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Vu de la place Victor-Hugo - Page 445

  • Le dilemme d'Ankara: sévir contre Daesh ou contre les autonomistes kurdes?

    Le dilemme d’Ankara : l’Etat islamique ou les autonomistes kurdes ?

    Il aura fallu ce terrible attentat attribué à l’E.I pour que Ankara choisisse son camp, et encore pas d’une manière officielle ni visible. Le nombre de victimes est si élevé que plus aucun doute n’était permis. Le président Erdogan a enfin compris qu’il lui fallait sortir de cette zone grise dénoncée par les USA et les Occidentaux :  les Turcs permettaient à l’EI de transporter à travers la frontière armes, combattants, ravitaillements, bases arrière, hôpitaux pour soigner ses militants, recrutements de combattants de tous les pays du monde… Sans la bénédiction d’Ankara, l’EI n’aurait jamais pu tenir jusqu’à aujourd’hui.

    L’attentat a jeté Ankara dans les bras des USA et du front anti EI. Désormais les Américains pourront utiliser une base aérienne très proche de la Syrie, ce qui va décupler leurs possibilité d’intervention. Les Turcs eux-mêmes ont bombardé hier dans la nuit des positions tenues par les rebelles, ce qui va changer le cours de la guerre.

    Ce double jeu turc s’explique par un seul facteur : la Turquie ne veut pas d’une province kurde autonome à cheval sur trois pays : la Turquie, l’Irak et l’Iran. D’où son jeu trouble du temps où Kobané luttait désespérément pour sa survie, d ‘où l’interdiction faite aux combattants kurdes de soutenir leurs frères de l’autre côté de la frontière. Sans les frappes de l’US Army, les Kurdes n’auraient jamais pu reprendre cette ville. Et encore, on a vu que l’E.I. a lancé une offensive contre la ville martyre, tuant plus de deux cents civils.

    Est ce que la politique turque va changer ? C’est peu probable tant la question kurde est importante aux yeux d’Ankara, elle menace même, potentiellement, l’unité du pays.

    On peut les comprendre. Mais il faudra bien un jour prendre le taureau par les cornes et régler cette question kurde de manière civilisée. La Turquie est une grande nation, certes sur le déclin depuis des décennies mais elle pourrait mieux intégrer les Kurdes et concéder plus de place à l’identité kurde, partie inséparable de l’identité turque ou ottomane.

    Mais pour cela il faudrait que M. Erdogan reconsidère ses positions et rompe avec l’islamisme, même modéré. Mieux vaut prendre l’initiative que de se voir prochainement imposer des choses.

    Rien n’est pire que les espaces gris, il faut choisir son camp. Ankara y a mis du temps. Et maintenant il faut agir.

  • Le désordre s'étend en France

    Le désordre s’accroit en France

    Loin de calmer l’agitation des éleveurs, les mesures gouvernementales élargissent le champ de l’incendie, au point que c’est le président de la république en personne qui va devoir payer de sa personne en se rendant à Dijon, pour, entre autres choses, prendre langue avec les mécontents. Les éleveurs bloquent toutes les routes menant de et vers l’agglomération lyonnaise. Une véritable jacquerie comme au Moyen Âge. Au fond, le dialogue social n’a jamais existé en France : seuls les agriculteurs et les routiers peuvent impunément bloques routes, voies ferrées et ports marchands car leurs engins sont difficiles à déplacer. Seule l’armée est en situation de dégager de tels poids lourds. Mais pour faire donner l’armée, il faut un vote au parlement, ce que les gouvernements se refusent à faire pour des raisons évidentes. Ce qui est désastreux, en revanche, c’est l’image que ces gens donnent de la France à l’étranger ; quelle honte ! Des touristes, hommes et femmes, tirant leurs valises à pied sur un ou deux km d’un aéroport. Des gens bloqués dans leur véhicule aux alentours de Lyon, d’autres bloqués dans le tunnel menant aux grands sites de vacances, d’autres enfin empêchés de rallier Genève en raison de l’obstruction de l’autoroute. Le raisonnement est le suivant : nous voulons faire aboutir nos revendications, vous ne voulez pas nous donner satisfaction, nous allons faire pression sur vous en prenant en otages des citoyens qui n’y sont pour rien. Les désordres seront tels que vous allez être contraints de céder… Tel est le mouvement qui tient lieu en France de dialogue social. Personne ne songe à dire à ces éleveurs qu(ils auraient dû moderniser leurs exploitations depuis des lustres, qu’ils auraient dû se mobiliser bien avant,  bref, qu’ils ont aussi leur part de responsabilité… Non, le gouvernement soucieux de ramener la l’ordre et la paix sociale, a cédé sur toute la ligne. Résultat : les maximalistes ont aggravé leur pression. Pourquoi se gêner ? Toujours plus, on peut obtenir toujours plus. Alors allons y ! Ce que les éleveurs dans leur petit monde lilliputien ne savent pas ou ne veulent pas savoir, c’est qu’avec de telles attitudes la France va devenir la Grèce ou presque. Les catégories socio-professionnelles font preuve d’un égoïsme fort dangereux. On voit que le Premier Ministre change son fusil d’épaule, il parlait hier des industriels et aujourd’hui il vise les abatteurs. Demain, ce sera qui d’autre ? Il y a trop d’improvisation dans cette affaire. Sans même parler de l’opposition qui verse de l’huile sur le feu. Que faire ? Agir avec circonspection car le danger qui menace est celui de la contamination. C’est exactement ce qui s’est passé en mai 68.

