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Philo - Page 2

  • CONFÉRENCE À LA MAIRIE DU XVIE ARRONDISSEMENT

                           

     

     

     

        CONFÉRENCE À LA MAIRIE DU XVIE ARRONDISSEMENT
                           LA FEMME ET LE MONOTHEISME ; LE CAS DU JUDAÏSME
                    le jeudi 15 mai 2008 à 20h 15


    LA FEMME ET LE MONOTHEISME : LE CAS DU JUDAÏSME

        Les trois religions monothéistes n’ont pas accordé aux femmes une place de choix. Même au niveau du sexe de la divinité, comme le rappelait Ernest Renan, le mot déesse serait en hébreu un barbarisme. La même chose vaut de la langue arabe. Pour le christianisme qui a converti l’immense majorité du monde gréco-latin, l’adjonction d’un statut spécial pour Marie, «mère de Dieu» a quelque peu modifié la donne… Il demeure, malgré ce que va lie, infra sur «femmes d’Evangile»
        Dans la Bible hébraïque, on se souvient de la malédiction prononcée à l’encontre d’Eve, responsable de la chute car ayant induit son époux en tentation pour manger du fruit interdit. Certes, il y a quelques fois des actes de bravoure et de grand courage effectués par des femmes (Sara, Sephora, Myriam, Debora, Judith, etc…) mais dans l’écrasante majorité des cas, le beau rôle revient à l’homme. Il y a aussi, ne l’oublions pas, la belle supplique d’Anne, la mère du prophète Samuel, qui est devenue le parangon de la prière en général.

    Introduction :
    Jamais les femmes n’ont eu le droit de formuler la halacha, pas même celle les concernant  Nedarim 50b : une femme qui ose parler de halacha devant rav Juda finit mal…
    Bien que l’homme ait le pouvoir discrétionnaire de divorcer de son épouse, la loi rabbinique a établi des garde-fous au bénéfice de la femme :
    a)    la halacha (règle normative) prévoit toute une série de procédures qui, sans empêcher l’homme de divorcer de sa femme,  cherchent à limiter les séparations dans le feu de la colère.
    b)    Le talmud introduit des cas où la femme peut contraindre le mari à demander le divorce.
    c)    Les rabbins ont aussi introduit l’idée de l’acte de mariage, la ketubba (contrat de mariage) qui donne une assurance aux femmes.
    d)    Enfin, à l’époque de la première croisade, Rabbénu Gershom interdit de divorcer sans le consentement de l’épouse. Pas de répudiation pure et simple.

    La plupart des rabbins, et notamment  rabbi Abraham ben David (XIIIe-XIVe siècle), ont toujours insisté sur la nécessité pour l’homme de satisfaire les demandes sexuelles de son épouse…

    Kiddushin 33b : les Sages du Talmud ont énuméré une série d’obligations religieuses positives (le séjour dans la sukka la fête des cabanes), , le lulav (la branche de palmier), le port des franges rituelles,, l’audition du shofar (sonnerie de la corne de bélier) et le port des phylactères) dont les femmes sont dispensées. Des commentateurs plus tardifs (e.g. Rabbi David ben Joseph Abudarham (XIVe siècle) ont motivé cette dispense en arguant des servitudes de la femme au foyer : prise entre la nécessité de satisfaire les demandes de l’époux et les injonctions divines, ce sont ces dernières qui cèdent. On ne pouvait  contraindre la femme au respect des règles religieuses à date fixe: la prière quotidienne, le port des tefillin, la résidence dans la sukka. Mais le même folio talmudique stipule qu’il existe aussi des préceptes non assujettis au temps et dont les femmes sont exemptées : l’étude de la Tora, la procréation et la rédemption du premier-né…
        Le fait que la femme soit dispensée de certains commandements qui ne sont pas à date fixe permet de penser que les hommes l’ont graduellement exclu de l’espace religieux public : l’étude de la Tora, la lecture du Pentateuque et la récitation des prières…
        Comment s’explique cette inégalité de traitement ? Celle-ci semble déjà implicite dans le récit de la création : dans une première version, la femme est créée à égalité avec le mâle, à l’image de Dieu tout comme lui, et plus tard, elle est issue de sa côté, ce qui est un mythe moins valorisant…

