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Vu de la place Victor-Hugo - Page 302

  • Le résultat des élections législatives en Autriche

    On a l’air de s’étonner de ce qui se passe en Autriche. Il était absolument prévisible que des petits pays, de forte tradition catholique, comme l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, pour ne citer que les plus connus, réagissent ainsi contre ce qu’ils considèrent comme un danger majeur pour leur identité nationale et religieuse, l’islamisation ou la menace islamiste. Les chancelleries occidentales avaient voulu mettre la Hongrie, la république tchèque, la Bulgarie, etc… à l’index, en raison de leur refus réitéré d’accueillir des réfugiés musulmans ou arabo-musulmans, sans comprendre, je ne dis pas justifier, les causes d’une telle attitude. Pour la Hongrie, il ne faut pas perdre de vue que la magyarisation a été le bouclier anti-ottoman. Pour l’Autriche, il ne faut pas oublier que les armées ottomanes campaient il y a environ un demi millénaire, aux portes de Vienne. Quant à la Pologne, en dépit de ses dérives autoritaires récentes, sa population considère le catholicisme comme le ciment unificateur de l’identité nationale;: il y a une fusion entre l’appartenance religieuse et l’appartenance nationale. En termes clairs, pour être un Polonais authentique, ces gens considèrent qu’il faut être catholique Imaginez ce que cela a impliqué pour les trois millions de Juifs résidant en Pologne avant la seconde guerre mondiale…

    Pour l’Autriche, il y a en plus, un élément bien particulier;: pour qui connaît Vienne ou y a séjourné suffisamment longtemps, l’imbrication du pays dans l’arrière-pays de l’Europe centrale (Mitteleuropa, terme forgé par les généraux prussiens) est frappante;: les panneaux indicateurs au cœur de Vienne donnent les noms suivants, Budapest, Prague, Bratislava, etc…. En outre, Vienne est passée de superbe capitale de l’Autriche-Hongrie, la double monarchie, au chef-lieu d’un pays de moins de dix millions d’habitants. Quel rabougrissement;!

    Dans l’esprit de l’électeur autrichien moyen, un afflux massif de populations non européennes est proprement inacceptable. D’où la montée en puissance des partis conservateurs et d’extrême droite. Vu de l’extérieur, même en Europe, cela paraît dangereux, inacceptable, mais pour l’Autrichien moyen, c’est presque une mesure de sauvegarde nationale. J’ajoute que les attentats un peu partout en Europe ont montré les limites d’une politique d’ouverture. Même la chancelière allemande dont j’avais signalé le fameux talon d’Achille en la matière récemment et ici-même, a dû modérer ses ardeurs et limiter l’accueil des réfugiés à 200.000 personnes pour l’année suivante. Je rappelle que précédemment, son pays avait accepté de recevoir plus d’un million de réfugiés. Cela a pulvérisé la fameuse raréfaction des visas d’entrée dans l’Union Européenne, d’autant que ces nouveaux venus sont motivés par la situation économique.

    Il y aura à Vienne certainement un gouvernement des conservateurs et de la droite extrême puisque, le corps électoral leur a donné la victoire, les social-démocrate, arrivée en seconde position, n’attire plus personne.

    Il y a quelques années, du temps de Jörg Haider, l’Union Européenne avait poussé de hauts cris et exclu de facto l’Autriche de toutes les grandes décisions. Il est peu probable qu’il en soit ainsi cette fois-ci. Penchons nous un instant sur la nouvelle situation;: les choses ont changé, les questions de replis identitaires, d’invasion islamique, voire d’islamisation, occupent les esprits. Voyez les 10 millions d’électeurs de Marine Le Pen qui aurait très bien pu crever le plafond de verre, n’;était la thèse de Florian Philippot sur la souveraineté monétaire;: elle aurait fait plus de 40° si elle avait eu le courage de prendre ses distances. Tant d’idées que l’on n’osait pas jadis exposer clairement font la une des journaux. De plus en plus de gens doutent légitimement de l’insertion réussie de toutes ces populations qui se débattent dans des difficultés sans nom.

