantages attachés à leurs fonctions prestigieuses. C’est une sorte de réforme intérieure que le pape tenta d’introduire dans son église. Avec des fortunes diverses, si j’en crois les développements de l’auteur... La foi en Dieu ne peut pas se transformer en objectif de fonctionnaire. La foi vivant besoin de tout aitre chose...

 

La nouveauté de ce pape se manifeste bien dans un geste qu’il fut le premier à faire, dans toute l’histoire de l’église ; au lieu de bénir la foule, il lui demande de le bénir, lui, son chef. Personnellement, je crois aux bénédictions et dans le judaïsme, elles abondent Mais ici, cette demande manifeste une modestie rarissime. C’est le cas d’un homme, à la tête de plus d’un milliard de fidèles, qui demande à recevoir des bénédictions de personnes simples : quelle modestie, quelle humilité, quelle volonté de se mêler aux autres, sans tenir compte de son rang qui est unique. C’est aussi se placer en dessous des fidèles qui doivent se sentir soudain investis d’une force spirituelle insoupçonnée. On tient ici l’authentique spiritualité d’un homme qui ressent sa propre vulnérabilité, un homme parmi les autres hommes. J’ai aussi relevé qu’il a demandé à un proche de lui donner le numéro de portale de sa mère, récemment hospitalisée, afin de la soutenir dans son combat contre la maladie...

 

Certes, cela ait partie de la légende qui se tisse inéluctablement autour du pape, tout en sachant que toute légende contient du vrai. L’auteur critique les ambitieux, les parvenus, les carriéristes, les prêtres qui se transforment en fonctionnaires avec des échelons hiérarchiques sur lesquels les intéressés veillent jalousement. JMG semble avoir été repoussé par de telles distorsions quand  il cite cette critique interne du système : faire le pape... Se prendre au sérieux, faire sentir son autorité à ceux qui sont en bas de l’échelle, se prendre pour quelqu’un d’important. Mais c’est un peu partout pareil, dès qu’une religion est représentée et gérée par des hommes  (et comment pourrait-il en être autrement ?) ces personnes oublient qu’ils exercent un sacerdoce et que leur service doit être exclusivement dirigé vers Dieu...

 

L’élection du pape François est effectivement liée au renoncement de son prédécesseur Benoit XVI qui s’estimait incapable d’assumer ses fonctions, pour raisons de santé. L‘église, depuis cette date,   avait deux papes, l’un en poste et en fonctions, et l’autre, devenu émérite. C’est un point important pour ce qui va suivre.  Le pape François tint à préciser les choses, découvrant ainsi les dessous d’une cohabitation qui ne fut pas toujours harmonieuse. Je ne reviens pas sur le mini scandale concernant la contribution de Benoit XVI à une publication marquant les cinq ans du pontificat du pape François. En tout état de cause, on finit par sauver les apparences : les relations entre les deux hommes firent l’objet d’une transaction : il n’existe qu’un seul pape, c’est François et Benoit XVI est émérite, c’est un grand-père dans la maison... Ceux de la curie romaine qui avaient tenté de brouiller les cartes et les pistes, furent aussitôt déchargés de leurs fonctions. On avait voulu montrer, en vain, une continuité pontificale et doctrinale entre les deux papes. Or, les deux hommes sont en discontinuité idéologique, au sens large du terme.

 

Mais ce ne fut  pas le seul désaccord entre les deux hauts dignitaires religieux : la réforme du célibat des prêtres semblait être en bonne voie, concernant certains territoires et le pape Français semblait acquis à la cause de la réforme ; pourtant,  il fut contraint de changer son fusil  d’épaule, et son prédécesseur Benoit XVI semble y être pour quelque chose... Il y a, dit JMG, un certain antagonisme entre les deux hommes comme l’Agneline est éloignée de l’Allemagne (sic !)