        LE PRINCIPE DE L’EXEMPTION DES FEMMES DE L’ACCOMPLISSEMENT DES PRÉCEPTES ASTREINTS À UNE HEURE FIXE N’EST DONC NI GÉNÉRAL NI UNIVERSEL PUISQU’IL SOUFFRE TANT D’EXCEPTIONS.
       
    a) La prière est un valeur religieuse fondamentale : comment en dispenser les femmes ? de la Mishna à Maimonide en passant par les tossafistes, tout le monde souligne que la femme doit prier, même si nous savons, que dans les faits, elle n’avait guère le temps de le faire et donc, ne le faisait pas.
    Le cas de la prière de la femme est réglée en disant que celle-ci peut adresser une sorte de pétition privée en commençant sa journée. Même pour la lecture du rouleau d’Esther, très peu d’autorités rabbiniques permettent à la femme de compter dans le quorum liturgique exigé… Or, le talmud fait obligation à tous (femmes et hommes) de participer à la lecture de la megillah puisque tous en ont bénéficié et qu’il convient de donner à la miraculeuse victoire des juifs le plus de publicité possible…
        b) la lecture de la Tora :
    Megilla 23a semble accorder ce droit aux femmes mais spécifie que ce ci ne se fait pas en raison du respect dû à la communauté (mi-pené kevod ha-tsibbur). Qu’est-ce à dire ?
        c) l’étude de la Tora.
    En fait et en règle générale, les rabbins sont toujours tenté de donner une logique juridique à la réalité sociale. Ketubot 62b mentionne le cas de Rachel qui, issue d’une riche famille, a tout perdu pendant  24 ans, la durée de l’étude de son mari, Rabbi Aqiba, qui, alors était ignorant de tout avant de devenir le plus grand érudit du judaïsme rabbinique. C’est seulement après cette dure épreuve qu’elle retrouva son statut d’antan.
    La règle générale est que la femme ne doit pas étudier la Tora en profondeur mais permettre aux hommes de sa famille de le faire : ainsi, elle prend part à leur mérite…
    Mais peuvent-elles, de leur propre initiative, étudier ? Oui, car exemption ne signifie pas exclusion…Curieux !
    Rosh ha-Shana 33a nous informe que Michal, la fille du roi Saül avait l’habitude de mettre les tefillin sans susciter la protestation des Sages, mais Moshé Isserlès de Cracovie dans son commentaire du Shulhan Arukh dit ; je proteste là contre…
     