    J’ai entendu hier un ancien ministre de la ville dire son découragement;; il rappelait que le ministère de la ville avec Jean-Louis Borloo avait englouti des dizaines de milliards, (et ce déjà du temps de Michel Rocard), mais sans résultats tangibles. Les choses auraient même empiré selon les spécialistes. On peut s’interroger sur la résistance du corps traditionnel français à intégrer des gens issus d’autres cultures, c’est-à-dire non-judéo-chrétiennes. Tous ces gens se sont retrouvés parqués dans des cités sans âme, déshumanisés, pleins de rancœur à l’égard d’une socio-culture qui les rejette, sans le dire vraiment.

    Vous comprenez mieux à présent les hésitations, voire les refus des Autrichiens d’accueillir des gens chez eux, qui ne sont pas de la même culture. Faut-il condamner cette attitude? Cela ne servira à rien. Leurs idées se sont enracinées dans l’esprit des gens dont on a fait vibrer la fibre nationaliste et religieuse. Allez faire comprendre à quelqu’un que les églises resteront des églises, les synagogues des synagogues et des temples protestant des temples…

    L’Europe doit comprendre qu’il faut appeler un chat un chat. L’Etat Islamique est en très mauvaise posture dans la zone syro-irakienne. Des milliers de djihadistes battus et haineux vont chercher à regagner les pays d’Europe dont ils sont devenus les ressortissants. Et déjà la crainte d’attentats étreint les gouvernements. Au point que la ministre française des armées a clairement souhaité que ces combattants soient tués sur place… Et personne n’a osé le lui reprocher.

    Le défunt chancelier Helmut Kohl avait reproché à l’UE d’être un club chrétien car on refusait d’y admettre la Turquie… Je crois qu’il ne mesurait pas l’étendue de l’inquiétude des gouvernements et des populations. S’il y avait un référendum sur question en France, les électeurs voteraient non à plus de 80%.

    L’Europe devait renforcer son identité culturelle. Elle doit retrouver son âme.

  • Heinrich Gerlach, Eclairs lointains. Percée à Stalingrad (Editions Anne Carrière)

    Heinrich Gerlach, Eclairs lointains. Percée à Stalingrad (Editions Anne Carrière)

    Splendide ouvrage que ce roman qui retrace les derniers moments de plus de 300. 000 soldats allemand, commandés par un maréchal du Reich Paulus et pris dans la nasse devant Stalingrad en feu et en ruines. Ce livre eut un destin assez incroyable puisqu’il fut confisqué par les Soviétiques lorsque son auteur quitta le camp de prisonniers, près de Moscou où il était interné, pour regagner enfin le sol de la mère patrie. Une Allemagne en très mauvais point puisqu’elle avait dû accepter une capitulation sans conditions.

    L’auteur, lieutenant de la Wehrmacht, se met en scène dans le livre puisqu’il fit partie de cette fameuse 6eme armée allemande commandée par le Generaleldmarschall Paulus qui, après moult hésitations, finit par capituler afin de ne pas livrer presque un demi million d’hommes à la destruction. Hitler lui avait pourtant promis des renforts de troupes fraîches et des divisions blindées qui n’arrivèrent jamais. Quant aux soldats transis de froid devant Stalingrad, ils furent livrés à leur sort sans pouvoir ni contre-attaquer ni se défendre valablement face à des divisions soviétiques qui ne reculaient pas même devant des sacrifices humains énormes. Les soldats de l’Armée rouge couraient vers les tranchées allemandes qui les hachaient menu avec leurs mitrailleuses ; mais les ordres étaient les ordres.

    Du côté allemand, le général hiver décida du sort de la bataille : pas d’équipement approprié, pas de ravitaillement suivi, par d’arrivages de munitions. L’auteur qui partagea le calvaire de ses camarades d’infortune avant de se retrouver dans un camp de prisonniers raconte comment on abattait les chevaux pour s’en nourrir, comment on ne recula même pas devant l’égorgement d’un chien qui fit les délices de soldats et d’officiers affamés. Mais le pire, c’était le froid. La neige, le manque de bottes en feutre, les uniformes d’hiver n’étaient pas encore là et surtout l’aviation et l’artillerie russes qui attaquaient presque sans arrêt.