  • La France, toujours ingouvernable?

    La France, toujours ingouvernable ?

    Retour d’un long séjour à l’étranger, je constate ce qui se passe avec les agriculteurs et les éleveurs en France. Je comprends mieux l’exaspération des étrangers à l’égard de ce pays. Dès qu’on n’est pas entendu par le gouvernement ou par les pouvoirs publics, on manifeste, mais on ne se contente pas de manifester, on bloque les routes, on empêche les trains de rouler, les avions de voler, les commerçants d’ouvrir, les enseignants d’enseigner, bref le pays se trouve de plus en plus souvent en état pré insurrectionnel.  Pourquoi ? Parce qu’une simple catégorie socio-professionnelle décide d’agir tant que ses revendications ne sont pas satisfaites !

    Voyez ce qui s’est passé avec les taxis il y a moins d’un mois : des gens accrochés à leurs rentes de situation qui ont mis le pays en émoi ont été reçus et dorlotés par les hautes autorités de l’Etat. Encore cette sempiternelle crainte d’un incendie qui s(étendrait à tout le corps social. L’effet de contagion, voilà ce que craint le pouvoir. Mais chacun sait au plus profond de soi que les taxis traditionnels, c’est fini, on va vers une autre économie, c’est le vent de l’histoire.

    Imaginez l’effet dévastateur de cette attitude déplorable a sur les touristes qui ne comprennent  pas le rapport entre l’augmentation du prix de la viande bovine et le fait de les empêcher de se rendre au Mont Saint Michel ou de visiter  la grotte de Lascaux

    Au fond de chaque Français sommeille un contestataire, un adversaire de l’ordre établi, bref un rouspéteur. Mais il y a pire, c’est le réflexe de tout casser et de tout bloquer tant qu’on n’a pas obtenu satisfaction. Mais n’instruisons pas exclusivement à charge : les gouvernements successifs ont il prêté l’oreille aux doléances des gens qui souffrent ? N’ont ils pas tenté, faute d’agir sur la réalité, de faire diversion ? Il y a aussi un peu de cela dans cette grogne typiquement française. Mais c’est un dangereux symptôme de régression : on ne sait toujours pas pratiquer un dialogue social civilisé. Il semble que cela remonte à l’époque de la Révolution française qui ‘na pas atteint ses objectifs et qui fut récupérée par la petite et moyenne bourgeoisie. Du coup, des séquelles de cet esprit égalitariste, libertaire et révolutionnaire remontent à la surface et rôdent dans l’imaginaire social, tels des volcans mal éteints ou des âmes en peine.

    Ce qui est encore plus préoccupant, c’est la contamination : déjà les buralistes, inquiets de la baisse de leurs revenus se joignent aux cortèges des rouspéteurs ! Quel rapport ? La contestation. C’est bien pour cette raison que le pouvoir est inquiet et fait tout pour éteindre l’incendie de peur qu’il ne se propage ! Et que fait le gouvernement, que dis-je, le Président de la république en personne ? IL annonce les résultats d’un prochain conseil des ministres à l’avance ! Que fait le ministre de l’agriculture après avoir dit qu’il ne se rendrait pas à Caen ? Il y va, en arguant qu’il a changé d’avis…

    A l’évidence, ce pays traverse une crise de l’autorité. Cela fait des années qu’il est devenu ingouvernable. Il faut un pouvoir fort, certes à l’écoute des demandes de la population mais pas à sa botte. Apparemment, on n’en prend pas le chemin. Le pouvoir qui a déjà promis des baisses d’impôts pour septembre, redoute la rentrée. Il appréhende aussi le résultat des élections régionales qui risquent de consacrer l’hégémonie du Front National.

    On le dit et on le répète, il faut un gouvernement d’union nationale. Un seul parti au pouvoir, dans la situation actuelle, cela ne marche pas.

    Sinon, la France deviendra de plus en plus ingouvernable.