    Le mariage :
    Au fond, la Bible n’énonce aucune procédure, ni rituel pour le mariage. Elle en vient directement au fait, c’est-à-dire à la vie intime partagée, contenue dans la notion de prendre (la-qahat). Or, ce terme, que connote-t-il : l’acte de se marier avec cérémonies et décorum, ou l’action de posséder physiquement une femme ? La tradition ultérieure a voulu renforcer les  droits de la femme et de sa famille en instaurant la cérémonie de la huppa (le dais nuptial) et les kidduhin (consécration d’une femme à un seul homme, à l’exclusion de tous les autres). Signalons que l’inverse n’est pas valide : l’homme est censé avoir des relations intimes avec toute autre femme NON MARIéE. Par la suite, la halacha , la règle normative juive, a mis suffisamment d’obstacles sur la voie de maris inassouvis et rendu la polygynie impraticable … Déjà, Sanhédrin 21a stigmatisait le travers du roi Salomon qui aurait eu 1000 femmes, cela le détournait d’une bonne gestion des affaires du royaume…
    Le Talmud constate trois modes d’acquisition (ba-mé ha-isha niknit) (on reviendra sur ce vocable) d’une épouse : par de l’argent, par un contrat ou par des relations sexuelles. Mais par la suite, lorsque la conscience religieuse hébraïque s’est  affinée et que les mœurs se sont adoucies, on a expliqué que le consentement de la jeune fille et de sa famille étaient nécessaires. Le texte de la Mishna dit «comment est-elle acquise, ou comment acquiert-on ?» Il n’est pas dit «j’acquiers…» (Kiddushin 2a), ce qui serait le règne de l’arbitraire. De plus en plus, on assimila la méthode des relations intimes à de la prostitution et Maimonide signifie clairement dans son Mishné Tora, Seder Nashim, hilkhot Ishut 3 ; 21-22) que le mariage par le moyen de relation sexuelles est déconseillé, même, ajoute-t-il, si la Mishna le recommandait Ce qui prouve la capacité d’évolution d’une tradition vivante.
    En fait, la législation n’a fait que rattraper l’évolution des mœurs : on redoutait, surtout dans le cercle des famille, les nesi’ut séter, le mariage en cachette. C’est aussi pour cette raison que les familles ont exigé que la cérémonie des kiddushin (consécration) et des nissu’in (mariage concret) se suivent immédiatement.  Le cas de la toute jeune fille de Naresh ( (Yebamot 110a) est édifiant : promise à un très jeune âge à un enfant (donc par la cérémonie des kiddushin) la jeune fille fut séduite par un autre qui la ravit à son rival… Que fallait-il faire ? Pouvait-on considérer qu’elle était déjà mariée et quil fallait un divorce, c’est-à-dire une lettre de répudiation ? On imagine l’imbroglio jurudico-éthique si la promesse avait été concrétisée par des relations sexuelles… Car l’acquisition par une somme d’argent pouvait être annulée par un tribunal qui avait à sa disposition un panel de mesures, mais dans l’autre cas ?
    On sent bien, dans toute cette affaire, que la femme passe de la tutelle de son père à celle de son mari. Voici ce que dit le traité Sota 20a) : une femme préfére être pauvre mais mariée que riche et célibataire…

    Le divorce :
    Au fond, et malgré des réajustements successifs au cours des siècles, le divorce est resté une prérogative masculine, la plupart du temps.
    La Bible ne s’arrête pas trop sur la question, comme pour le mariage elle se contente de quelques versets, en Deuteronome 24, 1-4. Elle utilise une curieuse expression assez difficile à traduire et qui a suscité tant de commentaires talmudiques : si un homme découvre chez son épouse ERWAT davar, en hébreu «une nudité de quelque chose». S’agit d’un défaut, d’une inconduite, mais de quelle nature ? Les talmudistes envisagent toutes les possibilités qui vont l’infidélité conjugale à une incapacité culinaire (sic !)
    Les deux grandes écoles juridico-exégétiques de Hillel et de Shammai s’affrontent pour proposer leur interprétation de cette expression controversée erwat davar. On prend davar pour un adjectif, ce n’est pas de la bonne philologie hébraïque. Après des discussions qui illustrent bien le sérieux judaïque critiqué par Renan, on adopte l’interprétation de Hillel, la plus indulgente.
    Mais comme c’est l’homme qui a l’initiative, le Talmud spécifie que la ketuba a été imposée à l’homme afin qu’il ne divorce pas sur coup de tête ni un motif futile. Il a de lourds dommages financiers à subir s’il le faisait. D’ailleurs,  dès le Xe siècle, le même rabbénu Gershom d’Allemagne a menacé d’anathème quiconque divorcerait abusivement de son épouse.
    Le talmud a aussi de l’humour. Pesahim 112a stipule ceci : deux divorcés qui se remarient ensemble, cela fait quatre opinions (personnes) dans le même
    lit ! Mais la compassion n’est pas absente : Gittin 90a : lorsqu’un homme divorce de son épouse, même l’autel (au temple) verse des larmes…
    Au cours du Moyen Age s’est posée la question des maris violents : les femmes ont alors, généralement, le droit de demander le divorce et les juges rabbiniques ont le devoir d’exiger le divorce de la part du mari, voire même de requérir la force publique, même non-juive, pour l’y contraindre. Il y  eut aussi le cas de femmes ne supportant plus physiquement (mauvaise odeur, mauvaise haleine, maladie cutanée. En gros, les cas où la femme peut demander le divorce sont les suivants : mari repoussant, ne nourrissant pas sa famille, ne remplissant pas son devoir conjugal, un mari violent. Ces cas sont à prendre individuellement ou ensemble, c’est-à-dire groupés.
    Le rabbin Mickaël WEIL de Paris avait proposé au XIXe siècle que tout divorce prononcé par les tribunaux civils entraînent eo ipso la nullité des kiddushin ; il ne fut pas suivi.

