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Hugo, Micheron, La colore et l’oubli : les démocraties face au jihadisme européen. Gallimard, Folio.

Hugo, Micheron, La colore et l’oubli : les démocraties face au jihadisme européen. Gallimard, Folio.

 

Voici un ouvrage qui nous revient, revu et augmenté, et  qui se propose d’analyser en profondeur le phénomène jihaiste :à quelles règles ou conditions obéit ce processus qui pousse un individu sans relief aucun, à tout abandonner pour se jeter corps et âme dans un combat dont il ignorait tout, peu de temps auparavant ? L’auteur examine tous les facteurs qui pourraient expliquer un tel bouleversement... Comment expliquer que même en Suisse alémanique ont surgi  des ihadistes alors que nulle pression religieuse, fanatique ou simplement modérée n’était détectable ? Si j’ai bien suivi le raisonnement de cet auteur, il faudrait supposer une telle accusation à la présence d’éléments salafistes, responsables d’une telle dégénérescence . Comment des gens, nés dans un certain pays ou acquis à sa socio-culture, lui vouent soudainement une haine inexpiable, mus par des mobiles de nature religieuse ?

 

L’auteur cherche aussi quel a bien pu être le facteur déclenchant  capable de provoquer tant de départs vers la zone  irako-syrienne des combats pour implanter le fanatisme et une radicalisation Inconnue  à ce jour ? Est-ce l’invasion  de la Afghanistan, terre musulmane occupée par une entité non islamique, ou tout autre chose, par exemple l’effondrement de l’URSS ?

 

C’est que les fanatiques, les islamistes ne se contentaient pas de s’en prendre aux infidèles pour les convertir à leur propre religion, ils massacraient aussi les musulmans déviants à leurs yeux qu’ ils traitaient d’apostats. C’est donc un franc retour à de prétendues sources bénéficiant d’un incontestable label de pureté orthodoxe. Les non- musulmans n‘étaient  donc pas l’unique cible des jihadistes, il y avait aussi l’interminable cortège de  ceux qui étaient coupables d’hétérodoxe.

 

 

L’auteur  recourt  à des statistiques qui calculent le nombre de radicalisés  dans les grands pays européens  (la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne, etc...) et là les résultats sont surprenants : même dans les pays où la population musulmane passe pour être convenablement intégrée, on voit fleurir la plante vénéneuse du fanatisme religieux. Ce qui signifie que la pensée religieuse n’est pas en cause, à elle seule. Il existe aussi un élément autre, une sorte de catalyseur permettant l’explosion finale, l’engagement en faveur du martyre . C’est le salafisme.  La lutte armée peut aussi se targuer d’avoir dans ses bataillons le tabligh, une pratique religieuse spécifique. Mais certains spécialistes et je ne suis pas du nombre, relativisent cet aspect des choses.

 

En fait, la crise civilisationnelle gît au fondement de ce phénomène et un bon nombre de prédicateurs en ont profité pour peser sur la décision de personnages en quête d’idéaux introuvables dans ce bas monde. Dans ces milieux là, on bascule facilement dans la violence extrême.

 

Petit à petit, ce qu’il faut bien nommer l’internationale se constitue grâce à l’afflux constant  de candidats  au djihad ; on pense évidemment à la ville-frontière de Peshawar d’où partiront bientôt des équipes chargées de répandre la mort et la destruction sur leur passage. Il semble que même le FBI n’ai pas suffisamment prêté attention à ce qui se passait sur place, ni même à ces perpétuelles collections de fonds, y compris aux USA. Ces fonds vont servir à préparer des attentats contre des dirigeants arabes modérés, comme l’Égypte dont le président devenait une cible de prédilection des islamistes. Les circonstances historiques expliquent ce choix car l’Égypte était le lieu de naissance des idéologues musulmans. Mais les terroristes de Peschawar avaient aussi les yeux fixés sur l’Europe e où des groupes réduits sélectionnaient des objectifs à venir... Cette absence de surveillance sérieuse s’explique aussi par la félonie des autorités  pakistanaises dont les services secrets coopéraient à la fois avec les Américains et les islamistes...

 

En dépit de leur impréparation et leur grande diversité, les islamistes constituent au cœur de l’Europe de l’ouest, un espace appelé le Londonistan d’où partiront bientôt des équipes de tueurs. Un fait nouveau apparait alors : un djihadisme endogène, c’est-à-dire incarné par des musulmans nés en Europe, un peu comme des poissons dans l’eau.

 

Est il nécessaire de conclure  ? Il est préférable d’envisager des perspectives d’avenir :que doit faire l’Europe judéo-chrétienne pour se prémunir contre les attaques djihadistes, ou, au moins, les déjouer ? Les sociétés occidentales sont encore trop naïves pour agir efficacement : là où il faut frapper fort, très fort, elles prétendent préserver leur statut d’état de droit...Comment  faire avec de tels ennemis  Plus rien ne  revêt d’importance à leurs yeux, pas même leur vie?

 

On parle d’une Europe qui entend enfin renforcer sa défense, surveiller ses frontières et sanctionner tous ceux qui la menacent. Mais un front nouveau devient de plus en plus inquiétant, c’est la violence endogène, des nationaux européens, nés sur place donc autochtones mais qui optent pour leurs origines musulmanes et rejettent violemment toute ascendance non islamique. C’est du jamais vu du point de vue de la conscience  européenne ! Notamment lorsqu’on constate que la violence religieuse est de plus en plus fréquemment incarnée par des femme lors de la préparation  d’attentats. Tout est à revoir. Mais nous n’avons pas le choix, il faut gagner cette guerre, car c’en est une.,

Hugo, Micheron, La colore et l’oubli : les démocraties face au jihadisme européen. Gallimard, Folio.

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