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Kant (in)actuel. Sous la direction d’Antoine Grandjean. Presses Universitaires de France. 2024

Kant (in)actuel. Sous la direction d’Antoine Grandjean. Presses Universitaires de France. 2024

Kant (in)actuel. Sous la direction d’Antoine Grandjean. Presses Universitaires de France. 2024

 

En quoi consiste l’actualité ou l’inactualité d’un philosophe, de la réputation d’Emmanuel Kant lequel aurait eu trois cents ans  aujourd’hui ?  C’est la question que se posent les contributeurs de cet excellent ouvrage. En effet, même si tout ne se trouve pas exclusivement dans les écrits du «vieux Chinois de Königsberg» (Nietzsche), de très nombreux concepts nous renvoient à lui, hier comme aujourd’hui.

 

Le kantisme a largement survécu à son fondateur. Prenoms par exemple l’école néo-kantienne de Marbourg avec Hermann Cohen, mais aussi bien avant ce dernier. Je pense à Salomon Maimon (1752-1800) qui introduisit l’auteur du criticisme dans la philosophie juive du XVIIIe siècle en rédigeant son fameux Essai de philosophie transcendantale. Maison a aussi commenté le Guide des égarés de Maimonide (1138-1204), à la fois en hébreu et en allemand. Ces deux textes existent désormais en langue française.  Ce faisant, il a contribué à l’actualité de Kant en milieu juif, et plus particulièrement dans les milieux influencés par la Haskala, lees Lumières juives... Et dans  ses commentaires  Maimon  a disséminé des concepts kantiens.  Maimon a  fait bien plus car, par ce biais, il développait la terminologie philosophique en langue hébraïque. Enfin, Kant a lui-même reconnu dans sa correspondance la justesse des commentaires de Maison, soulignant que  nul plus  que  Maimon n’avait aussi bien    compris l’essence de son criticisme...  

 

Au cours du XIXe siècle allemand, la plupart des intellectuels juifs avaient adopté la philosophie kantienne comme une doctrine complémentaire du judaïsme. Ce qui leur plaisait, c’était assurément la consonance  entre la notion de loi ,telle qu’incarnée dans la religion d’Israël  et la mise en valeur  de l l’impératif  catégorique. Il y avait là une sorte de halo sacré, donc religieux.  Quelque part, ces deux notions se rejoignaient. Les intellectuels juifs de cette époque devaient lutter pour défendre le bien-fondé des législations bibliques que les polémistes chrétiens attaquaient sans cesse. Pour les juifs cet antinomisme chrétien était de très mauvais aloi puisque ces mêmes préceptes bibliques constituaient l’épine dorsale de leur religion... Et certains kantiens juifs considéraient le catholicisme contemporain comme une mythologie invraisemblable. C’est dire combien les théories kantiennes étaient d’actualité  dans les milieux juifs de cette époque.

 

 L’éthique kantienne s’accordait  parfaitement avec le judaïsme, du moins dans les commentaires des philosophes, ce qui incita la nouvelle Académie des sciences du jeune état juif à promouvoir une traduction soignée des œuvres de Kant en hébreu moderne (Shmuel Hugo Bergmann). L’apport kantien pour une meilleure défense du contenu doctrinal du judaïsme était crucial car il montrait qu’une religion révélée pouvait s’accorder avec un grand système philosophique. L’orthodoxie juive n’y trouvait pas forcément son compte, mais les partisans d’une approche éthique du judaïsme, à l’instar du protestantisme contemporain, s’en trouvaient renforcés. Cette tendance s’est développée, on peut le dire, du temps de Hermann Cohen  (mort en 1918) (parfois cité dans l’article sur les contenus  et les les concepts) et jusques et y compris l’époque de Léo Baeck, mort en 1956. Ce grand érudit rabbinique marque la fin du renouveau spirituel et religieux du judaïsme allemand qui avait placé Kant et le kantisme au firmament de la pensée juive...

 

Le présent volume brille par son éclatante richesse. Je ne pourrai pas donner à chaque contribution l’importance qu’elle mérite. Mais je ferai un survol contrôlé de toutes cette richesse, comme par exemple l’étude sur l’idéalisme transcendantal chez Kant, lequel fut le premier à se qualifier de philosophie idéaliste dans La critique de la raison pure...

 

Je salue le texte sur l’idéalisme transcendantal qui éclaire parfaitement les enjeux.  Au fond, si Kant est notre contemporain, il  ne fut ni  totalement celui de ses contemporains ni absolument celui de  sa propre invention. Mais qui pourrait prétendre l’être ?

 

Kant a aussi cherché à aborder la question des relations entre la philosophie transcendantale et la philosophie morale, l’éthique. C’est l’aspect qui  m‘intéresse le plus dans ce contexte précisément. Nous lisons ceci : Kant esquisse l’idée d’une philosophie transcendantale qui n’aborde pas seulement  les objets possibles pour notre expérience sensible mais qui a également affure aux objets monde et Dieu, en tant qu’ils  définissent le cadre pour la transformation de ce monde.  Kant exclut la philosophie morale de la philosophie transcendantale parce qu’elle contient une référence à l’empirie...

 

Ce volume fera date et se penche  sur des problèmes qui gisent au fondement même de l’actualité de Kant et de son criticisme..

 

 

 

 

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