    Deux cas spécifiques féminins, propres à la tradition juive : la ‘aguna et la yebama
    Si un époux disparaît sans laisser de traces et que nul ne sait pas précisément s’il est encore du monde des vivants ou s’il est mort, son épouse ne peut pas se remarier. Car si elle le faisait et que, d’aventure, le mari disparu refaisait surface, ses amours seraient considérées comme un acte de prostitution et d’éventuels rejetons de cette nouvelle union seraient considérés comme des mamzérim, c’est-à-dire des bâtards… Ce qui est affreux ! Ce type de femme qui se trouve dans cette situation porte le nom de AGUNA. Ce terme vient d’un autre terme hébraïque, ‘Ogen qui signe l’ancre d’un navire. La femme traîne une sorte de boulet qui l’empêche de vivre, d’avancer. Pour la délivrer de cette inconfortable situation, il faut suivre un processus compliqué et long.
    La yebama, par contre, est la veuve d’un homme mort sans laisser de descendance et qui, selon une loi biblique ancienne, celle du lévirat, doit épouser le frère aîné de son mari défunt afin de lui donner une descendance. Devant le caractère archaïque et passablement barbare de cette coutume, les rabbins avaient organisé la tombée en désuétude de cela, par la cérémonie dite de la halitsa, le déchaussement : en se déchaussant devant le prétendant putatif et en lui montrant la semelle de sa chaussure, la femme crée un motif de rejet et donc de refus de convoler avec le parent du disparu. Cette notion était celle du Yibboum, d’où le nom de yebama donnée à la veuve se trouvant dans cette situation peu enviable.
    Seul le premier cas pose encore problème en Israël où des soldats disparus ou retenus prisonniers sans qu’on sache s’ils sont vivants ou morts, ont laissé des épouses seules et prisonniers de leur statut marital.