    Le livre contient aussi quelques réflexions sur les débats qui allaient agiter l’Allemagne et les survivants de la catastrophe. Pris dans le chaudron ( der Kessel en allemand) de Stalingrad, soldats et officiers ne croyaient plus en rien et tournaient les ordres d’Hitler en dérision. Dans bunker surchauffé de Berlin, il n’avait aucune idée de ce que vivaient les soldats, transis de froid et mourant de faim.

    Un jour, le pasteur de la division est interpellé par des hommes qui lui demandent comment il arrive à concilier sa vocation ecclésiastique et la violence qui ravage le monde. Comment bénir les armes qui tuent, estropient et ravagent toute vie, tant physique que morale… Le pasteur s’en tire par une pirouette en parlant de l’état d’imperfection de ce bas monde : partant, comment exiger d’un tel homme une conduite parfaite et irréprochable dans un monde si imparfait ?

    Lorsqu’un officier inconscient ordonne à son subordonné d’exécuter froidement un soldat soviétique fait prisonnier mais qui ne veut pas répondre aux interrogatoires, l’homme clame qu’il ne le fera pas, même s’il doit comparaître devant une cour martiale.

    Un jour, on confie deux prisonniers russes à une escouade laquelle revient en disant que leurs prisonniers ont tenté de s’évader et qu’ils furent donc abattus… Mais l’auteur ne se faisait pas d’illusion sur ce qui s’était vraiment passé…

    Un mot du sort de ce livre : comme on le notait plus haut, son auteur, Gerlach, le rédigea dans son camp de prisonniers en Russie. En franchissant la frontière après sa libération, le manuscrit est confisqué au grand dam de l’auteur qui, après tout ce qu’il a vécu et dans le Kessel et au camp, ne désespère pas de faire connaître sa terrible histoire. De tous les journaux auxquels il demande de l’aide et de l’argent, seul une publication à gros tirage réagit. Comment ? En lui proposant le marché suivant : on lui finance une série de séances d’hypnose chez un médecin munichois afin qu’il retrouve la mémoire, grâce auquel l’auteur retrace environ 150 pages sur 650 au total !

    Revigoré par cette aide imprévue, notre auteur se remet au travail et retrouve progressivement la mémoire. Il complète son ouvrage qui devient vite un best seller. Il y a même des contrats de traductions, jusques et y compris en Pologne. Mais voilà, notre médecin, alerté par de telles ventes, sent la bonne affaire et attaque en justice Gerlach, lui réclamant 10% sur tout le chiffre d’affaire. L’auteur refuse et dit que le contrat signé après hypnose ne vaut rien. En fait, sans le dire, il plaide l’abus de faiblesse !

    Le médecin sera finalement débouté. Il est intéressant de lire les longues annexes qui clôturent le livre. On y apprend que Michail Souslov, l’idéologue du régime, avait mis en garde contre la restitution de ce manuscrit dont la publication viendrait renforcer les revanchards allemands…

    Quelle Histoire, mais aussi quel livre !

  • La prise de parole du président Macron ce soir sur TF1

    La prise de parole du président Macron ce soir sur TF1

    Ceux qui prévoient une sorte de capitulation d’Emmanuel Macron face aux médias et à leur diktat se trompent assez lourdement. Certes, le président fait preuve de pragmatisme, il fait contre mauvaise fortune bon cœur, mais il reniera pas sa décision dite jupitérienne : ne pas descendre dans l’arène médiatique, redonner un pouvoir aussi exorbitant que dévastateur des journalistes et suivre son chemin. En réalité, il fait une pause car sa chute constante dans les sondages commençait à l’inquiéter et devenait un thème de prédilection des médias. Il va donc parler sur TF1 ce soir pendant une bonne heure. Est ce la bonne solution ? Oui, si cela ne devient pas un rituel auquel il faudra sacrifier régulièrement ; cela signerait une sorte de défaite face à la toute puissance des médias. La presse est un contre-pouvoir, ce n’est pas un pouvoir.

