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L'auto-biographie de Benazir Bhutto, parue aux éditions Héloïse D'Ormesson

 

    Cette autobiographie ne passera pas inaperçue; certes, Madame Bhutto a dit sa vérité, sa vision des choses et de son action politique à la tête de son pays, le Pakistan, ou dans l'opposition. Mais depuis sa tragique disparition, suite à un attentat attribué à al-Quaida, cette vérité est entourée d'un halo sacré, celui d'une martyre…

    Quand on regarde la photographie de la couverture, présentant une si belle jeune femme, pleine de grâce et d'intelligence, une femme parfaitement accomplie puisque fille méritante, mère et épouse attentionnée, et enfin, leader politique inflexible, on se demande comment un pays a pu se priver d'une telle concentration de talents.

    Mariée à trente-quatre ans (ce qui est très tard dans les sociétés musulmanes si sourcilleuses quant à la chasteté des jeunes filles, B.B. suit les conseils de sa mère qui l'incite à ne pas trp tarder pour avoir des enfants… Or, lorsqu'elle deviendra Premier Minisitre de son pays, les partis les plus machistes et les plus rétifs à la civilisation réclameront son départ de son poste au motif qu'enceinte, elle ne pourra pas diriger le pays… Si l'on n'était pas au Pakistan, on croirait rêver…

    Mais dans ce cas, le rêve deviendrait très vite un cauchemar: cette femme passe le plus clair de son temps à relater ses arrestations, ses séjours en prison, les attentats manqués, les foruberies de son armée, les difficiles négociations avec l'Inde et les USA, mais surtout la fin tragique de son père, renversé par son propre chef d'Etat-Major, le dictateur Mohammed Zia al-Huq qui le fit exécuter, a moité mort et ne laissa fléchir par aucune demande de grâce.

    Mais où va le Pakistan? En lisant B.B., on réalise que le chemin de la démocratie dans ce pays n'est pas aisé: elle raconte que l'ISI, les puissants services de renseignements de l'armée écoutaient sa ligne téléphonique à la fois politique et privée, que les généraux réclamèrent sans honte un droit de regard sur les nominations les plus importantes, afin, dirent-ils, de pouvoir assurer au mieux  la défense stratégique de leur pays… Et puis, il y a cette narration d'un dialogue ubuesque avec l'actuel général président, jadis simple directeur des opérations de l'armée de terre, qui lui conseillait de violer le frontière avec l'Inde et d'occuper une ville transfrontalière, ce qui aurait provoqué de la part du puissant voisin une réaction foudroyante.

  B.B. nous  fournit l'exemple d'une femme, née musulmane mais désireuse de vivre en accord avec son temps, sans se laisser dicter sa conduite par une tradition rétrograde. Hélas, sa course s'est brutalement et tragiquement terminée lors d'un meetind à Rawalpindi. Son parti a gagné les les élections, mais elle y a laissé sa vie… Telle les héroïnes de ces tragédies grecques, son sacrifice ouvrira peut-être la voie à un renouveau tant attendu.
 

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