    L’amour entre les époux : les relations sexuelles.
    On s’en rend compte à présent : parler du statut de la femme dans le judaïsme, c’est principalement évoquer son statut face à la loi ou à la règle religieuse.
    Comme d’habitude, le talmud commence par faire preuve d’un humour tout britannique. Le traité Avoda zara 5a rend un hommage inattendu à nos ancêtres (Adam et Eve) car, s’ils n’avaient pas péché, nous ne serions jamais venus au monde.
        Se posent assurément quelques questions dans une religion qui entend tout régler : comment fait-on l’amour et combien de fois par semaine, par mois ou par an ? Assez curieusement, le Talmud met cette fréquence en rapport avec l’activité professionnelle de l’époux. Un chamelier qui part pour de longues traversées du désert sera astreint à un laps de temps plus allongé entre deux étreintes (une fois par mois) alors que celui qui s’occupe des ânes devra aimer son épouse au moins une fois par semaine. Le marin, lui, bénéficie d’un délai plus long, eu égard à la distance des lieux… : une fois, au moins, tous les six mois. La périodicité des rapports sexuels s’appelle en hébreu biblique, ONA.
        Il ne faut pas oublier que la période des règles prend entre 7 et 12 jours chaque mois, au cours desquels aucun contact n’est permis entre les époux. Les docteurs du talmud ont toujours l’importance de relations sexuels stables et réguliers dans l’équilibre de l’individu et du couple.
        Bien que le judaïsme rabbinique ne soit pas contempteur du corps, il énonce quelques principes de bon sens qui guide vers la modération : Sukka 52b dit ceci : c’est un petit membre que le sexe de l’homme ; s’il le rassasie, il est toujours affamé, mais s’il l’affame il est rassasié !
        J’ai souvent parlé dans ces conférences de la symbolique, de la syzygie du masculin et du féminin dans la kabbale. Les kabbalistes statuent qu’au commet de l’arbre sefirotique, les premières sefirot, hochma et bina (la sagesse et le discernement) étaient pris dans une étreinte éternelle et qu’on les nommait abba we-imma (papa et maman) ; de leur union spirituelle émane une nouvelle sefira nommée Da’at (le savoir, la connaissance)…
        Encore deux passages , l’un talmudique et l’autre de Maimonide, sur la question de l’amour.
    Shabbat 140b : Rabbi Hisda donnait à ses filles des conseils en matière amoureuse ; leur recommandant d’offrir d’abord leurs seins à leur époux et d’attendre que l’envie du mari atteigne le paroxysme… pour passer à l’accouplement proprement dit…
    Maimonide, Mishné Tora, Issoué bi’ah 21 ;9 : un mari a droit à sa femme ; tout ce qu’un homme a envie de faire, il peut le faire ; il a le droit de faire l’amour quand cela lui chante et d’embrasser quelqu’organe que ce soit. Il peut faire l’amour de manière naturelle ou pas, tant qu’il ne gaspille pas sa semence. Toutefois, la piété commande de ne pas agir à la légère dans ce domaine, de se sanctifier durant l’acte d’amour, ainsi que nous l’avons expliqué dans un autre autre partie de livre. L’homme ne devrait pas d »évier de la pratique habituelle car l’amour sert tout d’abord à la procréation…


                    Femmes de l’Evangile
    Christine PELLISTRANDI, Femmes de l’Evangile. Préface de Mrg Jérôme Beau. Cahier de l’Ecole Cathédrale. Parole et Silence, 2007

