La visite d'Etat du Président Sarkozy en Algérie, ancienne colonie française, n'en fnit pas de susciter critiques et commentaires. Du côté français, il s'agit de quelques franges politiques de nature bien déterminée qui n'ont pas apprécié cette visite, même si elle devait se solder par une bonne moisson de contrats. Du côté algérien, il y a la résurgence d'un violent ressentiment dû principalement à une limitation sévère de la politique d'immigration en France…
Dans les deux cas, cela ne justifie nullement cette montée en puissance de la polémique et de la mauvaise humeur.
La politique de colonisation dans l'Europe du XIXe siècle ne fut pas le fait de la seule République française; le Royaume Uni, la Belgique, l'Allemagne impériale (avant le Iere guerre mondiale), l'Italie, le Portugal, (pour ne citer que les plus imporantes puissances européeennes s'y sont essayées. Ces expéditions ont causé aux populations locales bien des désagréments et parfois, même, des souffrances horribles. Mais pour être juste, il faut aussi parler des bons côtés de la colonisation, en les replaçant dans le contexte de l'époque: alphabétisation, médicalisation, construction d'infrastructures routières, urbanistiques, éducatives, hospitalières etc… Et l'octroi d'une formation culurelle et linguistique européenne permettant aux enfants de ce pays d'entrer de plein pied dans l'envrionnement mondial.
C'est quand même la France qui a découvert les gisements de pétrole de Hassi Messaoud, entre autres. Mais c'est aussi la France qui a entrepris les essais nucléaires de Hamaguir et de Colomb Béchar avec le CIEES…
Alors que faire avec un passé qui ne passe pas? Les Algériens (ou plutôt un clan au gouvernement) souhaiteraient renforcer leur position en donnant au peuple l'impression qu'on humilie l'ancienne puissance coloniale. Ce calcul est dangereux. Car si le maintien de l'ordre en Algérie a fait des victimes, il faut aussi parler des disparus, des Harkis et des vengeances des Algériens, suite à la violation des accords d'Evian.
Le Président Sarkozy a raison lorsqu'il exhorte à scruter l'avenir et à tenter de le bâtir. Nous ne sommes plus au temps d'Ernest Renan, né en 1822, et qui grandit alors que la colonisation battait son plein. Mais aujourd'hui, nous avons aussi en France, surtout dans le sud du pays, des centaines de milliers de gens qui souffrent d'avoir quitté leur Algérie natale, abandonnant tout derrière eux.
Hommage aux victimes, certes, mais à toutes les victimes. Et surtout, bâtissons de nouvelles relations fondées sur la justice et le respect mutuel. Cela ne sert à rien d'opposer une mémoire contre l'autre…