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Sous la direct ion de Mohammed Ali Amir-Moezi,  L’Islam et l’examen scientifique. Une quête renouvelée. Le Cerf, 202

Sous la direct ion de Mohammed Ali Amir-MoeziL’Islam et l’examen scientifique. Une quête renouvelée. Le Cerf, 202

Sous la direct ion de Mohammed Ali Amir-MoeziL’Islam et l’examen scientifique. Une quête renouvelée. Le Cerf, 2024.

 

Ce petit ouvrage est le premier d’une collection qui se donne pour mission de revenir aux fondamentaux de l’islamologie scientifique, et précise que fondamental ne conduit pas, dans ce contexte, au fondamentalisme. Et cette distinction subtile m’a rappelé une conversation  avec Monsieur Jean-Pierre Chevènement,  alors ministre de l’intérieur, donc chargé des  cuites. . Je venais de publier les deux volumes des Lumières de Cordoue à Berlin, paru aux éditions Jean-Claude Lattès... Il m’affirma avoir recommandé le livre à un imam de la Côte d’Azur en soulignant qu’on pouvait revenir au fondement sans sombrer dans le fondamentalisme. Je trouve que cette remarque  pertinente rejoint l’objectif que s’assigne cette nouvelle collection.

 

Une remarque d’ordre plus général : l’islamologie et ses prémisses que l’État français feint de découvrir au cours de ce XXIe siècle, ont été une discipline très prisée au cours du XIXe siècle, de l’autre côté du Rhin ; en soi, ce n’est g ère étonnant puisque les meilleurs orientalistes ont été d’origine allemande, ce qui leur a permis de disposer dans leur langue maternelle des grands textes de la tradition  islamique . Mais on oublie de dire, le plus souvent sans malice mais par semple ignorance, que ce sont des élèves-rabbins, préparant un doctorat en vue d’exercer leurs fonctions pastorales, qui ont brillé dans cette discipline, probablement pour montrer aux autorités politiques chrétiennes que contrairement à leur pratique universitaire restrictive à l’égard des citoyens de confession juive, les Arabes avaient, durant la période médiévale et depuis bien des siècles, intégré leurs juifs à la vie culturelle de leurs pays... D’où une pléthore d’auteurs juifs ayant étudié les textes de la culture arabe, notamment dans les domaines de la grammaire,  de la lexicologie, de la philologie et de la falsafa (traitement islamique de l’hellénisme tardif) ; on peut même placer Maimonide, ses prédécesseurs et ses épigones parmi les promoteurs d’une telle symbiose culturelle judéo-arabe.

 

Au point qu’on a pu  récemment parler à l’IMA  du sujet suivant : Ce que l’islamologie moderne doit aux sages et aux penseurs  juifs. Et, en effet, de Salomon Munk à Georges Vajda en passant par Moritz Steinschneider, Abraham Geiger, Ignoz Goldziher Bernhard Heller  tet tant d’autres, de moindre  (Paris, 1857)importance, la plupart des islamologues européens du XIXe siècle, étaient d’origine juive et de culture allemande.  Georges Vanda m’a dit que le premier livre qu’il a acheté en arrivant dans la capitale française n’était autre que Mélanges de philosophie jouie et arabe de Salomon Munk, futur professeur au Collège de France ?

 

Malheureusement, ces affinités électives entre savants juifs et savants arabo-musulmans n’ont pu être exploitées au plan politique, révélant ainsi la communauté de destin des mêmes langues, de la grammaire, de leur influence et de leur richesse...

 

L’éditeur a raison de  se  plaindre d’une entative d’isoler une certaine science de l’islam, comme il y eut dans l’Allemagne du XIXe siècle une Wissesnchaft des Judentums (Science du judaïsme) qui a subi le même sort, du moins à ses débuts. L’éditeur est aussi fondé à dénoncer le traitement de cette culture arabo-islamique de manière souvent malveillante, mais il ne faut pas croire que tous les maux de l’islam viennent du dehors. On s’est souvent plaint de l’absence des élites musulmanes quand il s’agissait des actes graves ? Mais passons, ce n’est pas là l’essentiel...

 

L’étude consacrée au Coran et à son histoire, permet de voir la grande complexité de la question en elle-même : même le recours aux nouvelles techniques de numérisation ne réussissent pas à réaliser des avancées majeures. Tant de feuillets, plus ou moins substantiels, disséminés dans toutes les bibliothèques  du monde constituent des défis immenses. Comment effectuer le remembrement de tant de sources. ?

 

Pour finir, ce livret est d’une grande richesse et pose les bonnes questions, comme, par exemple, qu’entendons   nous par islamologie aujourd’hui ? Ce n’est sûrement pas ce que vocable véhiculait il y a quelques siècles ou quelques décennies. Il aurait été de bon ton de consacrer une étude à la Wissesnchaft des Judeutms dont tant de livres on été consacrés à la science de l’islam, en allemand Islamkunde... Le terme générique allemand est évoqué  ici en page 110.

 

Pour finir vraiment, je rappelle qu’un jeune rabbin allemand, nommé Abraham Geiger, a soutenu à l’université de Bonn, sa thèse de doctorat sur le sujet suivant : ce que Mahomet a emprunté au judaïsme...

 

L’œuvre fut saluée par la critique et reçut un prix (preisgekrönte Schrift).  Geiger est devenu le père-fondateur du judaïsme libéral et réformé.

 

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