Nulle part dans la maison de mon père (Fayard, 2007).
En dessous du titre de ce livre, largement autobiographique, l'auteur a ajouté la mention roman, ce qui n'est que partiellement vrai, à moins de considérer que sa vie fut un roman ou que le récit livré est un peu romancé. C'est bien cela. De quoi s'agit-il? D'une évocation largement attendrie et émue de l'enfance et de l'adolescence de l'auteur, fille d'un instituteur musulman en Algérie et d'une femme au foyer, dévouée à son mari et à ses enfants.
L'auteur y relate la cadre de sa vie familiale, scolaire, affective et les déchirements du cadre colonial qui sépare gravement les Européens des indigènes auxquels on imposait pourtant une culture et une civilisation qui n'étaient pas les leurs. La jeune fille narre les déchirements de son père, admis sans vraiment l'être, en raison de ses origines, dans la société coloniale de l'époque.
Elle montre aussi le malaise inhérent à la société islamique (même avant la lettre) surtout pour ce qui touche au statut de la femme: faire du vélo et montrer ses jamabes alors qu'elle a six ans! Rencontrer un garçon, pourtant bon musulman comme elle, manger un baba au rhum, ce qui la conduit à enfreindre un interdit alimentaire, rencontrer en cachette celui qui partegera plus tard sa vie, l'acte inconsidéré qu'elle commet et qui aurait pu (ce qu'à D- ne plaise) nous priver d'une si grande romancière… toutes choses qui proviennent peut-être de la rigueur paternelle, de son refus de se lâcher, de donner la main à sa petite fille dans la rue, de la laisser lui sauter au cou. Un père sans amour, d'où le titre nulle part dans la maison de mon père…
Ce livre dont je recommande la lecture durant les vacances nous montre le retard de certaines civilisations par apport à d'autres qui, par bonheur, ont, elles, accepté, comme disait Mao, l'autre partue di ciel. Sans la femme, que serait l'homme?