        Nous lisons ici un très beau midrash chrétien, christique, voire même christologique, ce qui n’est guère surprenant eu égard au titre de l’ouvrage et à la personnalité de son auteur qui connaît sur le bout des doigts la littérature évangélique et vétéro-testamentaire, et, dernier mais non moindre, pratique à merveille une exégèse allégorique de caractère typologique.
        Il s’agit dans cet ouvrage de montrer la place des femmes dans l’Evangile, l’absence de préjugés qui caractérise Jésus en personne, puisqu’il accueille affablement la Samaritaine sans lui reprocher ce qu’il faut nommer une vie dissolue. L’auteur relève pertinemment que c’est à une femme, et qui plus est, une non-juive, que Jésus trahit sa nature de Sauveur et sa vocation messianique. De même que ce sera à une autre femme, Marie de Magdala, qu’il se montrera après sa résurrection…
    La mansuétude de Jésus apparaît encore plus au grand jour dans le chapitre suivant consacrée à la femme surprise en flagrant délit d’adultère. On connaît la célèbre répartie de Jésus qui sauvera l’accusée : que celui d’entre vous qui n’a jamais péché… Les silhouettes menaçantes qui avaient placé la femme au milieu (probablement pour simuler la lapidation qui devait s’ensuivre) ont disparu comme par enchantement… Et Jésus se retrouve seul avec la jeune femme. L’auteur , fidèle à sa méthode qui consiste à lire la Bible suivant la typologie chrétienne et à la spiritualiser écrit (p 52) : si nous acceptons de relire ce texte en l’appliquant à l’histoire d’Israël, qui se confond avec l’histoire de la femme Jérusalem, à travers les textes des prophètes, si nous entrons dans ce va et vient entre l’histoire et les symboles… Et c’est exact : c’est un véritable va et vient.
    C’est encore une réprouvée, une exclue que Jésus s’apprête à sauver en laissant une femme malade, souffrant d’écoulement sanguin, toucher son manteau. Il faut bien comprendre ce que recouvrait ce geste dans la société juive du 1er siècle : une femme dont le flux menstruel ne s’arrêtait pas était déclarée impure et donc infréquentable… Or, les Evangiles prennent soin de préciser que la patiente souffrait de tels écoulements depuis douze ans. Et on imagine quel type d’existence elle a pu mener dans son état. Tous les détails fournis tant par Luc  que par Marc montrent bien la vie clandestine de la femme : elle fend la foule, surgit par derrière et touche subrepticement le manteau de Jésus auquel était cousues les quatre franges rituelles (petilim), ce qui était strictement incompatible avec son état de femme malade… Et Jésus la guérit. Il en fit de même avec la fille du notable Yaïre. P 66 : c’est à travers une femme que Jésus annonce la guérison définitive de toute aliénation… celle que la société avait reléguée et  rejetée devient l’épouse du Messie…
    Ce n’est probablement pas le fruit du pur hasard si la résurrection du fameux Lazare intervient, si l’on peut dire, dans le cadre d’une double présence féminine, Marthe et Marie. Là encore, on note que des actions aussi importantes (le retour à la vie d’un cadavre qui entrait en décomposition au bout de quatre jours et qui était enserrée dans des bandelettes mortuaires !) sont effectuées par Jésus à la demande de femmes ; comme le relève justement l’auteur, Jésus a beaucoup d’amis et des femmes (les deux sœurs) en font partie.
    Enfin, le dernier chapitre, celui consacré à Marie de Magdala, permet à l’auteur de donner libre cours à sa ferveur religieuse catholique. C’est encore une femme qui a la primeur de la vision nouvelle, d’un Jésus ressuscité et qui court prévenir les Apôtres… Ce n’est pas rien, même si Renan (dans sa Vie de Jésus) parle d’une «hallucinée»…
    C’est donc un bel ouvrage qui nous instruit à plus d’un titre et que les lecteurs auxquels il est destiné sauront apprécier.


        LA FEMME ET LA RELIGION selon Ernest  Renan

    La vertu féminine est un des éléments providentiels de l’édifice du monde.  La femme a la charge du bien ; le vrai ne la regarde guère. Mais la preuve de la morale est bien plus dans les yeux de la jeune fille honnête que dans les raisonnements du métaphysicien.

        Je demanderai comme récompense de mon œuvre de tête, à renaître femme, pour pouvoir étudier les deux façons de vivre la vie humaine que le Créateur a établie, pour comprendre les deux poésies des choses.

    J’adjure l’Eternel de prendre garde à cette confusion, si elle tendait à passer dans le grand livre qui, dit-on, sera produit au jour de la justice.

    L’abbaye était double, c-à-d composée d’un couvent d’hommes et d’un couvent de femmes, qui se réunissaient  dans la même église pour les heures canoniques. Un mur coupait le chœur dans toute sa longueur, assez haut pour empêcher les nonnes et les religieux de se voir, pas assez pour empêcher leurs voix de se confondre.Corpora non voces murus disjungit. Le chant qui s’élève de l’humanité vers l’Eternel, pour être complet, doit ainsi être double. LE MONDE NE SERA SAUVÉ QUE LORSQUE LES HOMMES ET LES FEMMES PRIERONT ENSEMBLE LA MÊME PRIÈRE, avec la différence de tonalité qui leur convient.
    Distinctes au ras de la terre, les prières doivent se mêler à une certaine hauteur, avant de monter vers le ciel.… Les deux encens, portés par les anges devant le trône de l’Eternel composeraient, en brûlant, l’encens parfait.
    Nous faisons point à point le tissu d’une tapisserie dont nous ne voyons pas le dessin. Acceptons le salaire des bons travailleurs et dépensons le en paix.

