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Albert Camus.  Actuelles II. Une morale est possible. 1945-1953   Gallimard

Albert Camus.  Actuelles II. Une morale est possible. 1945-1953   Gallimard

Albert Camus.  Actuelles II. Une morale est possible. 1945-1953   Gallimard

 

Avec  ce sympathique recueil d’articles, de lettres et autres menus travaux, on replonge en arrière, au point  de  rappeler cette philosophie des classes terminales qui avait jadis les faveurs de nos professeurs de philosophie. Depuis, les temps ont changé mais ces vieux textes  ont tout de même cnservé une partie de leur charme.

 

C’est le cas de cette analyse de la haine et du mensonge, des couples antinomiques dont le but était d’exercer notre sens critique. A-t-pn le droit de servie la justice par la violence ? Que faut-il penser des traitres qui se sont soumis à l’occupant nazi et n’ont pas manqué de dénoncer les membres de la Résistance à la Gestapo ? Faut-il tout oublier ou, au contraire, réclamer des comptes afin que nul ne puisse l’emporter au paradis, après avoir commis bien des vilénies. Et on en arrive au thème majeur qui a donné son nom à l’ensemble :  Une morale est possible ? Vraiment ?

 

Voici une citation qui résume bien la pensée de Camus :

 

Mais la vérité est à construire. Comme l’amour, comme l’intelligence.. Rien n’es nit donné ni promis, en effet, mais tout est possible à qui accepte d’entreprendre et de risquer.. C’est ce pari qu’il faut tenir à l’heure où nous  étouffons sous le mensonge, où nous sommes acculés notre le mur ; il faut tenir avec tranquillité mais irréductiblement, et les portes s’ouvrions.

 

C’est l’écho d’une réminiscence des Évangiles : Frappez et on vous ouvrira...

 

Il faut se souvenir que ce volume couvre  des écrits allant de la fin de la Seconde Guerre mondiale au début des années cinquante. La France émerge tout juste des méfaits de l’Occupation et  les destructions tant en hommes qu’en matériels sont énormes. Dans certains départements on en est toujours aux tickets de rationnement. Les pertes sont gigantesques, les populations se tournent vers les élites pour en recevoir des instructions et la voie à suivre. On peut  se replonger dans le registre religieux, mis cela ne suffit plus puisque des nations authentiquement chrétiennes se sont n’entre-déchirées  durent de longues années et aucune autorité n’a pu les ramener à la raison..

 

On lit aussi les échanges portant sur une polémique autour de la place du  nihilisme. La  vie vaut elle la ,peine d’être vécue ? Après les déchirements de l’Europe, ne pouvait-on pas considérer cette guerre comme la fin de toute morale, la victoire du nihilisme ? Camus a été la cible de quelques uns qui l’accusèrent d’avoir déclaré morte toute recherche d’une morale, d’une éthique...

 

Fallait il châtier les collaborateurs et les traitres ou devait on jeter le manteau de Noé et fermer les yeux dans le but de cicatriser les plaies ? Toutes ces problématiques et bien d’autres encore occupaient les esprits   ce début d’année 1951. Et bien évidemment, cela donna lieu à quelques célèbres c controverses entre penseurs, écrivains crains et hommes politiques.

 

L’après-guerre a placé nombre d’intellectuels devant leur responsabilité : devaient ils fournir un nouveau système de pensée, voire une philosophie, susceptible d’aider les populations belligérantes,  à remonter la pente, à croire de nouveau en des  idéaux que la guerre mondiale avait sérieusement mis à mal ?

 

Camus, pris à parti de plusieurs endroits à la fois, a réplique qu’il n’était jamais considéré comme un philosophe. La classe intellectuelle proprement dite avait concentré ses critiques sur L’homme révolté ; était ce la solution ou fallait il renoncer définitivement à la production d’une morale ? La vie méritait elle d’être vécue ou fallait abdiquer toutes les valeurs philosophique et religieuses ?

 

Ce sont là les  questions qui constituent la trame de ce recueil. Assurément, on peut penser que ce sont des sujets qui datent et n’ont plus d’acuité comme il y a plusieurs décennies. Des penseurs comme Sartre n’ont pas manqué de traiter avec un certain mépris l’œuvre morfala de Camus. Sauf erreur de ma part, c’est l’auteur de L’être et le néant qui a utilisé la formule utilisée plus haut,« philosophie des classes terminables». Mais c’est bien dans ces cercles scolaires  que nous avons tous lu ces œuvres de Camus.

 

Est-ce que ce débat n’est plus d’actualité ? Je n’ose me prononcer mais je reconnais que la lecture de ce livre a éveillé en chacun de nous une certaine nostalgie : le couple  mythique Sartre-Beauvoir, le débat autour de l’existentialisme dans sa relation avec l’humanisme, etc...  Une absence me frappe depuis un certain temps, celle de la Transcendance, de la Révélation, deux notions qui ont toujours eu les faveurs de la pensée d’outre-Rhin. Depuis Lessing et Mendelssohn la pensée religieuse a  été mieux traitée en Allemagne qu’en France. Des gens aussi importants que les pensionnaires du Stift de Tübingen, comme Hölderlin, Fichte et quelques autres Expliquent une telle différence de traitement. La pensée germanique a placé la Bible au centre de la spéculation philosophique contemporaine On est loin du compte en France où un certain aveuglement a conduit à une attitude inverse.

 

Portant, la littérature biblique contient maint  philosophème ; notamment la nature du mal, la théodicée, la vertu dans le livre de Job ou l’appel au secours dans les Psaumes.  Une meilleure compréhension de toutes ces notions aurait  peut-être apporté un apaisement aux révoltés de tous les temps.

 

 

 

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