 

Il y aurait tant à dire, au-delà même de cette différence de personnalité et de tempérament. A part d’un probable exemple tiré du Moyen Âge, on n’a jamais connu un tel scénario. Et encore, s’il s’était agi de deux Italiens ou de deux Européens, l’écart, le ressenti auraient été moins frappants. L’ancien cardinal Ratzinger avait occupé un poste névralgique avant d’être élu pape, où il s’était signalé par une certain rigorisme.  Et c’est le même homme avec les mêmes tendances qui a occupé le siège de saint Pierre. Rien d’étonnant donc, s’il ne portait pas dans son cœur une éventuelle réforme du célibat des prêtres. Toutes ces questions sur l’avenir de l’église catholique continueront d’accompagner la vie de cette église universelle. Comme le disait Hegel rien de ce qui vit sous le soleil  n’échappe aux lois de devenir historique. Nous vivons dans un monde qui évolue, se transforme sans cesse, sous nos yeux. Il faudra bien un jour résoudre cette épineuse question du statut des prêtres. Et même mener à bien d’autres réformes dont cette grande église catholique a besoin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Marie Guénois, Pape François. La révolution. Gallimard.

 

En effet, c’est une véritable révolution qui a été initiée par le pape argentin, et non pas de timides mesures réformatrices, appliquées à ce grand corps (malade ?) de la curie romaine. Un paquebot imposant qu’aucun pape n’a vraiment pu réformer en profondeur, en partie à cause des poids morts, et en partie, aussi, à cause de deux mille ans d’histoire. Face à de telles proportions, il faut, pour réussir et parvenir à ses fins, ruser, battre en retraite et revenir en force, lorsque l’équilibre des forces est en votre faveur. C’est ce que fait ce pape qui vient d’ailleurs et qui a dû tenir compte des pesanteurs de son institution.

 

J’ai lu très attentivement ce livre car l’auteur, responsable du secteur  religieux au Figaro, revendique le droit d’écrire sur ce sujet comme un journaliste et un homme libre. Ce n’est pas un ouvrage de type universitaire ni de recherche au sens strict du terme... Mais c’est un livre très bien documenté, on en oublierait même un peu la passion..  J’apprécie grandement cette profession de foi, d’autant que le texte est bien charpenté et ne vise à établir aucune thèse  préconçue. Je tenais à le spécifier avant d’aller plus loin.

 

Voici un passage qui plante le décor de cette église catholique dont le cœur battant se concentre dans un min-état appelé le Vatican. Ces quelques lignes de JMG donnent une idée juste de l’immensité de la tâche à laquelle le pape François s’est  trouvé confronté :

 

(...)Le temps long repose sur deux millénaires d’histoire... Le tout avec un appareillage juridique et religieux sans pareil, , un potentiel issu de toute la planète où la foi  mais  aussi  le vœu  d’obéissance  au supérieur règnent en maîtres : plus de cinq mille évêques, quatre cent vingt mille prêtres, sept cent trente mille religieuses pour un milliard trois cent trente mille de fidèles...

 

Le ton est donné, c’est un travail titanesque qui attendait le religieux argentin devenu après son élection souverain pontife de l’institution. Mais son exemple n’est pas isolé dans la volonté de réformer, même un petit  peu, la curie  romaine qui était là avec toutes ses prérogatives, avant les papes et parfois même leur survit. Je laisse de côté la particularité d’un pape latino-américain et qui, de surcroit, succède à un pape germanique. Mais l’enjeu dépasse de très loin toutes les autres considérations. C’est un nouvel esprit que l’actuel successeur de saint Pierre essaie d’imposer. Il combat les habitudes, les mécanismes routiniers, conjure les prélats   de renoncer  à  leurs avantages attachés à leurs fonctions prestigieuses. C’est une sorte de réforme intérieure que le pape tenta d’introduire dans son église. Avec des fortunes diverses, si j’en crois les développements de l’auteur... La foi en Dieu ne peut pas se transformer en objectif de fonctionnaire. La foi vivant besoin de tout aitre chose...

