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  • Fr Fillon et Le Pen : le geste de trop de la part de l’institution judiciaire ?

     

    Fr Fillon et Le Pen : le geste de trop de la part de l’institution judiciaire ?

     

     

     

    Cette campagne présidentielle ne ressemble à aucune autre. Deux poids lourds, les deux à être presque certains de figurer au second tour sentent l’épée de Damoclès de la justice peser sur leur tête Mais depuis vendredi soir, les choses se sont accélérées au point d’indisposer gravement l’opinion, toutes tendances confondues. Les gens n’acceptent pas que les juges prennent l’élection, leur élection, en otage, et tentent volontairement ou involontairement, d’en fausser les résultats, par une mise en examen, par exemple, ou en renvoyant le cas Fillon devant trois magistrats chargés d’approfondir les enquêtes…

     

     

     

    Les commentateurs avisés dont je ne suis pas relèvent que le communiqué du PNF laisse transparaître une certaine gêne puisqu’il reconnaît ne pas avoir suffisamment d’éléments à l’heure actuelle afin d’aller plus avant. Mais qu’il y a des charges, des indices concordants incitant l’institution à ne pas clore le dossier… Cela masque mal un certain malaise.

     

     

     

    Le non juriste que je suis ne comprend pas bien et il semble qu’il ne soit pas le seul. On subodore derrière toute cette agitation non point seulement une instrumentalisation de la justice mais une volonté de ralentir, voire de bloquer un processus qui, s’il venait à se confirmer, renverrait Fillon et Le Pen au second tour de l’élection et marquerait l’élection de Fr. Fillon.

     

     

     

    Les commentateurs les plus impartiaux s’interrogent sur l’opportunité qu’il y avait à annoncer la nouvelle de la transmission du dossier Fillon à trois magistrats du pôle financier, un vendredi soir alors que le candidat tenait un meeting dans une banlieue de l’Île de France. N’aurait on pas pu attendre lundi matin ? Les juges allaient ils se mettre au travail le soir même, veille de week end ?

     

     

     

    Selon d’autres commentateurs qui se répandent sur les réseaux sociaux et les stations de radios, cette décision va conduire les électeurs à faire bloc autour de leur candidat, et ce tant pour Marine Le Pen que pour François Fillon. Ils jugent inadmissible cette ingérence de la justice dans une élection, et surtout une élection de cet ordre.

     

     

     

    La justice n’est cependant pas démunie d’arguments : si elle doit requérir, elle peut le faire à tout moment pour peu qu’elle en décide sur la foi d’éléments nombreux et concordants… Est ce la cas aujourd’hui ? Nul, hormis les magistrats ne connaît à fond les dossiers. Mais la question demeure au plan théorique. Enfin, il y a dans cette affaire deux temporalités, l’une judiciaire, l’autre politique et médiatique à la fois.

     

     

     

    Mettre à mal l’un de ces deux candidats reviendrait aux yeux de millions de Français, à fausser le résultat de l’élection et ces mêmes millions de citoyens considèreraient qu’on veut les frustrer de leur victoire : rappelons que Marine Le Pen semble depuis le début indétrônable et que les partisans de François Fillon jugeaient cette élection imperdable, il y a tout juste quelques petites semaines. Le caractère systématique des attaques et la minutie avec laquelle de nouvelles pièces sont jetées en pâture, laissent singeur…

     

     

     

    Enfin, d’aucuns repèrent dans cet embrouillamini une volonté de favoriser un troisième candidat qui jusqu’à présent, semble épargné par la tourmente, même si les caciques ne jurent de rien, faisant valoir qu’en deux mois, il peut se passer tant de choses.

     

     

     

    Les juges font leur travail mais ce ne sont pas les juges qui font l’élection. Il faut faire très attention car il y va de leur crédibilité et de l’équilibre des pouvoirs. Il ne faut pas chercher à peser sur une élection. L’institution judiciaire est déjà mise à mal par tant de choses, il ne faudrait pas que cela aille en empirant. On a déjà connu un cas où un candidat soupçonné par la justice a déjoué tous les pronostics et a fini par élu à la présidence.

     

     

     

    La justice a la mémoire longue. Qu’elle agisse intelligemment, c’est-à-dire en évaluant toutes les forces en présence. Et surtout en faisant de la présomption d’innocence l’alpha et l’oméga de son action.