    Prenons un exemple, même s’ il faut saluer l’action dissolvante des journalistes, maillon indispensable de toute vie politique démocratique. Vous savez que le président du groupe parlementaire des marcheurs à l’Assemblée nationale a été blanchi par la justice qui a vraiment pris son temps. Le procureur général a classé le dossier sans suite et on peut comprendre que le principal intéressé ait poussé un soupir de soulagement. Et voici que ce pauvre homme est interviewé par une journaliste connue qui le met littéralement sur le gril… Elle veut lui faire comprendre que les choses ne vont pas s’arrêter là, que l’avocat de quelques parties civiles clame son intention de faire appel, bref d’aller plus au fond, si tant est qu’il y ait encore quelque matière à investigation…

    Ceci est une inacceptable judiciarisation de la vie politique.

    On comprend que les avocats fassent de la procédure, après tout ils en vivent et ils sont là pour cela. Eux aussi constituent un maillon indispensable de la vie civile dans un Etat démocratique. Imaginez en effet que vous soyez arrêté dans la rue ou sur la route par des policiers qui vous placent en garde à vue ; vous serez bien content de voir arriver un avocat qui vous tirera de cette mauvaise passe. J’ajoute qu’il est le seul à pouvoir le faire car la loi lui en donne le droit.

    Mais revenons à ce journalisme qui ne sait plus quoi inventer pour renforcer l’audience, véritable épée de Damoclès placée sur le maintien ou la disparition de telle émission ou de telle autre : si son indice d’audience ne se redresse pas, elle est condamnée à disparaître… Et ceci est souvent la loi d’airain de ce type d’émissions… D’où leurs excès et leur volonté de survivre à tout prix : les souffrances occasionnées aux familles ou aux principaux intéressés ne les préoccupent guère…

    Tout ceci pour dire que ce soir E. Macron ne se reniera pas, il n’avalera pas son chapeau, ni ne remettra le pouvoir entre les mains des médias. Comme le fit son malheureux prédécesseur qui a fini par récolter ce qu’il avait semé. Le fameux livre avec les deux journalistes d’un grand quotidien du soir lui a été fatal. E. Macron fut, nous dit-on, horrifié par ces étranges confessions dont certaines étaient vraiment incompréhensibles. Et qui est sorti vainqueur de ce match ? Les deux journalistes, évidemment. Le perdant avait tout simplement oublié qu’il était (pour peu de temps encore) le président de la République.

    L’actuel président a un imposant train de réformes à faire passer. Il sait pertinemment que nos compatriotes ne se laisseront pas faire. Il l’a vu avec les nouvelles ordonnances sur la loi travail. Il a dû les atténuer quelque peu mais l’essentiel a désormais force de loi. Il s’apprête à présent à en faire autant avec les autres déficits (sécurité sociale, indemnité de chômage, retraites, etc…). Cependant, il a commis une petite erreur en réclamant cette baisse de cinq euros qui touche des gens en bas de l’échelle sociale et qui réagissent. Je dois dire que je comprends leur réaction, d’autant que cela renforce l’étiquette injuste de président des riches et qui ponctionne le maigre budget des pauvres. J’ai entendu des dames dire ce matin que 60€ par an, c’était important pour elles. Et je n’ai aucune raison de les soupçonner d’indignation infondée…

    1. Macron a compris que ce ne sont ni les salariés du privé ni les fonctionnaires qui constituent la richesse d’un pays. Ils en sont les forces vives, on ne peut rien faire sans eux mais ils n’ont pas de capitaux à investir pour créer des emplois ou des richesses. Il faut des investisseurs puissants, des chefs d’entreprises courageux qui prennent des risques.

    Or, aujourd’hui, nous vivons un bouleversement total des anciennes structures, notamment de protection sociale. Et le soi-disant modèle social français ne pourra pas poursuivre sur sa lancée si on ne jugule pas les déficits. Il suffirait d’un petit accident (que nul ne souhaite) dans la conjonction internationale pour que tout s’écroule : que le prix du baril de pétrole remonte, que les taux d’intérêt des emprunts français sur les marchent grimpent pour que la croissance retombe en panne.

    Ce qui explique la célérité avec laquelle E. Marcon pousse son train de réformes. Donc, ce soir, on aura affaire à un président proche des Français, conciliants avec tout le monde mais fidèle à ses engagements.