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  • Reflexions sur une cérémonie d’investiture

     

    Reflexions sur  une cérémonie d’investiture

     

    J’insiste bien sur le terme cérémonie, même au pluriel et ne vise nullement l’investiture en soi, per se pour parler comme les philosophes. Ce matin, dimanche  14 mai, je me suis astreint à suivre cette cérémonie diffusée à la télévision depuis au moins 8 heures . Je ne pouvais pas y échapper car toutes les grandes chaînes s’étaient donné le mot et toutes avaient accueilli un quarteron de journalistes, plus ou moins inspirés (et plutôt moins que plus) qui faisaient du remplissage pour occuper l’antenne. Les inévitables responsables de l’information étaient là et y allaient de leur couplet. Là où l’attente devint insupportable, ce fut durant l’entretien des deux présidents, l’ancien ne se résolvant pas du tout à la fin de son mandat, par peur du vide sidéral qui l’attendait. Après tout, il y a une justice immanente. Souvenons nous de cet adage de la Mishan : ba midda shé ha adam modéd modedim lo…

     

    Qu’on ne se trompe pas sur la sévérité du propos, mais permettons à un philosophe de rendre ses lecteurs attentifs à des contradictions de plus en plus criantes entre ce qu’on dit, ce qu’on offre et ce que l’on fait.

     

    Emmanuel Macron auquel on souhaite un bon quinquennat pour lui-même et pour la France a clamé haut et fort son désir de changement, sa volonté de faire table rase du passé. Il s’est même donné pour objectif de laminer ensemble, droite et gauche, afin de libérer la vie politique et économique de ce pays. Et que voyons nous au cours de cette même journée ? Des cérémonies d’un autre âge, une foule de politiciens, de hauts fonctionnaires et d’apparatchiks âgés, devenus incontournables. On voit aussi une foule de soldats en grande tenue, la garde républicaine sabre au clair, une cérémonie pompeuse, solennelle, surannée et de surcroît coûtant assez cher. Dans quel but ? Pour faire vivre l’ancien système que l’on prétend combattre…

     

    Ce sont des contradictions dont le nouveau président devra se défaire. Je l’ai entendu dire qu’il ne variera pas concernant les mesures qu’il a promis de prendre. Nous allons voir. Mais restons encore sur cette cérémonie d’investiture où les journalistes et les figurants de toutes sortes s’en sont donné à cœur joie pour rien. Absolument pour rien.

     

    Au fond, une cérémonie intimiste entre les deux présidents, le nouvel arrivant et le partant, enfermés dans simple bureau en présence du président du conseil constitutionnel. Le discours du nouveau président serait alors transmis en direct sur les ondes et à la télévision.

     

    On en est loin, très loin. Avez vous remarqué la cour de l’Elysée, pleine de monde, regorgeant de soldats, de journalistes, de télévisions, de radios, bref les medias du monde entier pour un non événement. Et ce n’est pas fini, il faut remonter la plus belle avenue du monde, la redescendre (dans un véhicule militaire !), s’arrêter pour serrer quelques mains, revenir au palais présidentiel car il faut tout de même se restaurer, repartir vers 17 heures à la mairie de Paris. Et c’est reparti pour des serrages de main, des saluts, etc…

     

    Franchement, en cette période d’économies, d’état d’urgence et d’agitations sociales de toutes sortes, ne serait il pas temps de cesser de confondre grandeur et boursouflure ? Ne serait il pas temps de cesser toutes ces manifestations qui ne servent à rien ? Combien coûte cette représentation ? Des centaines de milliers d’Euros, voire plus. Et dès demain lorsque les salariés vont peupler les rues de France, on leur refusera les quelques dizaines d’Euros d’augmentations qu’ils réclament à cor et à cri.

     

    Ces attitudes passéistes tranchent avec la volonté affirmée du nouveau président de changer tout cela. Le monde entier se moque de nous, en raison de cette inimitable façon que nous avons de nous prendre au sérieux, de croire que la France est le nombril du monde et que nous sommes les meilleurs.

     

    Cela fait belle lurette que nous sommes une grande puissance de taille moyenne (Heny Kissinger), rien de plus. Or, ces cérémonies  font penser à une royauté, un peu comme Louis XIV à Versailles. Or, nous n ‘en sommes plus là. IL est donc temps de le comprendre et d’amorcer un changement salutaire en direction de plus de sobriété : plus de passages de troupes en revue, plus de défilés, plus de remontée ni de descente en véhicule civil ou militaire…

     

    On a un nouveau président. Très bien. Tout le monde le sait. Nul besoin d’en rajouter.

