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Vu de la place Victor-Hugo - Page 447

  • Au sujet d'Avignon et de son festival

     

    D’Avignon et de son festival

    Il me coûte de le dire de cette manière mais c’est une décision bien arrêtée et largement fondée :  c’est la troisième fois que je me rends au festival d’Avignon pour y prononcer une allocution, et je ne pense qu’il y en aura une quatrième.

    La ville ne manque pas de charme, elle bruit des sons d’une jeunesse dynamique et se présente comme la vitrine de tous les talents, réels, supposés ou à venir, mais en réalité elle se repose sur ses lauriers et n’avance plus.

    L’atmosphère générale ne s’est pas seulement popularisée (au sens négatif du terme) elle s’est plutôt largement prolétarisée. Certes, vous trouverez dans la ville, en cherchant bien, quelques bons restaurants et quelques boutiques de bon standing, mais dans l’immense majorité des cas, la qualité laisse à désirer.

    Mais le plus grave, c’est l’absence quais totale d’un système de transports, aggravé par l’éloignement des hôtels, car ceux qui se trouvent dans la ville intra muros sont réservés d’une année sur l’autre. Et alors les taxis, c’est la croix et la bannière. Il faut prévoir un véritable budget : pour environ 48 heures, il a fallu pas moins de 100 € ! Et encore, il fallait les trouver ces taxis. C’est une denrée très rare. Vous devez prévoir votre journée en fonction justement de ces taxis. Pour arriver à l’heure au colloque, il fallait que l’hôtel (correct, sans plus, avec des manières bien provinciales, mais un personnel dévoué) réserve directement les taxis. Pour sortir le soir, il faut calculer comment se rendre au restaurant, et surtout par quel moyen revenir à l’hôtel… Une véritable expédition.

    Je vais vous raconter un fait assez incroyable qui dénote bien et la mentalité des méridionaux et la vétusté des installations : nous avons marché depuis le centre ville jusqu’à la gare centrale, nous disant qu’on y trouverait un taxi. Par chance, il s’en présente un avec une charmante jeune conductrice. Et que nous dit elle dès que nous prenons place ? Monsieur, je m’excuse, mon compteur ne fonctionne plus. La course vous coûtera 15 €, je le sais d’expérience… Plutôt amusant, ce mode de fonctionnement. On n’est pas à cela près. Mais quel esprit !

    Quant à l’ambiance générale du festival, c’est une vraie foire, un tintamarre qui n’a rien à voir avec l’art et la culture. Certes, on croise de temps en temps telle ou telle personnalité célèbre du monde culturel, mais cela ne suffit pas. Et surtout, la ville n’est pas équipée pour recevoir des gens du monde entier : l’esprit provincial, limité et rabougri n’est pas compatible avec une réputation qui se voulait européenne, voire mondiale.

    A la gare TGV, en état de surpeuplement, les familles, des plateaux chargés de nourriture et de boissons dans les mains, cherchaient désespérément des chaises et des tables pour s’y restaurer. En vain ! Franchement, c’était inimaginable. Toutes ces personnes d’un certain âge, ces enfants suivant leurs parents ou grands parents…

    Mais je voudrais relater le fait suivant qui m’a tant marqué ; je quitte ma table pour aller me laver les mains, au bout de l’allée. La dame qui veille à l’entrée me dévisage et me dit sans autre forme de procès : c’est 0,70€. Je fouille mes poches et constate que je dois faire demi tour pour chercher le précieux sésame… En reprenant le chemin, une petite fille d’une quinzaine d’années, très jolie, très bien élevée, les yeux clairs, me dit : pardon, Monsieur, savez vous où sont les toilettes ? Je lui réponds : oui, au bout de l’allée, mais il faut 0,70€ pour y entrer…

    C’est alors que la jeune fille a levé le bras dans un signe de totale impuissance,  de profonde incompréhension… j’ai alors lu dans son regard la peine, le désarroi de la terre entière. Ce geste était celui de l’inadaptation d’une jeunesse qui découvre chaque jour un peu plus la place de l’argent dans notre société. Mais la maman de cette enfant, qui n’était pas loin, avait suivi toute la scène: un large sourire apparut sur son visage.