    P 54 (le chœur des femmes) Si ton salaire était sombre pourquoi aurais-tu  caché la joie en notre sein ?


    LE MUSULMAN ZÉLÉ QUI VA AUX VILLES NE S’IMPOSE PAS D’Y DEMEURER ; IL PORTE PARTOUT AVEC LUI LE FEU SACRÉ QU’IL Y PUISE, la confirmation qu’il y a reçue, l’esprit qui lui a été communiqué.

    Les moments que l’homme donne à la joie doivent compter parmi ceux  où il répond le mieux aux vues de l’Eternel.


        La symbolique du féminin dans la mystique juive
    1) Quelques questions : les sefirot sont-elles D- ? Non Les sefirot observées de différentes places.
    2) Quelles relations existent entre les sefirot et Eyn sof ?
    3) Les sefirot aident à scruter la vie intime de la divinité
    4) Grâce aux sefirot on parle d’un dispositif ou d’un déploiement de la divinité.
    5) Les sefirot suppléent à l’immutabilité de l’essence divine
    6) Opposition entre les sefirot et les intellects séparés
    7) Les sefirot masculines, de droite sont bonnes, les sefirot de gauche, féminines sont mauvaises.
    8) On ne peut connaître les sefirot que par leur symbolisme qui les VISUALISE.
    9) Le culte sacrificiel contribue à l’unification des sefirot. 
    10) La mystique de la prière : concentration sur telle ou telle sefira
    11) Les symbolismes de la sefira tif’érét et malkhout (shekhina)
    12) Le symbolisme de la sefira  Yesod, mâle.

    CONCLUSION :
    Il faut être reconnaissant à la Providence de nous faire vivre dans des sociétés laïques, évoluées, débérrassées de ces contraintes religieuses qui réduisent la femme à un rôle ancillaire et à un statut de dhimmitude…





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  • L'euthanasie: le cas de Madame Sébire

     

        Agée de cinquante-deux ans, cette femme qui demandait qu'on l'aide à abréger ses effroyables souffrances, s'en est enfin allée vers l'éternité. Elle a été retrouvée morte tôt ce matin dans les environs de la ville de Dijon. La question est simple et pourtant la réponse à lui apporter ne l'est guère: nous donnons la vie -et c'est même le premier commandement du livre de la Genèse qui exhorte: croissez et multipliez vous!- mais pourrions nous, un jour, être habilité à donner la mort?

        On se rend bien compte que la question n'a plus qu'un seul aspect judiciaire ou politique, bien au contraire, on se retrouve, qu'on le veuille ou non, dans le domaine, certes mouvant, mais O combien plus compliqué de l'éthique, de la philosophie et de la religion.

        Car, si un grand nombre de gens optent pour le refus d'une injection léthale, il en est d'autres qui arguent de l'aspect insupportable des souffrances endurées pour dire, que tout au contraire, donner la mort, dans des cas précis, c'est être éthique, c'est abréger des souffrances aussi terribles qu'inutiles! En une phrase, c'est un traitement, un comportement humain, au vrai sens du terme.

            Nous sommes pris dans un paradoxe car si c'est à l'Etat de légiférer, et nul ne songerait à lui contester ce droit, cette obligation, comment imposer une loi politique , civile à des citoyens qui ne professent pas tous les mêmes valeurs?