 

La nouveauté de ce pape se manifeste bien dans un geste qu’il fut le premier à faire, dans toute l’histoire de l’église ; au lieu de bénir la foule, il lui demande de le bénir, lui, son chef. Personnellement, je crois aux bénédictions et dans le judaïsme, elles abondent Mais ici, cette demande manifeste une modestie rarissime. C’est le cas d’un homme, à la tête de plus d’un milliard de fidèles, qui demande à recevoir des bénédictions de personnes simples : quelle modestie, quelle humilité, quelle volonté de se mêler aux autres, sans tenir compte de son rang qui est unique. C’est aussi se placer en dessous des fidèles qui doivent se sentir soudain investis d’une force spirituelle insoupçonnée. On tient ici l’authentique spiritualité d’un homme qui ressent sa propre vulnérabilité, un homme parmi les autres hommes. J’ai aussi relevé qu’il a demandé à un proche de lui donner le numéro de portale de sa mère, récemment hospitalisée, afin de la soutenir dans son combat contre la maladie...

 

Certes, cela ait partie de la légende qui se tisse inéluctablement autour du pape, tout en sachant que toute légende contient du vrai. L’auteur critique les ambitieux, les parvenus, les carriéristes, les prêtres qui se transforment en fonctionnaires avec des échelons hiérarchiques sur lesquels les intéressés veillent jalousement. JMG semble avoir été repoussé par de telles distorsions quand  il cite cette critique interne du système : faire le pape... Se prendre au sérieux, faire sentir son autorité à ceux qui sont en bas de l’échelle, se prendre pour quelqu’un d’important. Mais c’est un peu partout pareil, dès qu’une religion est représentée et gérée par des hommes  (et comment pourrait-il en être autrement ?) ces personnes oublient qu’ils exercent un sacerdoce et que leur service doit être exclusivement dirigé vers Dieu...

 

L’élection du pape François est effectivement liée au renoncement de son prédécesseur Benoit XVI qui s’estimait incapable d’assumer ses fonctions, pour raisons de santé. L‘église, depuis cette date,   avait deux papes, l’un en poste et en fonctions, et l’autre, devenu émérite. C’est un point important pour ce qui va suivre.  Le pape François tint à préciser les choses, découvrant ainsi les dessous d’une cohabitation qui ne fut pas toujours harmonieuse. Je ne reviens pas sur le mini scandale concernant la contribution de Benoit XVI à une publication marquant les cinq ans du pontificat du pape François. En tout état de cause, on finit par sauver les apparences : les relations entre les deux hommes firent l’objet d’une transaction : il n’existe qu’un seul pape, c’est François et Benoit XVI est émérite, c’est un grand-père dans la maison... Ceux de la curie romaine qui avaient tenté de brouiller les cartes et les pistes, furent aussitôt déchargés de leurs fonctions. On avait voulu montrer, en vain, une continuité pontificale et doctrinale entre les deux papes. Or, les deux hommes sont en discontinuité idéologique, au sens large du terme.

 

Mais ce ne fut  pas le seul désaccord entre les deux hauts dignitaires religieux : la réforme du célibat des prêtres semblait être en bonne voie, concernant certains territoires et le pape Français semblait acquis à la cause de la réforme ; pourtant,  il fut contraint de changer son fusil  d’épaule, et son prédécesseur Benoit XVI semble y être pour quelque chose... Il y a, dit JMG, un certain antagonisme entre les deux hommes comme l’Agneline est éloignée de l’Allemagne (sic !)

 

Il y aurait tant à dire, au-delà même de cette différence de personnalité et de tempérament. A part d’un probable exemple tiré du Moyen Âge, on n’a jamais connu un tel scénario. Et encore, s’il s’était agi de deux Italiens ou de deux Européens, l’écart, le ressenti auraient été moins frappants. L’ancien cardinal Ratzinger avait occupé un poste névralgique avant d’être élu pape, où il s’était signalé par une certain rigorisme.  Et c’est le même homme avec les mêmes tendances qui a occupé le siège de saint Pierre. Rien d’étonnant donc, s’il ne portait pas dans son cœur une éventuelle réforme du célibat des prêtres. Toutes ces questions sur l’avenir de l’église catholique continueront d’accompagner la vie de cette église universelle. Comme le disait Hegel rien de ce qui vit sous le soleil  n’échappe aux lois de devenir historique. Nous vivons dans un monde qui évolue, se transforme sans cesse, sous nos yeux. Il faudra bien un jour résoudre cette épineuse question du statut des prêtres. Et même mener à bien d’autres réformes dont cette grande église catholique a besoin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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