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Vu de la place Victor-Hugo - Page 303

  • L’Iran et la réconciliation inter-palestinienne : est-ce crédible ?

    L’Iran et la réconciliation inter-palestinienne : est-ce crédible ?

    Chaque fois qu’un accord est en vue au Proche Orient, des imprévus, des difficultés insoupçonnées surgissent et réduisent à néant tous les efforts accomplis pendant des mois, voire des années. C’est comme si une fatalité accablait cette région du monde qui sombre à intervalles réguliers dans la guerre et une violence endémique. Mais laissons cette pensée pessimiste de côté et tentons de progresser vers un avenir un tant soit peu prévisible concernant cette région si disputée du monde.

    L’accord qui se dessine entre les frères ennemis de Ramallah et de Gaza n’est pas un pur fruite du hasard. C’est la conséquence d’une politique systématique de Mahmoud Abbas dont la patience était à bout. C’est lui qui a mis à genoux la direction politico-militaire du Hamas en prenant des mesures draconiennes, mesure, qui, si elles avaient été prises par le gouvernement d’Israël, auraient soulevé une tempête d’indignation. Mais là, avec le président palestinien, c’est passé comme une lettre à la poste.

    Abbas a donc décidé de ne plus payer la facture d’électricité de Gaza, de restreindre la livraison des médicaments, il a veillé à ce que les points de passage soient encore plus hermétiques qu’auparavant, de restreindre aussi le paiement des salaires des fonctionnaires sur place, bref il a mis en marche une véritable stratégie d’étranglement de la bande de Gaza et de ses habitants, lesquels contestent fortement désormais la conduite politico-militaire du Hamas… Le Hamas n’avait plus le choix, il n’a pas été soudainement touché par la Grâce : tous ses alliés ou ses soutiens lui ont fait comprendre qu’il vivait ses derniers instants et que la population risquait de se soulever en raison de ses dures conditions de vie.

    Assurément, nous ne sommes pas à l’abri de mauvaises surprises. Que de fois le Hamas n’a t il pas signé des accords de réconciliation pour ensuite les dénoncer ou ne jamais les appliquer alors que l’encre du document n’était pas encore sèche. Ce succès, s’il venait à se confirmer, est l’œuvre de la diplomatie égyptienne. Le président égyptien dont le pouvoir est sérieusement contesté par les attentats islamistes est un militaire qui a compris que les Arabes ne portraient jamais détruire Israël et qu’ils s’étaient engagés dans une impasse. Mais surtout il a compris que le conflit entre les Israéliens et les Palestiniens n’était plus l’essentiel, la priorité. La priorité urgente, c’est l’Etat islamique et la menace qu’il représente dans la région. Il faut donc régler cette affaire pour peser ensuite de tout son poids sur la question palestinienne.

    C’est l’armée égyptienne qui a contribué à étrangler économiquement le Hamas de Gaza. Abbas et Al-Sissi ont pris le Hamas en tenaille, et l’aide iranienne n’a pas pu inverser le rapport de forces. Or l’Iran est devenu le sujet de préoccupation numéro un des états arabes modérés de la région ; l’Arabie saoudite l’a bien compris qui multiplie de plus en plus ouvertement les contactes, voire les rapprochements avec l’Etat hébreu. Et ceci peut changer du tout au tout le rapport de forces dans la région. Imaginez simplement que l’armée de l’air israélienne puisse emprunter l’espace aérien saoudien… Cela pourrait empêcher de dormir certaines personnes à Téhéran.

    Cette unité palestinienne, si elle devait aboutir, créera une autre perspective. Certes, suivant la tendance orientale à masquer les problèmes et à faire une confiance un peu aveugle à l’articulation du temps et de la vie, les diplomates égyptiens ont isolé de l’accord le sort des armes du Hamas. Or, si Hamas et Fatah fusionnent à Gaza, quid de leurs programmes respectifs ? Ramallah accepte l’état d’Israël, Gaza veut le détruire.