     

     

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 26 février 2017

     

  • Israël à la croisée des chemins (al parashat derakhim)

     

     

    Israël à la croisée des chemins (al parashat derakhim)

     

     

     

    La question des habitations à construire dans des territoires sous administration israélienne mais non reconnus par l’ONU occupe tous les esprits en Israël.

     

     

     

    Voici de quoi il s’agit : peut on intégrer à l’Etat hébreu plus de deux millions d’Arabes en annexant ces territoires ? N’irions nous pas vers un Etat binational comme le préconisait Martin Buber sa vie durant ?

     

     

     

    Les partisans de la droite israélienne pensent qu’on peut s’en accommoder tout en conservant les structures sionistes de l’Etat juif. A quoi leurs adversaires objectent qu’il n‘en sera rien et que c’est juste une vue de l’esprit. Israël resterait ce qu’il est, même s’il devait administrer une si forte population non juive.

     

     

     

    L’avenir d’Israël en tant qu’Etat juif va donc se jouer dans les mois et les années qui viennent. Sauf si une nouvelle majorité venait à se dessiner et à faire pencher la balance dans une autre direction.

     

     

     

    Est ce que la solution dite de deux états est réaliste ? Certains considèrent qu’un Etat palestinien arabe ne serait qu’une étape sur la voie de la reconquête totale. Mais depuis les déclarations de D. Trump, certains comme le président égyptien considèrent qu’on pourrait créer un Etat palestinien au sud de Gaza dans le Sinaï égyptien, largement désertique et attendant d’être repeuplé.

     

     

     

    Mais voit on vraiment les Palestiniens en haloutsim ? Les voit on faisant refleurir le désert comme le firent les pionniers de la fin du XIXe siècle ?

     

  • Le phénomène Macron…

     

    Le phénomène Macron…

     

    Voilà un cas intéressant, à l’intersection de plusieurs domaines : la politique spectacle, l’inspiration messianique, variante religieuse de l’homme providentiel, la médiatisation, et surtout un ingrédient qui n’a pas son pareil, l’absence de programme, un flou savamment entretenu par un homme qui ne se dit ni de droite ni de gauche, mais d’ailleurs, un ailleurs comme dirait Raymond Barre qui ne se trouve nulle part.

     

    Mais comme dans toutes les choses qui n’ont pas de contenu, les faits finissent par se venger. Il y a depuis quelque temps un inquiétant tassement des sondages et un début de remontée de François Fillon qui a dit une phrase qui fait la manchette du Figaro, la victoire ! Depuis l’avalanche de révélations sur ses emplois de membres de sa famille, c’est la première fois que le candidat adoubé par des millions de Français parle de victoire. Il a bénéficié des conseils avisés de son ancien patron et a réenclenché une dynamique qui devrait être prometteuse.

     

    Et puis il y a une dynamique qui nous échappe, tant elle est mystérieuse mais qui est agissante, comme si, dans les coulisses, un état des choses tirait les ficelles : Marine Le Pen et Emmanuel Macron se combattent férocement et la lutte ne fait que commencer. Nul doute que François Fillon finira par en être le bénéficiaire. Les deux candidats pourraient se neutraliser. Attendons et voyons.

     

    Mais revenons sur le cas Macron qui concentre sur lui un flot de critiques mais qui a tout de même, avec rien, absolument rien, bâti, à lui seul, un nouveau canal de communication avec les Français. Cet afflux des Français vers Macron s’explique par un désarroi : le missile anti-Fillon qui a atteint de plein fouet la campagne des Républicains, a pris tout le monde au dépourvu. Les électeurs, frustrés par la justice de leur candidat, ont mis du temps à reprendre leurs esprits, tant l’assaut avait été furieux et savamment mis au point. François Fillon est un ressuscité, nul autre que lui que lui n’aurait survécu à une telle attaque. Laquelle a donné des ailes à Macron qui vient de commettre sa première faute, lourde de conséquences : l’accusation contre la France de crime contre l’humanité en Algérie. C’est absolument inouï, c’est la première fois qu’un candidat à l’élection présidentielle ose porter contre le pays qu’il veut diriger, une telle accusation.

     

    Il est évident que E. Macron fera bientôt face à deux défis de taille ; la présentation d’un programme digne de ce nom et la disparition des effets nocifs de cette accusation sur sa campagne.

    La politique est un jeu cruel, imprévisible et surprenant. On ne manquera pas de le constater très prochainement.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 19 février 2016