     

    MRH

     

  • Les Français et le saut dans l’inconnu…

     

    Les Français et le saut dans l’inconnu…

     

    Que va t il se passer d’ici quelques heures ? Les Français auront un nouveau chef d’Etat qui va présider la France pendant cinq ans au moins, mais va t il la gouverner ? Pourra t il la gouverner alors qu’il n’a aucune majorité parlementaire et que les différents partis traditionnels, rejetés par les électeurs, rêvent de lui imposer leur loi et de se saisir du gouvernail.

     

    J’ai passé une partie de ce week end pluvieux à lire et à réfléchir. La plupart des gens vus et entendus à la télévision ou à la radio disent ne savoir que faire : certains, les plus nombreux, vont s’abstenir, d’autres veulent glisser un bulletin blanc dans l’urne, d’autres enfin disent voter pour le candidat d’En Marche à la seule fin de bloquer Marine Le Pen.

     

    Une contribution m’a singulièrement ébranlé ce samedi matin, c’est la tribune du Dr RUFIN, membre de l’Académie Française, qui répète presque dix fois dans une tribune d’une demi page du journal Le Monde : Monsieur Macron, vous êtes haï… Qu’est ce à dire ? L’auteur de cette tribune libre n’exprime une position personnelle, il veut signifier à Monsieur Macron que les gens qui vont voter pour lui le feront à leur corps défendant, ce ne sera pas un vote d’adhésion mais de barrage contre MLP. Il faut reconnaître que le pays tout entier vit une aventure inédite : il a mis au second tour deux individus pour lesquels il veut voter en se bouchant le nez ou en fermant les yeux…

     

    Alors, les électeurs sont ils devenus fous ou sont simplement exaspérés ? Comme s’est-on soi-même mis dans une situation qui paraît inextricable ? Est ce que les électeurs ne croient plus en rien ? Désespèrent-ils désormais de la politique dans son entier ou simplement des partis traditionnels, ce qui, en soi, est déjà un tremblement de terre.

     

    Le problème restera entier, même si les jeux sont faits, les dés jetés. Ceux qui ont éliminé François Fillon de la compétition portent une lourde responsabilité. Ils ont contraint les Français à couper tout lien avec le processus électoral normal. Comment réagissent des millions de gens lorsqu’ils réalisent qu’on les a frustrés de leur premier choix et qu’ils n’ont plus qu’à se résigner à voter pour un candidat qu’ils n’aiment pas ? Probablement violemment, mais pas tout de suite. Je pense qu’il faut interpréter ainsi l’article du Dr Rufin dans Le Monde.

     

    Reposons nous la question : pourquoi avoir donné congé aux partis traditionnels pour promouvoir des extrêmes et dire ensuite : on ne sait plus pour qui voter… La réponse n’est peut-être pas si difficile que cela : le discrédit total de la politique telle qu’elle se pratique depuis plus de trente ans.

     

    Les Français ont cassé les règles d’un jeu qu’ils n’acceptent plus. Cette surdité, cet autisme du monde politique qui ne se soumet qu’avant les consultations pour séduire les électeurs et agir ensuite comme bon lui semble, est désormais mort et enterré. Et E. Macron ferait mieux de s’en souvenir. Le Dr Rufin lui conseille même de se méfier des courtisans de son entourage qui pourraient, comme tous les courtisans, lui masquer la réalité du pays. Sa situation intérieure, ce qui n’a rien à voir avec les sondages.

     

    Il me semble que, le résultat de la présidentielle étant pratiquement réglé, tout le monde va se tourner vers les législatives. Si les Français persistent dans cette schizophrénie politique, ils émietteront la majorité en plusieurs factions opposées, rendant le pays ingouvernable. S’ils s’assagissent ou s’ils sont touchés par un éclair de la Grâce, ils donneront au nouvel élu une majorité relative.

     

    Certains observateurs notent que Macron présidera mais ne gouvernera pas. Je crois deviner ce qu’ils veulent dire. Mais pourra t il tenir cinq ans ? N’allons nous pas entrer dans une zone de turbulence, d’instabilité politique, comme avant 1958 ? Mais où est le nouvel Charles de Gaulle qui nous reconduira dans le droit chemin ? Ou quel sera le nouveau Moïse qui, comme le dit Martin Heidegger, sera le berger de l’être ?