    Quant à moi, ce fut un très mauvais message que j’emportai avec moi, le regard désolé et poignant de cette petite fille, quittant une ville où je ne pense pas remettre un jour les pieds…. Sauf si elle change.

  • Faire confiance à l'Iran?

    Peut on faire confiance à l'Iran?

    Il est difficile de se frayer un chemin vers la vérité dans ce maquis de réactions, de commentaires, de déceptions et de soupirs de soulagement. Un accord est bon après qu’l a été mis en application. Même le meilleur accord sur le papier est condamné à rester lettre morte s’il n’est que partiellement ou franchement mal appliqué. C’est pourquoi, avant toute chose et une fois les premières réactions émotives exprimées, on doit se concentrer sur l’avenir et voir quel meilleur parti on peut tirer de la situation nouvelle : je veux dire, en termes plus clairs, que l’Etat d’Israël qui a des craintes légitimes, doit aussi veiller à ne pas tomber dans l’isolement le plus total.

    Certes, qui, mieux que les dirigeants politiques et les généraux d’Israël, est à même d’apprécier de manière juste la gravité de la menace ? On comprend parfaitement les soucis de Benjamin Netanyahou qui se mobilise contre un accord qui lui paraît dangereux pour son pays.

    Mais, allons plus loin et détaillons quelques points positifs de cet accord qui constitue tout sauf une victoire pour Téhéran et le régime des Mollahs. Il faut en tout premier lieu comprendre la psychologie orientale : même quand on a dû céder sur tout ou presque, même si on a été contraint d’accepter l’inacceptable, il est vital de se préserver d’une chose, la pire de toutes : perdre la face ! D’où les scènes d liesse dans les rues de la capitale iranienne où, du reste, personne ne tient de discours vindicatif mais où chacun atteste du caractère insupportable des sanctions : le pays tout entier en est réduit au système D, les jeunes, surtout eux, rêvent de vivre à l’occidentale, de voyager, de s’amuser, de communiquer sur Face book etc…

    C’est du reste ce qui a guidé le président Obama dans sa recherche assidue d’un accord avec les Iraniens. La jeunesse qui représente un pourcentage non négligeable de la population n’adhère aux idéaux des Mollahs que du bout des lèvres. C’est bien ainsi qu’il faut interpréter la joie des Iraniens : ils pensent plus à la levée progressive des sanctions qu’à la grande stratégie de leur gouvernement : acquérir, grâce à l’arme nucléaire, une hégémonie incontestée dans la région, satelliser l’ensemble du Proche Orient arabo-islamique en intervenant partout où cela lui semblera nécessaire.

    Le président Obama le sait et n’a pas hésité à décevoir ses alliés traditionnels que sont les régimes arabes modérés et l’ami israélien (qui est très mécontent) en misant justement sur ce fait qui semble un pari risqué. On lui reproche même de faire plus de prospective que de la politique étrangère froide et calculatrice. De la Realpolitik.

    Les concessions faites par Téhéran qui est asphyxié par les sanctions sont loin d’être négligeables : acceptation de la levée très progressive des sanctions lesquelles seront rétablies en cas d’infidélité de Téhéran à ses engagements, restitution par tranches des sommes considérables bloquées depuis des années, maintien de l’embargo sur les armes pendant au moins cinq ans, réduction drastique du nombre des centrifugeuses de l’ancienne génération et mise à l’écart de celles de la nouvelle et, dernier mais non moindre, l’inspection de tous les sites, même militaires, jusques et y compris ceux qui, en apparence, n’ont rien à voir avec les recherches nucléaires.

    Les puissances occidentales, les USA en tête, spéculent (le terme n’est pas fort) sur les mutations sociologiques profondes que cette ouverture offerte à l’Iran va occasionner au sein de société civile de ce pays, si tant est qu’elle existe sous un tel régime. Depuis l’avènement de la république islamique, les Iraniens ont été coupés du reste du monde, il est donc normal qu’ils s’enflamment à l’idée de rejoindre enfin le concert des nations. Lorsque l’Iran retrouvera pleinement ses capacités économiques (vente libre de son gaz et de son pétrole) l’attraction des investisseurs sera irrésistible dans un pays qui manque de tout et où l’achat d’une pièce détachée pour une automobile relève d’un tour de force quotidien. Les Mollahs ont fini par comprendre qu’ils ne pourraient pas se maintenir éternellement au pouvoir dans de telles conditions : les frustrations de la population qui vit avec tant d’amertume l’érosion de sa monnaie, pouvaient donner lieu à des émeutes, voire même à une tentative de soulèvement populaire.