    Si j’ai bien compris, ils vont commencer par envoyer quelques milliers de policiers de Cisjordanie à Gaza ; ces hommes vont assurer le maintien de l’ordre ainsi que la sécurité aux frontières. Si tout se passe bien, les Egyptiens rouvriront les points de passage en vérifiant qu’aucune arme n’entre dans la bande. Comme les services de sécurité du Fatah collaborent avec les Israéliens, cela devrait, en principe, augurer une ère de calme à défaut d’une paix véritable. C’est mieux que rien…

    Les Egyptiens font une pari sur l’avenir : la dynamique de paix, l’amélioration des conditions de vie devraient pousser au désarmement de la branche armée du Hamas. Est ce réaliste ? Les Egyptiens disposent de bien des moyens de pression. Ils sauront isoler le Hamas lui montrant quel est, selon eux, son intérêt bien compris. Et les choses devraient se régler rapidement.

    Reste l’Iran qui ne renoncera pas si facilement à sa position dans la région où il est loin d’être un facteur de paix et de stabilité. Et cela nous conduit à évoquer le refus du président Trump de certifier l’accord sur le nucléaire avec l’Iran. L’Iran joue sur plusieurs tableaux : d’un côté, il a en apparence ralenti ses recherches sur l’arme nucléaire, mais d’un autre côté, il soutient les groupes terroristes de la région. Donald Trump affirme donc que l’Iran prétend respecter la lettre de l’accord, tout en péchant contre son esprit. Il n’a pas tort et les essais portant sur les missiles balistiques constituent en effet une violation de l’esprit de l’accord…

    Certains régimes totalitaires ne parviennent pas à lutter contre leurs propres démons : alors qu’ils s’apprêtent à récupérer des dizaines de milliards de dollars pour développer leur pays et renforcer leur emprise sur une jeunesse qui pourrait leur échapper et menacer leur survie, les Mollahs n’en démordent pas et veulent à tout prix exporter leur révolution et s’installer en Syrie et au Liban, aux frontières d’Israël. C’est une voie dangereuse.

    L’Iran commettrait une lourde erreur en tentant de saboter l’accord inter palestinien. Il devrait tout faire pour asseoir son intégration dans le concert des nations. Les semaines à venir nous diront sir la région va enfin changer et la raison affirmer tous ses droits.

  • La guerre allemande de Nicolas Stargardt

    La guerre allemande de Nicolas Stargardt (Librairie Vuibert)

    Ce qui se cache derrière ce titre n’a rien de mystérieux ; il s’agit de voir comment les Allemands vivaient la guerre de l’intérieur. Comment et à l’aide quoi ont-ils pu supporter tant d’années de souffrances et de privations ? Eh bien, en lisant les échanges épistolaires entre les soldats sur le front et leurs parents, leurs épouses, leurs fiancées, leurs pasteurs ou leurs curés, etc… On trouve dans ce type de documents de la matière brute, à nulle autre pareille. Les gens qui écrivaient de telles missives ou échangeaient de tels propos n’obéissaient à aucun à priori ; je veux dire qu’ils n’adaptaient pas leur discours pour complaire à tel ou tel. Ils disaient, parfois au péril de leur vie, ce qui leur tenait à cœur. Certes, la Gestapo et les SS n’ont jamais, jusqu’à la dernière minute, relâché la surveillance exercée sur la population allemande. Les rapports de ces organes de sécurité ont été conservés et l’auteur de beau livre y a puisé de précieux renseignements. On est littéralement sidéré de lire ce que vivaient les soldats sur le front de l’est et on comprend mieux le nombre croissant de déserteurs ou de défaitistes.

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  • Les Singer, une famille de grands écrivians yiddish

    Les Singer, une famille de grands écrivians yiddish

    Le monde entier connaît Isaac Bashevis Singer, le prix Nobel de littérature dont la totalité de l’œuvre a été traduite en anglais, en français et dans tant d’autres langues européennes. Moins de gens connaissent son frère aîné qui avait au moins autant de talent que son frère cadet mais qui fut, hélas, terrassé par une crise cardiaque à New York le 10 février 1944. Son œuvre lui a survécu et peut se targuer d’avoir au moins autant de lecteurs que son frère nobélisé… Les éditions de l’antilope nous font l’aubaine de deux très beaux volumes, intitulés Et Wolf fils de Hersh devint Willy (2016) et Printemps et autres saisons (2017), bien plus sombre et plus réaliste. Mais ces deux livres se lisent de manière très agréable tant la traductrice à livré une copie des plus remarquables : un style lisse, élégant et sobre qui ne laisse pas soupçonner un instant que le travail en français n’a jamais transité par une autre langue, en l’occurrence le yiddish.

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