          En qualité de philosophe, passionné par les problèmes de philosophie religieuse et les questions éthiques, j'avoue mon irrésolution et mon désarroi. On ne peut pas laisser la décision aux seuls médecins car la science ne saurait tenir lieu de morale; on ne peut pas non plus laisser faire le législateur car sa loi, à elle seule, serait critiquable et imparfaite. Et dans ce domaine, nul droit à l'erreur… Alors, que faire? Surtout lorsque, dans les pays voisins, la situation est plus claire…
     

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  • A. MEDDEB, Sortir de la malédiction. L'islam entre civilisation et barbarie

     

     

    Sortir de la malédiction, expression empruntée au philosophe Empédocle d'Agrigente qui parlait du pré de la malédiction: il s'agit d'un vibrant plaidoyer de Meddeb en faveur d'un Islam des Lumières, un islam qui n'est pas vraiment à l'ordre du jour dans les pays concernés et qui commence à poser un sérieux problème à l'ensemble des nations.  Après une introduction de quelques dizaines de pages, solides et nouries aux meilleures sources, l'auteur critique ce qu'il juge répréhensible dans les pratiques islmaiques actuelles (et notamment les dérives terroristes) au long d'une bonne quarantaine d'articles qui pourraient ressembler à de simples tribunes dans nos grands quotidiens…

        Mais cette forme était peut-être voulue et délibérément recherchée afin de trouver un accès plus aisé aux lecteurs non avertis. De quoi s'agit-il? L'auteur dénonce avec force ce hiatus qui sépare la norme du fait, en d'autres termes l'immobilisme d'une certaine exégèse coranique qui se présente et présente sa source comme des réalités transcendantes, exclusives de toutes les autres et immuables. Pour donner de la consistance à ses sagaces propos, l'auteur recourt à une bonne érudition et à un accès direct aux sources originales. Il se tient aussi au courant des dernières recherches universitaires, notamment au très bon Dictionnaire du Coran, paru dans la collection Bouquins.
        L'auteur propose aussi une meilleure intelligence de certains versets qui avaient jusqu'ici intrigué les exégètes, mais chaque fois, il insiste sur la nécessité de tenir compte des normes du commentaire historique et appelle au dépassement de traditions visiblement dépassées.
        Comme la trame de l'ouvrage suit presque pas à pas l'actualité, l'auteur s'arrête un peu sur le fameux discours du pape à Ratisbonne, sur les timides réformes du statut personnel en terre d'islam et, assurément, sur les relations avec l'Occident.  Un petit point nous paraît intéressant et l'auteur gaganerait sûrement à l'intégrer dans l'un de ses futurs recueils.
        Il s'agit du orman philosophique d'Ibn Tufayl le Hayy ibn Yaqzan (XIIe siècle) qui fit le bonheur des penseurs juifs et chrétiens contemporains: les meilleurs esprits dont Moïse de Narbonne (1300-1362) le commentèrent et allèrent jusqu'à en hébraïser le titre (Yéhiel ben Ouriel)… Or, Ibn Tufayl fut le tout premier critique des traditions religieuses en islam. Grâce à la mise en en scène de son solitaire, Hayy, isolé sur une île déserte, il put montrer que livré à lui-même, cet homme sut décou!vrir les mystères de l'univers, de Dieu et de l'homme. Mais tout ceci, sans l'aide d'une quelconque révélation ou d'une tradition religieuse. Certes, le roman finit mal puisque le solitaire et son compagnon s'en retournent dans leur île déserte adorer Dieu suivant le culte pur et dépouillé alors que les habitants de la cité qu'ils avaient voulu convertir à leur culte épuré restaient opiniâtrement attachés à leurs mœurs.
        A une époque où l'Europe chrétienne n'avait pas la moindre idée de ce que signifiait la critique philosophieue de la religion et sa caractérisation comme un ensemble de myhes, de symboles et de métaphores, un sage musulman du XIIe siècle nous donnait avec sagesse et gravité une impérisssable leçon de dignité et de savoir-vivre… 
     
    PS: UN excellent article en allemand de l'orientaliste Timan NAGEL a été publié dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) du 5 février sous le titre Die unzeitgemäße Macht des Scharia-Islams. Nous en vons donné un long résumé en français dans notre blog (mrhayoun.blog.tdg.ch/
     
    Meddeb, Sortir de la malédiction… Seuil, 2007.

     

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