    Que va t il se passer désormais ? D’abord, il faudra bien que les Iraniens s’arment de patience car, dans le meilleur des cas et si le Congrès US avalise l’accord, ils devront attendre des mois avant de percevoir un léger mieux dans leur vie quotidienne.

    Peut-on miser, comme le fait Barack Obama, sur cette souhaitable évolution du régime iranien ? En d’autres termes, les Mollahs sont ils assez étourdis pour conclure un marché de dupes, un marché menant, à terme, à leur affaiblissement, voire à leur disparition pure et simple de la scène politique ? Il est difficile de répondre à ses questions.

    Mais une chose demeure certaine : l’application des clauses de cet accord va entraîner à Téhéran bien plus que des grincements dents. Peut-être même une confrontation feutrée entre le président Rouhani et le guide suprême Khamenei. Qui en sortira vainqueur ? La suite nous le dira.

  • Tsipras, chronique d'un désastre

    Tsipras : le commencement de la fin ? La chronique d’un désastre

    C’est ce que diront les historiens : aucun parti d’extrême gauche n’aura pu subsister en Europe . Pourquoi ? Parce que l’idéologie ni même la volonté populaire n’ont jamais pu faire reculer les faits qui sont têtus. C’est pourtant Lénine, un autre agitateur, quoique bien plus talentueux puisque son affaire a tout de même perduré sept décennies, qui l’a dit.

    C’est presque émouvant si ce n’était surtout tragique : un Premier Ministre qui entend faire plier les Européens, continuer à faire la fête aux frais des autres, qui se retrouve dans la situation peu enviable, d’un homme qui  doit signer un accord un pistolet collé à la tempe. Pourquoi ? Parce qu’il vient quémander quelques dizaines de milliards d’Euros pour que son pays ne soit pas asphyxié. Il est évident que dès que les choses se seront calmées, il sera chassé du gouvernement et même de la direction de son parti que les Grecs, épuisés et écœurés par la classe politique clientéliste et corrompue, ont choisi pour les diriger.

    Il faut d’abord faire le procès de l’extrême gauche : jamais elle ne pourra diriger un pays en respectant les thèmes promus lors de la campagne électorale. Sauf si elle agit comme Castro à Cuba, mais même là, je ne donne pas dix-huit mois à Raoul Castro pour disparaître, dès que les libertés seront rétablies, que les Cubains pourront rentrer et sortir de leur pays en toute liberté.

    Tsipras n’est pas Castro et la Grèce n’est pas Cuba.

    La zone Euro ne pourra pas garder la Grèce trop longtemps, chacun le sait mais on essaie de masquer une évidence. Ceux qui ont aidé Tsipras à avoir un peu d’argent et à rester ont des arrière-pensées politiques concernant leur propre situation intérieure ; si le grexit a vraiment lieu, alors leur tour viendra, mais si on se barricade et ont fait tout pour que la Grèce reste, alors on a une sorte d’auto-immunité, une assurance-vie pour une durée incertaine, mais tout de même.

    Dernier point : Tsipras a signé tout en sachant que même si son parlement donne son accord, le pays ne pourra pas honorer ses engagements, ni constituer ce fonds de 50. 000 000 000 € servant de garantie. Même si on ramassait l’or de toutes les églises orthodoxes du pays, on n’y arriverait pas. Même si toutes les femmes grecques remettaient leurs bijoux cela ne suffirait pas. Même si on vendait le port du Pirée, les aéroports, les usines, les bâtiments publics. Cela ne suffirait pas…

    Comment voulez vous que ce pays rembourse, dans de telles conditions, le FMI et la BCE ?

    La seule chose qu’on puisse faire, c’est organiser, accompagner le grexit.

    Si Tsipras veut se réfugier dans un monastère d’une île lointaine, pour supplier le Christ de lui accorder la rémission de ses innombrables péchés et mensonges, il faut lui faire grâce.

    Ezéchiel (chapitre XVIII) dit bien que Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais seulement son repentir…