Depuis quelques décennies, suite à la propagation des violences parfois gravissimes, au sein du corps social, les notions de deuil, de réconfort et d'indemnisation morale des victimes ou de leurs familles ont connu une progression extraordinaire.
A ce sujet, le procès des meurtriers du préfet Erignac est un cas exemplaire. Je voudrais parler de la dernière interview, la première, au terme du procès, donnée par la veuve du préfet au Figaro. Madame Erignac souligne qu'elle n'a eu droit qu'à une demi-vérité. Dans ce cas particulièrement douloureux, comme en tant d'autres, on entend les familles dire qu'une fois que la justice est passée, elles peuvent enfin entamer le travail de deuil et connaître, au bout du processus, l'apaisement. C'est une vérité au plan psychologique, mais cela nous laisse perplexe au plan philosophique où cette notion de travail de deuil ( venant de S. Freud: Trauerarbeit) n'existe pas.
Rien, hélas, absolument, ne viendra jamais remplacer l'être aimé, arraché à la vie et aux siens par une bande d'irresponsables. Qu'ils soient arrêtés et jugés apporte une consolation, mais rien de plus.
Je souhaite à Madame Erignace et à ses enfants de trouver enfin la sérénité mais aussi d'effectuer un travail de pérennisation de la mémoire du disparu. Que cet homme bon et généreux, attaché aux valeurs républicaines, amoureux de la vie et de la France, puisse, par la mémoire, continuer de vivre parmi nous.