     

    Le résultat des élections législatives risque d’être plus important que celui de la présidentielle puisque, nous nous répétons, les jeux sont faits. Il est évident que le parlement qui sera élu ne ressemblera en rien au précédent. Je note tout d’abord que les grandes phalènes l’auront déserté de leur plein gré en ne se représentant plus. Cette attitude n’est pas dictée aux intéressés par la sagesse, elle est le signe d’une crise profonde mais c’est aussi une chance, puisqu’il y aura un renouvellement.

     

    Combien de députés pour les Insoumis et combien pour MLP ? Si ce sont les extrêmes qui l’emportent, le pays sera ingouvernable et M. Macron devra changer d’attitude et se plier aux anciennes règles. S’il a une majorité d’idées ( du style d’Edgar Faure), ce sera jouable mais aussi aléatoire…

     

    Mais le plus grave, c’est qu’on n’a plus envie d’aller voter. On ne peut pas voter par pure opposition : on ne vote pas pour tel candidat parce qu’on rejette l’autre !

     

    Une dernière remarque : les mobilisations des personnalités du monde de la culture ou du sport, voire même du monde économique, ne servent plus à rien. La réunion à la Maison de la chimie n’eut pas le succès escompté. Il faut du nouveau.

     

    La France d’en haut s’est laissée surprendre. Elle reçoit la vague en pleine figure car, une fois de plus, elle n s’y était pas préparée, elle ne s’y attendait pas…

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

  • L'élection présidentielle de dimanche

     

     

    L’élection présidentielle de dimanche

     

     

     

    On n’avait encore jamais vu cela : plus de 50% des électeurs qui se déclarent prêts à voter pour E. Macron avouent ne le faire qu’en vue de barrer la route à Marine Le Pen. En clair, cela signifie que le futur élu sera très mal élu. Nul ne pourra contester sa légitimité mais il n’aura pas le soutien populaire. Curieusement, les gens qui furent en 2002 confrontés au même choix n’osaient pas exprimer si ouvertement envers Chirac comme ils le feront 15 ans plus tard pour Marcon.

     

     

     

    Parfois, je me demande s’il n’eut pas été préférable de reporter l’élection car cette élection a été viciée à la base : l’entreprise de démolition du candidat Fr Fillon a incontestablement ouvert la voie à Macron. Je n’insinue pas qu’il est pour quelque chose dans l’élimination de ce candidat mais il est incontestable que celui lui a profité.

     

     

     

    Ces mains anonymes qui se sont permis de monter tout ce dossier contre un candidat ont frustré le peuple française de leur candidat et de leur victoire. Je n’ai jamais vu autant de gens reconnaître qu’ils vont voter presque sous la contrainte, faute de mieux et parce que leur candidat préféré n’est pas au second tour. Le résultat de cette élection s’en trouve faussé.

     

     

     

    Une dernière remarque concernant la personnalité et le programme de Marine Le Pen.

     

     

     

    Il est assez ahurissant de voir que le monde entier se ligue contre elle, lui prête de noires arrière-pensées qu’elle n’a peut être pas ; tous les grands organes de presse s’en prennent à elle, oubliant qu’elle a obtenu près de 7 millions et demi de voix.

     

     

     

    La vraie question qui n’est hélas jamais vraiment posée est la suivante : que devons nous faire de tous ces millions de compatriotes qui ont jeté leur dévolu sur une candidate que nombre de gens vouent aux gémonies ? Oui, devons nous dire que ceux qui ont voté pour elle sont de mauvaise Français ? Cela risque de faire du monde…

     

     

     

    En fait, la France est inquiète depuis de nombreuses années. Elle ne fait plus confiance aux partis traditionnelles qui ne l’écoutent qu’à l’heure de leur renouvellement de mandat. Désormais, ce petit jeu est révolu. Mais est ce MLP qui en est responsable ? Non point.

     

     

     

    Cette levée de boucliers contre une candidate et un parti politique n’est pas bonne. Qu’un président soit élu démocratiquement, c’est bien, mais dans lec as qui nous occupe, ce ne sera pas le cas. Et c’est bien dommage, car en d’autres temps, il aurait eu toutes ses chances d’être un candidat bien élu.